« UN TUYAU À LAIT TROP LONG ET L'ABSENCE D'ARRÊTOIR DANS LES LOGETTES NOUS ONT LOURDEMENT PÉNALISÉS »

Avec l'aide de leur vétérinaire, Sylvie et Frédéric Leblond ont rapidement mis le doigt sur les causes contribuant à diffuser les germes, des « Staphylococcus aureus » et des « Streptococcus uberis » (d'origine mammaire), comme le confirmeront des bactériologies.© JEAN-MICHEL VOCORET
Avec l'aide de leur vétérinaire, Sylvie et Frédéric Leblond ont rapidement mis le doigt sur les causes contribuant à diffuser les germes, des « Staphylococcus aureus » et des « Streptococcus uberis » (d'origine mammaire), comme le confirmeront des bactériologies.© JEAN-MICHEL VOCORET (©)

Sur le terrain propice aux vaches à problèmes non réformées à temps, les cas de mammites cliniques ont explosé au Gaec de Monte en Roye. Ils sont aujourd'hui en train de se résoudre. Il a suffi de mettre le doigt sur la source de contamination et de corriger les anomalies.

LA MÉSAVENTURE ARRIVÉE AU GAEC DE MONTE EN ROYE, est un cas d'école du rôle crucial joué par les facteurs de risque dans un problème de mammites cliniques.

Décembre 2007, les laitières intègrent leur nouvelle stabulation. Des logettes dos à dos séparées par une aire d'exercice équipée d'un racleur automatique, un couchage confortable avec des matelas et de la paille, une TPA 2 x 6 spacieuse, l'ensemble dans un bâtiment en bois, lumineux, avec beaucoup de volume sous le toit… Sur le papier, tout semble idéal. D'ailleurs, le premier hiver se passe sans accros : pas de cellules, pas de mammites, et surtout pas de boiteries redoutées en arrivant d'une aire paillée. Seul souci : le niveau de production du troupeau frappé par la FCO. Alors, pour essayer de faire les 510 000 l autorisés avec les rallonges attribuées, le Gaec garde plus de vaches que d'habitude. En vain. Il finit péniblement au 30 avril à sa référence : 480 000 l. Craignant toujours, avec la FCO qui traîne, pour la réalisation du quota sur la campagne à suivre, Sylvie et Frédéric Leblond rechignent à réformer. L'erreur s'avère fatale. En juin, alors que le troupeau est à l'herbe, les comptages cellulaires explosent. Le pourcentage de vaches à moins de 300 000 cellules, dans la norme tout l'hiver (84 % de moyenne), chute à 73 %. Il ne se redressera pas de l'été (60 % en juillet, 73 et 75 % en septembre et octobre). Même topo pour les vaches à plus de 800 000 cellules, qui passe de 6 % de janvier à avril, à 13 % et plus. Alerte rouge aussi sur les comptages du tank : quatre résultats mensuels à plus de 400 000, un à 500 000 et un à 600 000.

38 MAMMITES EN 4 MOIS POUR 70 VACHES À LA TRAITE

Avec les premières mises bas, la galère empire sur le front des mammites. De septembre à décembre, Sylvie soigne sur 72 vaches en moyenne à la traite, 38 cas cliniques sur 21 laitières(1), 53 % de mammites et 30 % des lactations touchées, du jamais vu ici.

Avec l'aide de leur vétérinaire, Sylvie et Frédéric mettent vite le doigt sur les causes contribuant à diffuser les germes, des Staphylococcus aureus et des Streptococcus uberis (d'origine mammaire), comme le confirmeront des bactériologies.

Une majorité d'animaux avec des lésions d'éversion de trayons, certaines à un stade ultime (croûteux), des trayons avec une congestion parfois marquée à laquelle s'ajoute de temps en temps un oedème à l'extrémité, les signes d'un dysfonctionnement de la machine à traire pourtant neuve sont patents. Autre anomalie qui va dans le même sens : les vaches piétinent au décrochage.

La réalisation, fin décembre 2008, d'un test dynamique de l'installation identifie l'origine des maux : « La malposition des faisceaux trayeurs du fait d'un tuyau à lait trop long tombant dans la fosse et tirant la griffe vers l'arrière. En cause aussi l'absence d'attaches de ce tuyau au quai déviant le faisceau », note le spécialiste en charge du test. Ce n'est pas pour rien que 65 % des mammites cliniques touchent les quartiers avant. Ils sont soumis à une surtraite.

Explication sur les sifflements en nombre trop important relevés pendant la traite : « Cette longueur excessive du tuyau à lait est parfois responsable d'engorgement sur les fortes productrices. Ce phénomène provoque une chute du vide sous le trayon à l'origine d'une traite humide. Associé au déséquilibre de la griffe, un sifflement peut apparaître, engendrant un risque d'impact. »

Quant au piétinement des vaches au moment du décrochage, il est la conséquence d'un niveau de vide résiduel trop élevé à la dépose : 35 kPa au lieu de moins de 25 kPa recommandé. Mais aussi de l'absence de temporisation entre la coupure du vide et la dépose, et un arrachage des faisceaux plutôt qu'un décrochage en douceur. Dans la foulée, les corrections suggérées sont mises en oeuvre. Les tuyaux à lait sont raccourcis d'au moins 50 cm et équipés d'un crochet pour bien les positionner sur le quai dans l'axe des vaches. La ficelle du décrochage est détendue. Le niveau de vide est ramené de 42 kPa à 40, préservant l'intégrité du trayon.

De son côté, Sylvie continue de suivre les mesures d'hygiène de traite recalées dès la première intervention du vétérinaire. À savoir prémoussage et essuyage papier avec une attention particulière pour le sphincter. Ce n'était pas fait avant. La préparation classique avec des lavettes individuelles conduisait à brancher sur des trayons trop humides… source potentielle de contamination.

VINGT MAMMITES CLINIQUES SUR DOUZE VACHES TOUCHEES DEPUIS JANVIER 2009

Fort de ces ajustements et de la réforme d'une douzaine de vaches à problèmes, Sylvie et Frédéric entrevoient « avec prudence le bout du tunnel ». Les comptages cellulaires du tank sont sur la bonne pente. Mais en juin dernier, il y a encore eu un résultat à plus de 400 000. Et en octobre, le pourcentage de vaches laitières à moins de 300 000 n'était que de 66 %. Sur le front des mammites, la situation est également encourageante. Depuis le mois de janvier 2009, on ne dénombrait, début novembre, que 20 cas cliniques sur 12 vaches laitières, le tout pour 55 vaches en moyenne à la traite.

Pour consolider cet acquis, le Gaec travaille sur un autre facteur de risque de contamination clairement identifié : la propreté insuffisante des animaux, due à l'absence d'arrêtoir dans les logettes. Résultats, les vaches couchées qui s'avancent trop, ne bousent pas dans le couloir.

(1) Neuf vaches laitières avec une mammite, douze avec deux ou plus.

LES RISQUES POUR LA SANTÉ HUMAINE S'IMPOSENT DANS LE DÉBAT
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,23 €/kg net +0,09
Vaches, charolaises, R= France 7,06 €/kg net +0,07
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
lait UHT et fromage à tartiner

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Eurial

Le marché Spot est en plein doute

Lait Spot

La dégradation de la conjoncture menace le prix du lait

Prix du lait

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