
Le Gaec de la Clé des Champs en Vendée produit des plants de betteraves fourragères, repiqués ensuite en plein champ à la fin du printemps. Une technique choisie par cette exploitation bio pour limiter le salissement.
«L es qualités nutritionnelles de la betterave fourragère ne sont plus à démontrer, mais pour nous qui sommes en bio, une des principales difficultés de cette culture est de maîtriser le désherbage », explique Frédéric Plessis, éleveur à Saint-Germain-de-Prinçay en Vendée. Avec son frère François et Fabien Baron, le troisième associé du Gaec, ils ont choisi depuis cinq ans de produire leurs betteraves en deux étapes : cultiver d’abord des plants dans une pépinière, pour ensuite les repiquer quelques semaines plus tard dans la parcelle. Une méthode à l’ancienne qui vise à donner de l’avance à la culture pour limiter la concurrence des adventices. Les trois agriculteurs ont su adapter leur organisation et le matériel aux exigences de leur exploitation.
Semis en pépinière
Chaque année, le Gaec implante environ un demi-hectare de pépinière. Il utilise un semoir à céréales mécanique de 3 m en bouchant deux descentes sur trois pour avoir un écartement de 45 cm. « Depuis deux ans, nous avons retenu la variété Rota de chez Carneau en graines multigermes, précise Fabien. Les racines sont assez régulières avec une faible hauteur hors de terre, ce qui facilite la récolte en automne. Il nous faut 12 kg de semences en tout. L’objectif est d’obtenir environ 300 000 pieds pour n’en garder que 230 000 après le tri manuel. Pour cette pépinière, nous privilégions des terres chaudes, sans pierres. Après un labour, le terrain est préparé à la herse rotative. Le semis a souvent lieu fin mars ou début avril. Plus nous semons tôt, plus nous pouvons replanter précocement, vers la fin du mois de mai de préférence, pour éviter les périodes sèches fréquentes ensuite. Nos parents avaient l’habitude de replanter leurs betteraves fin juin après avoir récolté l’orge. Avec le climat actuel, je ne crois pas que cela soit encore possible. » La pépinière est généralement binée une fois pour éliminer les adventices et aussi donner un coup de fouet au démarrage des jeunes pousses.
Arrachage et tri des plants
Sept ou huit semaines après le semis, les plants de betteraves sont bien développés, ils peuvent être arrachés et conditionnés pour la plantation. « En principe, nous utilisons une arracheuse de poireaux modifiée spécialement et les plants tombent directement dans un palox, explique François. Mais en 2017, les conditions étaient trop sèches pour la machine et nous avons préféré tout ramasser à la main. » Les plants sont ensuite triés et préparés. C’est l’étape qui réclame le plus de main-d’œuvre. Il faut d’abord éliminer les betteraves les plus petites pour ne garder que celles qui font entre 1 et 2 cm de diamètre. Les sujets trop gros sont également écartés car ils ne passent pas dans la planteuse. Sur chaque plant, la racine est raccourcie et les feuilles sont coupées à une dizaine de centimètres environ du collet.
À raison de 45 000 pieds par hectare sur une surface d’environ cinq hectares, le Gaec a besoin chaque année de 230 000 plants qui sont mis en cageots. Cette préparation uniquement manuelle demande beaucoup de personnel. Les associés peuvent heureusement compter sur une brigade de volontaires comprenant leurs parents, beaux-parents et plusieurs voisins. « C’est sans doute le point faible de notre système, reconnaît Fabien, mais pour le moment, nous savons que nous pouvons compter sur cette aide bénévole. L’opération se déroule sur trois ou quatre jours : arrachage et préparation des plants le matin, puis plantation l’après-midi pour éviter que les pousses ne se dégradent. »
Repiquage en plein champ
La parcelle qui reçoit les plants est souvent une ancienne prairie labourée avant l’hiver. Pour affiner le sol, les éleveurs passent une à deux fois avec un vibroculteur au cours du printemps, et ils effectuent un roulage pour conserver le maximum de fraîcheur. Le Gaec emploie une planteuse également « faite maison ». Il s’agit de trois machines double-rangs qu’ils ont regroupées sur un même châssis, avec un attelage trois points et des traceurs latéraux. L’écartement entre rangs est de 75 cm. Il faut sept personnes en tout : un chauffeur et six opérateurs. Chacun alimente un rang en plaçant régulièrement les plants entre les disques tournant devant lui. Les betteraves sont déposées au fond du sillon creusé par un petit soc, puis deux roues referment la trace et réappuient la terre. Pour que les plantes reprennent plus rapidement, tous les cageots sont systématiquement immergés dans un grand bac d’eau avant le repiquage. Le rendement de chantier varie entre 1 et 1,2 ha par après-midi. Une fois en terre, le démarrage est conditionné par l’arrivée de la pluie.
Désherbage mécanique
Étape délicate dans la conduite de la culture, notamment en bio, le désherbage réclame plusieurs interventions mécaniques. Dans les premiers jours qui suivent l’implantation, les associés passent une première fois avec une herse étrille pour éliminer le maximum de plantules. L’intervention se fait au stade filament des mauvaises herbes, en adaptant la vitesse de travail et l’agressivité des dents pour ne pas déchausser les plants. Pendant les semaines suivantes, ils binent la parcelle une ou deux fois selon les conditions de levée. Le travail est généralement complété par un buttage du rang pour empêcher les mauvaises herbes de se développer entre les betteraves. Mais en 2017, les conditions trop sèches n’ont pas permis cette dernière opération. Il a donc fallu passer à pied sur toute la parcelle pour éliminer les plus grands pieds de chénopodes restant sur le rang. Une demi-journée à quatre personnes a suffi pour intervenir sur les cinq hectares.
Récolte et stockage
La récolte a eu lieu le 6 octobre. C’est un entrepreneur du secteur qui intervient avec une arracheuse automotrice à quatre rangs. « L’effeuillage est l’un des enjeux importants, souligne Frédéric. Il faut supprimer tout le vert pour éviter le pourrissement dans le tas. D’où l’importance également de la régularité de semis qui conditionne le travail de l’effeuilleuse. » Le chantier requiert trois bennes pour les allers et retours jusqu’à l’exploitation. Chaque remorque est pesée. Les associés savent ainsi qu’ils ont produit cette année 80 t/ha de betteraves brutes.
Un résultat très satisfaisant qu’ils souhaiteraient obtenir à chaque récolte. Ils réalisent aussi une analyse pour estimer la valeur alimentaire et affiner la ration.
« Pour la distribution, je passe une première fois avec un mélange composé uniquement de maïs, d’ensilage d’herbe et d’enrubannage, explique Fabien. Puis, quand toutes les vaches ont commencé à manger, j’ajoute les betteraves entières dans le bol de la mélangeuse et je distribue le reste de la ration. Si je donnais directement des betteraves au premier passage, les vaches se jetteraient dessus, avec des risques de troubles digestifs. »
Le silo reste à l’air libre et les betteraves ne sont recouvertes qu’au moment des premières gelées avec une bâche respirante. Elles se conservent ainsi jusqu’au 1er avril, ce qui correspond à la reprise du pâturage.
- Un retour en force dans les rations
- Un groupe aveyronnais se lance dès ce printemps
- Du point de vue de la vache, il n’y a que du positif
- « Le prix du lait obtenu est très motivant »
- « Tout se joue au semis et au désherbage »
- L’option du pâturage, simple et économique
- La mutualisation du matériel est une obligation
- « Les ETA, nous avons une solide expertise sur cette culture »
- En bio, un bon plant contre les adventices
« J’ai opté pour un système très simple car c’est rentable »
Retrouvez les palmarès des concours bovins du Space 2025
270 000 vaches dans le désert algérien, est-ce vraiment possible ? Un agronome décrypte
Réformer ou garder ? 26 éleveurs dévoilent leur stratégie de renouvellement
La prochaine génération de tracteurs New Holland T5S débarque au Sommet de l'élevage
La FNSEA appelle à « une grande journée d'action » le 26 septembre
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Comment préparer une vache à la césarienne
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou