
Réduire le recours aux antibiotiques contre les mammites passe par des moyens alternatifs de traitement ou de prévention. La vaccination, sans être une panacée, peut y contribuer.
LIMITER L'ÉMERGENCE DE NOUVELLES ANTIBIORÉSISTANCES et de préserver la bonne image des produits laitiers (condition sine qua non du maintien de la consommation) passe par une meilleure et une moindre utilisation des antibiotiques. Encore faut-il pour cela disposer de moyens alternatifs.
En premier lieu, on pense à des traitements curatifs non antibiotiques. L'homéopathie, l'aromathérapie (huiles essentielles) ou la phytothérapie, même si elles peuvent rendre service en élevage biologique, ont une efficacité curative nettement inférieure à celle des antibiotiques.
À ENVISAGER SELON LES INFECTIONS DOMINANTES
Les recherches portant sur des antimicrobiens naturels comme la lactoferrine, les défensines ou encore les peptides antimicrobiens d'insectes ont donné des premiers résultats encourageants, mais ne sont pas encore opérationnels.
L'autre alternative est le développement de moyens de prévention, comme la vaccination. L'arrivée du premier vaccin contre les mammites(1)sine qua non , autorisé à l'échelle européenne (Startvac, du laboratoire espagnol Hipra), relance l'intérêt pour cette stratégie.
La mise en oeuvre d'une vaccination est soumise à plusieurs conditions. La première est que les valences du vaccin correspondent aux principaux types d'infections en cause dans le troupeau. On ne dispose pas de vaccins susceptibles de protéger les vaches contre les trois principaux groupes bactériens responsables de mammites : staphylocoques, coliformes et streptocoques (voir encadré). Il n'y a rien à attendre de la vaccination dans les troupeaux où Streptococcus uberis est la principale espèce en cause.
En pratique, la vaccination n'est à envisager que dans les élevages où il est avéré que les infections à staphylocoques et/ou à coliformes sont à l'origine de pertes économiques importantes.
Cela peut correspondre aux trois situations suivantes :
- mammites cliniques d'environnement fréquentes et/ou sévères : il faut alors s'assurer par des analyses bactériologiques que ces mammites sont dues principalement à des coliformes et non à des streptocoques ;
- mammites subcliniques nombreuses, se traduisant par des comptages cellulaires élevés. Il faut alors s'assurer par des analyses bactériologiques sur des vaches à cellules que ces infections sont principalement dues à des staphylocoques (staphylocoque doré ou staphylocoque à coagulase négative), et non à des streptocoques ;
- association des deux modèles précédents se traduisant par des mammites cliniques et des cellules dans le lait, avec une prédominance de coliformes et de staphylocoques.
A INTÉGRER DANS UN PLAN DE LUTTE GLOBAL CONTRE LES MAMMITES
En outre, le niveau de protection conféré par la vaccination contre les mammites reste partiel. En effet, le risque d'infection par les espèces ciblées (coliformes, staphylocoques) est diminué, il n'est pas supprimé (voir encadré ci-contre). La vaccination n'est donc pas la panacée et doit s'intégrer dans un plan global de maîtrise de mammites.
En aucun cas, la vaccination permet de se dispenser des mesures de base : une technique de traite correcte avec un matériel en bon état de fonctionnement, la désinfection des trayons après la traite, un bâtiment bien conçu et bien entretenu. En revanche, la vaccination, en augmentant la résistance des vaches, est parfaitement complémentaire et vient en renfort de ces mesures de prévention.
La stimulation des défenses immunitaires contribue également à diminuer la sévérité des mammites cliniques et à augmenter le taux des guérisons spontanées (voir ci-contre). Elle est donc aussi complémentaire des actions curatives : moins de traitements antibiotiques et plus de guérisons.
D'un autre côté, la vaccination a un coût (environ 6 E par injection, soit 18 E par vache laitière) et sa mise en oeuvre présente quelques contraintes pratiques, notamment pour réaliser les injections prévues pendant la période sèche. Peut-on alors limiter la vaccination à une partie du troupeau ?
Par exemple, dans un élevage confronté à des mammites cliniques sévères à coliformes uniquement les multipares dont on sait qu'elles sont plus souvent atteintes que les primipares. Mais d'un autre côté, lorsqu'une primipare vient à être réformée à la suite de ce type de mammite, la perte est beaucoup plus importante que s'il s'agit d'une multipare. Les mêmes observations peuvent être faites pour les mammites subcliniques dues aux staphylocoques. En outre, le caractère contagieux des infections à staphylocoques milite aussi en faveur d'une vaccination générale du troupeau. L'alternative la plus raisonnable paraît être de ne pas vacciner, si l'importance des mammites ou les espèces en cause ne le justifient pas ou, dans le cas contraire de vacciner tout le troupeau.
FRANCIS SERIEYS (FILIERE BLANCHE)
(1)Produit soumis à prescription vétérinaire
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