« Nous avons relogé nos 100 vaches laitières à moindre coût »

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Les associés dans la nouvelle partie du bâtiment : François et André Challan-Belval,  Jérôme Bouquin (de g. à dr.). À la retraite depuis janvier 2017, François aide à la traite du matin. Il assure la transition en attendant que le fils d’André finisse son apprentissage (bac pro) cette année.a. b.
Les associés dans la nouvelle partie du bâtiment : François et André Challan-Belval, Jérôme Bouquin (de g. à dr.). À la retraite depuis janvier 2017, François aide à la traite du matin. Il assure la transition en attendant que le fils d’André finisse son apprentissage (bac pro) cette année.a. b. (©a. b.)

Au Gaec de l’Aumône, une aire paillée a été agrandie et transformée en logettes. Les éleveurs se sont adaptés à la pente naturelle du site (2,8 %) pour éviter des travaux coûteux de terrassement.

L’ancienne aire paillée des laitières construite en 1967, puis agrandie de trois stalles dans les années quatre-vingt-dix pour abriter une centaine de vaches, était devenue trop juste compte tenu du développement de l’atelier lait. « Même en paillant deux fois par jour, nous mettions trop de temps à nettoyer les mamelles et nous avions des cellules, expliquent les associés du Gaec de l’Aumône, à Moutiers-Saint-Jean (Côte-d’or). Par ailleurs, nous passions une grosse quantité de paille. »

En 2016, le Gaec a produit 1,1 million de litres, soit près de 200 000 litres de plus que sa référence. « Chez Eurial-Agrial, ex-Senagral, notre nouveau collecteur, nous ne sommes pas bloqués pour les volumes, précise André Challan-Belval. Par contre, les prix de base du lait sont bas, 280 €/1 000 litres ce printemps, 324 €/1 000 litres ces trois mois d’été. Heureusement, avec nos bons taux, nous percevons en moyenne 40 centimes de plus. »

Une aire paillée pour les laitières les plus fragiles

Dans ce contexte, faute de pouvoir financer un bâtiment neuf, les éleveurs ont choisi d’aménager à moindre coût le bâtiment métallique existant, situé en contrebas de l’ancienne stabulation paillée des laitières. Une aire paillée utilisée jusqu’alors pour les génisses a été agrandie de 360 m2 (sur plan extension + 30 m de long) et transformée en logettes à matelas pour une centaine de laitières. Les vaches les plus fragiles et celles qui viennent de vêler restent logées sur l’ancienne aire paillée des laitières, dans le bâtiment du haut, derrière les trois stalles du Dac(1) et le bloc de traite. Une aire d’exercice extérieure non couverte relie les bâtiments du haut et du bas. L’aire est paillée deux fois par jour et curée tous les quinze jours. À partir du 15 avril-1er mai, les vaches sortent à l’herbe. Elles disposent de 3 ha de parcours avec accès libre au bâtiment.

La nouvelle partie du bâtiment mise en service en septembre 2015 est 100 % lisier. « Nous n’avons pas choisi une stabulation sur caillebotis, explique André Challan-Belval. Nous possédions déjà une fosse semi-ouverte de 400 m3 et voulions réduire les coûts. » Pour répondre aux besoins réglementaires de stockage des effluents (1 128 m3 pour quatre mois), une deuxième fosse a été construite. Pour éviter de trop terrasser, les éleveurs ont préféré travailler avec la pente naturelle du site (2,8 %). « Nous ne voulions pas que les jus restent au cul des logettes. Nous avions vu des bâtiments chasse d’eau­ à 3 % de pente qui fonctionnaient bien. » Avec leur installateur et maçon, les agriculteurs ont été très vigilants sur la qualité des bétons pour éviter d’avoir des cuvettes et des points d’eau qui stagnent.

Une attention particulière a été apportée au confort et aux pattes des animaux. Les couloirs d’exercice ont ainsi été recouverts de tapis antidérapants. Ils sont nettoyés par un racleur automatique. Tiré par un câble en nylon, plus résistant que le câble en Inox et moins compliqué à changer le cas échéant, le racleur passe toutes les heures. La lame du rabot est recouverte de plastique et de caoutchouc, ce qui assure une qualité de raclage optimale avec un béton de qualité. Sur tapis, les pieds s’usent moins. Le parage du troupeau une fois par an devient indispensable. Cette année, ce travail a été réalisé par des professionnels. Débutée il y a trois ans, la sélection sur les membres va être accentuée avec l’utilisation de taureaux améliorateurs (en génomique, au moins à 1,5). En logettes, les membres ne peuvent plus être négligés.

Les logettes sont nettoyées deux fois par jour, avant la traite en poussant les vaches, ce qui leur laisse le temps de sortir gentiment de leurs logettes.

Une salle de traite trop juste

Deux ans après la mise en service du nouveau bâtiment, les associés du Gaec de l’Aumône sont satisfaits. Outre une économie de paille de 110 tonnes, soit 4 400 € par an, ils constatent une réduction du nombre de mammites (de quinze à une par mois), et une plus grande propreté des pattes des vaches. Les laitières pataugent encore un peu entre les deux bâtiments quand elles vont en salle de traite ou au Dac. Une partie seulement de l’aire d’attente de la salle de traite est recouverte d’un tapis, le reste est rainuré et raclé au tracteur.

Un point noir reste à résoudre : le dimensionnement de la salle de traite. Avec un épi 2 x 6 sortie rapide, il faut compter le matin trois heures et demie de traite, nettoyage compris, avec un seul trayeur, le soir trois heures à deux. La traite se fait en deux lots : les laitières des logettes, puis celles de l’aire paillée attenante. « En passant à 2 x 8, avec deux postes de plus de chaque côté de la fosse, nous pourrions gagner une heure de traite », notent les associés. Une perspective qui ne pourra se concrétiser que si le prix du lait remonte suffisamment.

Anne Bréhier

(1) Les vaches sur aire paillée ont un accès séparé à l’une des trois stalles du Dac.

2 200 € la place/vache pour 99 laitières(1)
Extension du bâtiment laitières : 217 012 €

Terrassement

18 681 €

Bâtiment

40 550 €

Logettes et matelas

29 011 €

Tubulaire

9 455 €

Maçonnerie(2)

32 670 €

Electricité(3)

2 000 €

Racleur automatique

20 500 €

Fosse 750 m3

36 749 €

Abreuvoir

2 000 €

Tapis des couloirs

22 444 €

Brosse

2 950 €

Nouveau bâtiment génisses(4) : 86 000 €

Subvention plan bâtiment : 77 937 €

soit 26 % de l’investissement total

(1) Bloc de traite non touché. (2) Réalisée par un professionnel. (3) Mise aux normes. (4) Pour 76 animaux avec béton effectué par les agriculteurs eux-mêmes.

- Couloirs. Les couloirs en pente facilitent l’écoulement des jus, ce qui aide à les garder plus secs et plus sains. Des investissements coûteux en terrassement ont été évités. Un bémol : à l’auge, les vaches sont un peu en pente.A. B.

© A. B. - Passage. Vu depuis l’aire d’attente de la salle de traite, le passage extérieur entre les deux bâtiments (du haut et du bas).A. B.

- Le couloir d’alimentation commun aux laitières (à gauche) et aux génisses (à droite) ne mesure que 5 m de large. C’est un peu juste.

© A. B. - Aire paillée. Les vaches les plus fragiles sont logées sur aire paillée au-dessus de l’aire d’attente de la salle de traite et près du Dac (trois stalles dont une pour les laitières sur paille, deux pour celles en logettes).A. B.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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