
Les courants parasites s'immiscent facilement dans les élevages et peuvent y faire beaucoup de dégâts. Pour s'en débarrasser, toutes les origines doivent être vérifiées et aménagées le cas échéant.
UN TAUX CELLULAIRE ANORMALEMENT ÉLEVÉ sans explication apparente, des vaches agitées lors de la traite, des résultats faibles par rapport à la ration... Les courants parasites sont souvent difficilement identifiables mais peuvent avoir un impact très important sur l'élevage. Après avoir contrôlé l'alimentation, le logement, la santé, ils peuvent être suspectés. Un électricien réalisera un diagnostic qui confirmera ou infirmera cette piste. Quatre éléments principaux sont à examiner.
1. LA PRISE À LA TERRE
La prise à la terre a pour fonction d'évacuer dans le sol les fuites accidentelles de courant. Ces courants ne devront pas dépasser 5 mA, seuil de perception et de changement physiologique de l'animal compte tenu de sa faible résistance.
Pour être efficace (moins de 18 Ω), une prise de terre doit être conductrice avec le sous-sol et placée dans un sol absorbant les courants de fuite. « Une très bonne terre mal placée peut capter ou diffuser des champs électriques dans le sous-sol, signale Jean-Paul Thuard, diagnosticien électrique au Clasel. En effet, les courants prennent toujours le chemin le plus facile et peuvent ainsi remonter dans le bâtiment. Certains éleveurs sont tentés de débrancher la terre afin de tester une éventuelle amélioration. Non seulement c'est interdit (norme NFC 15-100), mais surtout c'est dangereux. Car le disjoncteur différentiel ne protège plus en cas de défaut électrique. Les animaux et les hommes peuvent alors être électrisés. »
Théoriquement, la prise de terre doit être vérifiée au moins une fois tous les cinq ans en cas d'emplois de salariés ou encore de stagiaires, ou si l'installation est classée ICPE (installation classée pour la protection de l'environnement) ou soumise à autorisation. En cas de problème, un contrôle annuel peut être utile.
2. L'INSTALLATION ÉLECTRIQUE
La section et la qualité des câbles d'alimentation électrique peuvent ne plus être adaptées à l'exploitation. Cette mesure est effectuée pendant le diagnostic électrique. « Lors de l'agrandissement d'un bâtiment, ils sont rarement contrôlés et adaptés, observe Jean-Paul. La logique de distribution de l'électricité de la ferme est également à reconsidérer afin d'améliorer la recherche de panne et la protection des utilisateurs. »
La norme de protection individuelle en milieu humide impose une protection par un disjoncteur différentiel de 30 mA en tête de chaque ligne. Ce dispositif permet de détecter un défaut électrique et de couper le courant. Régulièrement (un à six mois suivant le constructeur), il est nécessaire d'effectuer une pression sur le bouton « test », permettant la vérification du bon fonctionnement et le décollement de la bilame. À la suite d'un orage par exemple, cette bilame peut rester collée. Lors du diagnostic électrique, sa valeur et son temps de déclenchement sont mesurés.
3. LES LIAISONS ÉQUIPOTENTIELLES
Toutes les pièces métalliques en contact avec les animaux doivent être reliées à la terre. Une liaison inférieure à 2 ohms est impérative, 0,5 Ω est considérée comme parfaite. Les connexions par soudure ou par brasure sont à privilégier car pérennes. « Les cosses et les colliers finissent toujours par s'oxyder ! » lance Jean-Paul. Ces liaisons permettent une décharge à la terre efficace.
4. LA CLÔTURE ÉLECTRIQUE
La clôture peut elle aussi générer des courants parasites. Pour les limiter, il faut installer l'électrificateur le plus loin possible du bâtiment d'élevage en direction du parcellaire, avec une bonne prise de terre bien placée. « Les éleveurs ont tendance à augmenter la puissance de l'électrificateur pour compenser des pertes électriques », remarque Jean-Paul Thuard. Cela ne résout pas le problème et même engendre encore plus de courants parasites. Si la tension de la clôture est beaucoup plus faible qu'au départ, c'est qu'il y a soit des fuites (contact avec de la végétation, passage souterrain fuyant...), soit des pertes en charge. Ces dernières peuvent être dues à des mauvais raccords, à la qualité ou à l'état des fils. « Pour le transport du poste vers le parcellaire, l'utilisation de fil blindé s'impose », précise Jean-Paul.
Pour rappel, le défaut d'une clôture revient toujours au piquet « - » du poste (terre) par le sous-sol. Parfois, la solution idéale est d'utiliser deux électrificateurs avec une terre plus proche de chaque parcellaire, évitant ainsi le retour sous les bâtiments. Dans tous les cas, il faut couper l'électrificateur quand le parcellaire n'est pas utilisé.
ÉMILIE AUVRAY
La brasure assurera une décharge des courants vers la prise de terre de manière pérenne. © ÉMILIE AUVRAY
La prise de terre doit être de qualité et bien placée pour évacuer les courants parasites. © ÉMILIE AUVRAY
Tous les éléments métalliques susceptibles de rentrer en contact avec les animaux doivent être reliés à la prise de terre du corps de ferme (norme NFC 15-100). © ÉMILIE AUVRAY
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