
Des dispositifs à base de minéraux pour réduire le nombre de cellules... L'idée pourrait paraître saugrenue. Pourtant, Dominique Daguet et ses associées de l'EARL D. Grands Villepins les utilisent depuis sept ans et les résultats les ont convaincues.
DEPUIS LA CRÉATION DE LA FERME EN 1980, les problèmes de mammites étaient récurrents. Le troupeau étant issu de deux élevages différents, l'adaptation au microbisme a été pointée du doigt pendant des années. Mis à part une légère précipitation en sortie de salle de traite, les vaches n'exprimaient aucune gêne particulière. Force est de constater que le temps, les audits et les soins pratiqués ne résolvaient pas le problème. « Nous avons toujours réussi à éviter l'arrêt de la collecte, se souvient Dominique Daguet, l'une des associées. Nous étions régulièrement pénalisées, en plus du coût des médicaments et des réformes. Et mentalement, c'était très compliqué à gérer. »
« NOUS AVONS COMMENCÉ PAR LES COURANTS PARASITES DES MOTEURS ÉLECTRIQUES »
La découverte de cas similaires dans un magazine fut le déclic. Dominique reconnaît son élevage dans l'exemple montré. Un géobiologue est venu faire un audit de la ferme, malgré le scepticisme de Serge, le mari de Dominique, associé non exploitant : « J'aurais fait venir une voyante, ça aurait été la même chose ! »
Le verdict ne se fait pas attendre : les bâtiments d'élevage ont été construits sur des failles telluriques et des courants d'eau souterrains. Au lieu d'évacuer l'électricité vers le sol, la prise de terre du corps de ferme la fait remonter dans la stabulation. « Nous avons commencé par travailler sur les courants parasites des moteurs électriques, détaille Dominique Daguet. Nous nous sommes également rendu compte qu'il n'y avait plus de vie dans la fosse à lisier. Le géobiologue a placé des "minéraux" (voir encadré page suivante). Une heure après, il commençait à y avoir des bulles. Le lendemain, il y en avait partout. »
Lorsque la salle de traite fut agrandie en 2007, c'est devenu « atroce ». Les mammites se faisaient encore plus fréquentes. « Nous tournions avec douze vaches au tableau, signale Dominique. Nous avons fini par traire à deux. Je n'en pouvais plus de jeter 150 litres de lait par jour ! C'était insupportable. » Les mammites guérissaient facilement mais leur nombre menaçait l'équilibre de la ferme. L'installateur de salle de traite ne détectait aucune anomalie. Le retour du géobiologue semblait évident.
« DES PERTURBATIONS AUX ORIGINES VARIÉES »
Un problème d'induction entre les câbles moteurs et les masses fut mis en évidence. En séparant les masses, « le problème de la salle de traite a été résolu quasiment du jour au lendemain. Je commençais à ressentir les effets : cela faisait plusieurs jours que j'étais très fatiguée, je ne portais plus mes bras. Le courant passait par moi dans la salle de traite. Certains éleveurs sont autant atteints que leurs vaches ! » déplore Dominique. Quelques autres éléments ont été révisés, comme l'allumage des néons qui fut changé pour devenir électronique au lieu de magnétique.
Placé sur une nappe souterraine, le bâtiment d'élevage reçoit de manière concentrée tous les courants parasites générés par les appareils électriques de la ferme, mais aussi des alentours. Par exemple, trois antennes relais GSM sont installées dans un rayon de deux kilomètres, dont l'une est récente. Dès son installation, les effets se sont fait ressentir dans la ferme. « En moins d'une semaine, nous avons eu cinq ou six mammites alors que l'antenne n'était pas encore en fonctionnement, relate Dominique. Tout comme les éoliennes ou les autres pylônes, le mât collecterait l'électricité statique et l'évacuerait via sa prise de terre. Si celle-ci est dirigée vers une rivière souterraine, ce sont les installations en aval qui reçoivent les courants. C'est le cas de notre ferme », dit Dominique. Ces installations étant des propriétés privées, il est quasi impossible d'intervenir dessus. Deux minéraux « totem » ont été placés au coeur de la ferme pour en atténuer les effets. Toute modification des installations risque d'engendrer un pic de cellules. Par exemple, les associées ont installé des panneaux photovoltaïques. Malheureusement, ils étaient situés en amont des courants d'eau souterrains. Ils ramenaient donc de l'électricité vers le bâtiment d'élevage, engendrant une montée des cellules.
« SI JE GAGNAIS AU LOTO, JE DÉPLACERAIS LE BÂTIMENT »
Au contraire, un conteneur métallique a été installé à l'arrière de la stabulation pour servir de local phytosanitaire.
« Coup de chance, il semble capter une partie de l'électricité, s'enthousiasme Dominique Daguet. Du coup, nous ne le changeons pas de place. Si je gagnais au loto, je déplacerais le bâtiment pour ne plus être sur les failles telluriques ! »
Le niveau de cellules oscillait autour de 250 000 dans les années 2000. Avec un suivi annuel, il se situe actuellement autour de 150 000 cellules. « Pour moi, la géobiologie est un appui technique au même titre que le contrôle laitier, lance Dominique. Nous avons affiné les protections. La situation reste fragile. Maintenant, quand nous faisons une pointe, nous montons à 190 000 cellules. En cinq ans, nous avons réduit de 100 000 cellules notre niveau moyen grâce au suivi régulier. En revanche, cela n'exclut pas d'avoir une conduite du troupeau maîtrisée. Sinon, ces actions seraient inefficaces. »
Le coût du suivi pour l'EARL est de 400 €/an. Il comprend un déplacement et le suivi par téléphone. « Dès qu'il y a une poussée de mammites, j'appelle le géobiologue, annonce Dominique. Il connaît bien l'élevage. De ce fait, à distance, il détermine souvent d'où vient le problème. »
Le niveau des cellules est devenu le signal d'alerte, les vaches n'exprimant pas d'autres signes de dérangement. Les éleveuses restent vigilantes. « Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Si nous avions su, nous aurions fait appel à un géobiologue avant la construction du bâtiment d'élevage. La maison, qui a été construite avant notre arrivée, est bien située. Les anciens savaient ce qu'ils faisaient ! »
Par chance, le conteneur métallique placé à l'arrière de la stabulation en guise de local phytosanitaire absorbe une partie des courants parasites et a un effet bénéfique sur les cellules. © ÉMILIE AUVRAY
Une quinzaine de minéraux ont été disséminés sur l'exploitation afin de contrebalancer les effets de la nature géobiologique du lieu. © ÉMILIE AUVRAY
© ÉMILIE AUVRAY
© ÉMILIE AUVRAY
Les trois antennes relais qui entourent l'exploitation dans un rayon de 2 km canaliseraient l'électricité statique et l'injecteraient dans le sol. © ÉMILIE AUVRAY
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