« J’ai investi pour maximiser le pâturage »

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Accès. Chaque paddock ­possède une entrée et une sortie aménagées en V. Ce système, répandu en Irlande, réduit les effets du piétinement par temps humide. Il facilite aussi la ­circulation du troupeau qui se trouve plus rapidement dans l’axe du chemin.  P.L.C.
Accès. Chaque paddock ­possède une entrée et une sortie aménagées en V. Ce système, répandu en Irlande, réduit les effets du piétinement par temps humide. Il facilite aussi la ­circulation du troupeau qui se trouve plus rapidement dans l’axe du chemin. P.L.C. (© P.L.C.)

Grâce à des chemins adaptés et à des paddocks bien conçus disposant de points d’eau, Jacques Bréfort parvient à nourrir son troupeau avec du pâturage seul pendant plus de six mois. Une conduite qui réduit le coût alimentaire.

Si Jacques Bréfort limite son coût alimentaire à 34 €/1 000 litres, c’est parce qu’il profite au maximum de l’herbe pâturée. Bien sûr, le climat tempéré aide un peu. Dans ce coin du centre du Finistère, il pleut entre 45 et 120 mm par mois. Mais encore faut-il se donner les moyens de valoriser cette herbe.

« Je me suis installé il y a vingt-deux ans avec l’objectif de maximiser mon revenu et de maîtriser ma charge de travail », raconte Jacques Bréfort, éleveur au Cloître-Pleyben. Cela l’a conduit à travailler sur son coût alimentaire. La valorisation du pâturage est apparue comme une évidence.

Jacques a repris une exploitation composée de deux sites. Six hectares situés à 8 km sont valorisés par les génisses de deux ans. Le reste se trouve autour des bâtiments. L’éleveur a commencé par semer du trèfle dans ses prairies qui ne contenaient que des graminées. Aujourd’hui, il dispose de 36 ha de ray-grass anglais-trèfle blanc. « Au total, j’ai 70 ares accessibles par vache », précise l’éleveur. Il a découpé cette surface en 24 paddocks d’un hectare chacun, correspondant à une journée de pâturage pour les laitières, voire deux selon la pousse. Les vaches pâturent ainsi en rotation courte de 23-24 jours. Les excédents sont fauchés et récoltés en enrubanné pour nourrir les génisses en hiver.

Pour 9 € par mètre linéaire, un chemin large et confortable

Sur les 15 ha les plus proches, Jacques a installé un réseau d’eau avec des tuyaux posés au sol et des bacs. Pour les parcelles plus éloignées, il utilise une tonne à eau.

Les vaches sortent toute l’année. L’objectif est bien sûr de maximiser le pâturage. Mais cette sortie quotidienne est également indispensable pour que Jacques puisse racler la stabulation. Les vaches consomment ainsi au moins 2 kg de matière sèche d’herbe par jour. Même si l’herbe ne pousse pas tout le temps, il parvient à tenir ce rythme chaque année. Et il veille à ce que chaque parcelle dispose de deux mois de repos en hiver. Mais ce pâturage hivernal suppose des aménagements pour ne pas abîmer les prairies, et notamment les accès. Jacques s’est inspiré de ce qu’il a vu en Irlande et en Angleterre. Il a eu l’opportunité de visiter ces pays grâce à son groupe Atout Lait. Chaque paddock a une entrée et une sortie. Elles sont conçues en V. Cette disposition permet aussi de faciliter la circulation du troupeau, qui passe plus aisément du champ au chemin.

La plupart des parcelles sont desservies par des chemins communaux que Jacques ne peut pas modifier. Mais il a aménagé d’autres passages de façon à permettre aux vaches d’accéder seules à 15 ha de prairies. Il s’agit de chemins empierrés avec du sable (0-20) de 3 m de large sur une longueur d’un kilomètre. Le coût s’élève à 9 € par mètre linéaire. Jacques voit de nombreux avantages à cet investissement. D’abord, le troupeau est autonome pour une partie des déplacements, ce qui lui fait gagner du temps. Ensuite, ces chemins sont adaptés aux animaux et résistent à leurs passages, même en hiver. À l’inverse, sur les chemins communaux, il y a parfois de grosses pierres qui peuvent blesser les pattes.

Par ailleurs, Jacques utilise des piquets de clôture en plastique sans isolateurs. Simple et pratique, ce système évite aussi les pertes de courant. Pour maximiser la production d’herbe, l’éleveur sème du ray-grass italien sous couvert de maïs. « Je sème en juin à la volée quand le maïs est au stade 10 feuilles », explique-t-il. La prairie se développe ensuite à l’automne et peut être pâturée.

Un système simple et économiquement efficace

L’éleveur constate qu’il n’y a pas de problème de portance après un maïs. Il en fait 6 à 9 ha par an. L’herbe pâturée couvre la totalité des besoins pendant six à sept mois. En hiver, Jacques distribue à la désileuse portée une ration complète, composée au maximum de 16 kg de MS d’ensilage de maïs par vache et de tourteau de colza. Il a acheté une machine d’occasion de deux ans pour 7 000 €.

Après avoir optimisé sa marge sur coût alimentaire, Jacques a recherché d’autres pistes de progrès. C’est ainsi qu’il s’est lancé dans le croisement avec un double objectif : améliorer la rusticité du troupeau et augmenter les taux. « C’est une idée que j’ai rapportée de mes voyages avec le groupe Atout Lait », précise l’éleveur.

Il a choisi de démarrer avec de la jersiaise, puis de continuer avec de la rouge scandinave, avant de revenir à la holstein. Les premières vaches kiwis sont entrées dans le troupeau. Elles produisent 500 litres de lait de moins que les autres, mais avec sept points de TB et trois points de TP en plus. Les membres sont solides avec des sabots noirs adaptés à la marche.

Les résultats sont à la hauteur des espoirs de Jacques. « Il me faudra sans doute 10 à 15 % de vaches supplémentaires pour maintenir ma production, mais ce n’est pas un problème. » Il attend l’arrivée de la deuxième génération dans son troupeau. Chez BCEL Ouest, son conseiller, Georges Maguet, estime que l’excellente maîtrise du pâturage produit ses effets. « Les aménagements réalisés pour maximiser le pâturage et le croisement portent leurs fruits en matière de maîtrise des charges et de valorisation du lait. » Le système mis en place satisfait l’éleveur sur le plan de la rentabilité. Sa simplicité lui permet de se libérer facilement en recourant au service de remplacement. En revanche, le temps de travail est assez important pour gérer le pâturage. Mais ce sont des tâches qui lui plaisent.

Pascale Le Cann
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

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