Éleveur laitier en Savoie, Jean-Marc Guigue est aussi correspondant Météo-France depuis 1983. Aux avant-postes du changement climatique.
Le rapport du monde agricole au temps qu’il fait est historique. En matière climatique, comme dans les millésimes du vin, certaines années ont marqué la mémoire paysanne : 1906, 1922, 1947.
Pour Jean-Marc Guigue, né en 1960, le premier événement climatique marquant fut la sécheresse de 1976. « Les dernières précipitations sont tombées sous forme de neige le 22 avril, et la pluie n’est revenue que le 15 août ! Contrairement aux derniers étés caniculaires, en 1976, nous n’avons jamais eu chaud. Il y a toujours eu un courant de vent du nord », se souvient l’éleveur de Mognard, près d’Aix-les-Bains (Savoie). 1977 fut anormalement pluvieuse. »
À cette époque, où les années sèches et celles pluvieuses se succédaient, on ne parlait pas de changement climatique. Ce n’est qu’en 2003 que la prise de conscience a eu lieu. « Le vrai changement tient dans les canicules. Aujourd’hui, on peut avoir des températures de 36 °C à 38 °C pendant deux semaines. Avec quinze heures de soleil par jour en juillet-août, l’évapotranspiration est phénoménale. La courbe des températures relevées quotidiennement est en constante progression et les situations météorologiques ont tendance à se figer : des périodes pluvieuses ou sèches peuvent persister plusieurs semaines. Or, le mauvais temps est celui qui dure. »
« Déjà une tension sur l’eau »
Ces chamboulements météorologiques ont entraîné un décalage des travaux agricoles, réclamant de nouveau des adaptations, individuelles et collectives, des agriculteurs. Après le développement des séchages en grange, il faut aller plus loin. « Pour rendre nos prairies plus résistantes, nous sommes allés dans la Drôme chercher de nouvelles espèces, apportant de la souplesse, de la productivité l’été quand les dactyles, ray-grass et trèfles blancs disparaissent. Les progrès génétiques du maïs sont un atout : sur nos sols assez profonds, nous sommes surpris de ses capacités à résister au nouveau climat. » Malgré tout, du foncier supplémentaire sera nécessaire pour sécuriser l’avenir des exploitations et assurer quatre à six mois de stocks fourragers. Alors que la population savoyarde augmente de près de 2 % par an, assurer l’espace de vie pour l’agriculture est un sacré enjeu. « Les professionnels ont travaillé pour que les plans locaux d’urbanisme (PLU) soient les plus restrictifs possible en matière de foncier. L’afflux massif de nouvelles populations dans un contexte climatique plus sec génère déjà une tension sur l’approvisionnement en eau. On l’a vu l’été dernier sur le bassin de Chambéry. »
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