
Bientôt parents d’un second enfant, Anne-Cécile et Jean-Noël, installés dans l’Ain, se sont fixé un plafond de 250 000 litres par UMO avec 55 vaches à traire au maximum. La priorité est de concilier vie professionnelle et vie familiale.
Installés depuis le 1er janvier 2016, Anne-Cécile Vallot et Jean-Noël Chevallier ont connu un démarrage difficile. Pendant huit mois, leur lait, alors livré en Italie, a été sous-payé : au plus bas à 216 € les 1 000 litres en août (qualité comprise !) « Le prix moyen 2016, qualité comprise, s’est établi à 286 €/1 000 litres alors que notre projet d’installation avait été bâti sur une base de 320 €, observe le jeune couple. De plus, avec un printemps excessivement humide, un pâturage difficile et des fourrages de mauvaise qualité, nous n’avons produit l’an passé que 390 000 litres. La moindre production et les prix misérables se sont traduits par un manque à gagner de 50 000 € », se souvient Anne-Cécile.
« Avec 381 €/1000 litres, nous nous dégageons un salaire »
La valorisation de leur lait dans la filière C’est qui le patron ?!, depuis octobre dernier, a changé la donne. « Avec un prix du lait payé à 381 €/1000 litres, nous nous dégageons enfin un salaire. Le trou de trésorerie de 2016 a été comblé. Nous sommes rassurés. »
Malgré les doutes et les inquiétudes de l’année dernière, Anne-Cécile et Jean-Noël ont gardé l’objectif qu’ils s’étaient fixé en reprenant la ferme à un couple qui partait à la retraite : produire d’ici à cinq ans, 500 000 litres de lait avec 60 vaches et une bonne qualité de lait (taux, cellules, absence de butyriques). « Nous voulons être très techniques et très économiques, avance Jean-Noël, sans avoir des vaches à 12 000 kg, avec des coûts de ration et de reproduction les plus faiblespossible. » L’objectif des 500 000 litres correspond à la capacité de la stabulation paillée avec couloir raclé, équipée d’une salle de traite de plain-pied, une 2 x 4 avec décrochage automatique prévue pour deux postes supplémentaires. Le bâtiment dispose par ailleurs d’une aire d’attente extérieure sur caillebotis, construite par les anciens exploitants lors de la mise aux normes. L’hiver, elle sert de parc de promenade aux laitières. Une caméra de surveillance, déjà en place, permet de surveiller depuis la maison les vêlages, mais aussi les chaleurs l’hiver. Les fourrages sont stockés dans deux hangars, dont l’un a été aménagé dans un ancien poulailler.
Objectif : un coût de la ration à 110-120 € les 1 000 litres
La ration simple semi-complète se compose de deux tiers de maïs et d’un tiers d’herbe, d’un peu de foin, d’orge autoproduite et de tourteau (soja-colza) sans OGM, cahier des charges C’est qui le patron ?! oblige. Une VL est donnée manuellement au cornadis aux plus fortes productrices. Pour distribuer l’alimentation, Jean-Noël emprunte la mélangeuse du voisin, un ancien producteur de lait qui fait de l’engraissement. « En contrepartie, je fournis le tracteur. Nous faisons le plein de carburant l’un après l’autre. »
Au printemps, le manque de surface pâturable autour des bâtiments oblige à complémenter l’alimentation à l’auge. La ferme est située au bord du village et les parcelles des exploitations s’entremêlent. « Nous ne disposons que de 6 ha de pâture, précise Jean-Noël. C’est un peu juste pour 55 vaches. Le retournement de 3 ha de cultures doit permettre de monter à 9 ha l’an prochain. »
Dans ce contexte, avec des fourrages de qualité et une moyenne laitière de 8 500 kg d’ici à cinq ans, Anne-Cécile et Jean-Noël visent un coût de ration de 110-120 € les 1 000 litres, contre 135 € avec des vaches à 7 200 kg.
Grâce à l’adhésion à la Cuma locale où règne une bonne entente, les frais de mécanisation sont maîtrisés. En propre, l’exploitation ne possède que le matériel de fenaison et deux tracteurs (110 et 120 ch).
Pas de gros investissements prévus les prochaines années
L’objectif est de dégager un EBE annuel de 80 000 à 90 000 € pour couvrir des prélèvements de 30 000 €, de rembourser les annuités de 40 000 € liées à la reprise de l’exploitation (bâtiments, cheptel, matériel), et de garder un autofinancement suffisant. Avec leurs prélèvements, Anne-Cécile et Jean-Noël doivent payer la maison d’habitation qu’ils sont en train de rénover, une ancienne ferme bressane.
Il n’y aura donc pas de gros investissements les prochaines années. Les éleveurs se contenteront de quelques aménagements destinés à réduire la pénibilité et à accroître l’efficacité. La priorité sera d’améliorer les conditions d’élevage des petits veaux, actuellement logés en cases collectives sous le même toit que les vaches et les génisses. L’acquisition de niches individuelles et d’igloos collectifs est programmée. L’âge au premier vêlage, de 3 ans et 3 mois actuellement, sera avancé à 2 ans et demi. Pour concrétiser ses projets, le couple a choisi de s’entourer de compétences extérieures, telles que celles du contrôle laitier et de la coopérative d’insémination artificielle. Tous deux titulaires d’un BTS (Acse et PA(1) pour Anne-Cécile, PA en alternance pour Jean-Noël), et anciens salariés d’organismes techniques(2), ils estiment qu’il est important de garder un œil extérieur. « Et puis voir des gens, ça évite de s’isoler. »
(1) BTS Acse : gestion de l’entreprise. BTS PA : productions animales. (2) Anne-Cécile a été peseuse puis conseillère d’élevage au contrôle laitier de l’Ain. Apprenti à Ain Génétique service, Jean-Noël a travaillé dans un groupement d’employeurs du secteur.
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