Traiter de façon ciblée la bactérie dominante de l'élevage, a une meilleure efficacité qu'un traitement à large spectre. Encore faut-il être en mesure de l'identifier. Ce n'est pas toujours le cas.
L'APPARITION DES STAPHYLOCOQUES RÉSISTANTS à la méthicilline et les alertes de l'Agence européenne du médicament (EMEA) sur les antibiotiques critiques nécessaires en médecine humaine doivent inciter les éleveurs et les vétérinaires à faire évoluer leurs plans de lutte contre les mammites. Le traitement des cas cliniques génère, il est vrai, une utilisation importante d'antibiotiques. Au niveau national, on estime que sur cent vaches laitières, soixante-treize reçoivent un traitement en lactation. Même si, dans les faits, certaines vaches sont traitées à plusieurs reprises, ce qui minore le nombre d'animaux concernés, la problématique reste majeure. La norme établie et acceptable est de seulement trente cas pour cent vaches laitières et de 20 % de vaches touchées.
QU'EN EST-IL DE L'ANTIBIORÉSISTANCE ?
Les traitements des mammites par voie locale ne peuvent pas sélectionner de germes résistants dans la mamelle. Cette dernière, quand elle est saine, est stérile, contrairement à l'intestin ou à la peau. Le risque de sélectionner, par des intramammaires, des germes résistants reste rare. Ce pourrait être le cas si des bactéries sur la peau des trayons étaient en contact avec du lait traité avec des antibiotiques critiques. D'ailleurs, ces traitements par voie intramammaire, qui n'étaient pas concernés pour l'instant par les communiqués d'alerte de l'Emea, vont bientôt passer à la moulinette.
En revanche, les traitements des mammites effectués par voie générale contribuent clairement à l'émergence de l'antibiorésistance chez l'animal et chez l'homme. Cela en sélectionnant des bactéries résistantes dans d'autres organes hébergeant une flore commensale.
On assimile souvent l'inefficacité des traitements mammites à des phénomènes de résistance. À tort. Elle s'explique surtout par l'inaccessibilité des germes au sein des foyers infectieux (cellules, tissu profond).
QUELLE EST LA FINALITÉ D'UN TRAITEMENT ANTIBIOTIQUE ?
Guérir l'infection, limiter le risque de résidus, et celui d'antibiorésistance chez l'homme et chez l'animal sont les trois objectifs à atteindre lors de traitements antibiotiques.
Concrètement, cela revient à augmenter notablement les réussites de première intention. Et donc réduire le nombre de traitements de seconde intention faisant appel à des traitements par voie générale, associés à des traitements par voie locale de longue durée. Évidemment, cette réussite dépend des espèces présentes dans le troupeau et du caractère de gravité. Ainsi, les traitements par voie générale peuvent rester recommandés sur les Staphylococcus aureus et sur les mammites avec des signes généraux. Le pourcentage de guérisons apparentes après cas cliniques peut être évalué par le rapport entre le nombre de cas cliniques avec retour de la concentration cellulaire individuelle à moins de 300 000 à 30-70 jours sur le nombre de cas cliniques. Un résultat inférieur à 55 % est un seuil d'alerte, à plus de 65 %, un objectif à viser.
POURQUOI TRAITER DE FAÇON CIBLÉE ?
Un traitement à spectre étroit, dirigé contre l'espèce bactérienne en cause, limite les effets collatéraux sur les flores commensales et ainsi l'émergence d'antibiorésistance. En outre dans les troupeaux où une espèce bactérienne dominante est à l'origine de la plupart des mammites, il a une meilleure efficacité qu'un traitement à large spectre, même si, parfois, on est en dehors de la cible.
Cibler un traitement consiste à utiliser des antibiotiques très actifs sur l'espèce dominante sévissant dans l'exploitation. En effet, tous les antibiotiques ne sont pas égaux face aux germes. Certains sont plus efficaces sur telle ou telle espèce. Au-delà de cet aspect technique, le traitement ciblé répond à des attentes sociétales fortes et participe favorablement à l'image du lait. Autre avantage : en ciblant par une approche du troupeau, le vétérinaire peut apporter des recommandations sanitaires et zootechniques capables de réduire le nombre de mammites cliniques. Le fait de réfléchir à cet échelon amène l'éleveur à prendre le problème dans sa globalité, et non individu par individu indépendant des uns des autres.
COMMENT DÉTERMINER LE GERME DOMINANT ?
L'analyse des documents d'élevage (laiterie, contrôle laitier, informations cellules, mammites cliniques dans sa globalité) permet souvent de préciser l'espèce bactérienne dominante qui sévit dans le troupeau.
L'identification de son habitat est une première source de suspicion : Escherichia coli est connu comme un germe d'environnement, Staphylococcus aureus comme un germe mammaire, Streptococcus uberis se retrouve aussi bien dans la litière que sur les trayons. Il n'est pas toujours possible d'identifier le modèle (environnemental ou mammaire) ou la bactérie dominante, à cause d'une situation complexe ou de données insuffisantes. Dans ce cas, des bactériologies sur lait de mammites cliniques et subcliniques peuvent être précieuses.
De façon simplifiée, des concentrations cellulaires de tank supérieures à 200 000, des mammites cliniques peu nombreuses, peu spectaculaires, récidivantes et difficiles à soigner signent une exploitation caractérisée par des infections mammaires dues à Staphylococcus aureus. Sur un troupeau où sévit Streptococcus uberis, on retrouve aussi quelquefois des concentrations cellulaires de tank supérieures à 200 000, mais associées à des mammites cliniques plus ou moins graves et plus ou moins nombreuses, et souvent en début de lactation. Des concentrations cellulaires de tank inférieures à 200 000 avec des mammites cliniques, avec atteinte de l'état général, et présentes au début de la lactation, sont plutôt caractéristiques de la présence d'Escherichia coli.
QUELLE PLACE POUR LES TRAITEMENTS À LARGE SPECTRE ?
Lorsqu'il est difficile d'identifier la bactérie dominante dans le modèle environnemental, il est préférable d'utiliser un traitement à large spectre incluant les bactéries Gram+ et Gram-. Lorsque l'on rencontre la même difficulté au sein du modèle mammaire, mieux vaut privilégier les traitements Gram+, mais actifs sur Staphylococcus aureus, cette bactérie étant plus difficile à éliminer que Streptococcus uberis. En l'absence d'informations, le traitement à large spectre sera aussi privilégié
LES RISQUES POUR LA SANTÉ HUMAINE S'IMPOSENT DANS LE DÉBAT
Votre email professionnel est utilisé par les sociétés du groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters
et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici.
Consultez notre politique de confidentialité
pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits.
Notre service client est à votre disposition par mail : serviceclients@ngpa.fr.
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
FCO : le Grand Ouest en première ligne
Le vêlage 2 ans n’impacte pas la productivité de carrière des vaches laitières
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?
L’Iddri suggère de briser « l’ambivalence » des chambres d’agriculture en matière de transition agroécologique
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou