GRANDS TROUPEAUX : CHOISIR UN ROBOT OU UN ROTO

Les élevages de plus de 100 vaches sont souvent confrontés à un manque de main-d'oeuvre. Au moment d'investir dans une nouvelle installation de traite, ils hésitent généralement entre deux équipements différents pour alléger leur astreinte.

REGROUPEMENT D'EXPLOITATIONS,AGRANDISSEMENTS…il n'est pas rare de rencontrer des troupeaux de plus de cent vaches. L'une des particularités de ces exploitations est qu'elles sont souvent confrontées à un manque de main-d'oeuvre. Au moment d'investir dans une nouvelle installation de traite, les éleveurs hésitent alors entre un robot de traite ou une salle de traite rotative (roto).

Le premier permet de supprimer l'astreinte biquotidienne tandis que le second est conçu pour fonctionner avec un seul trayeur. Les deux installations ont leurs avantages et leurs inconvénients. Pour faire son choix, l'éleveur doit passer en revue différents points.

LE CHOIX : LA SENSIBILITÉ DE L'ÉLEVEUR AVANT TOUT

Le choix de l'investissement est d'abord lié à la sensibilité de l'éleveur. Certains souhaitent absolument conserver un contact physique deux fois par jour avec leurs vaches. Dans ce cas, la traite robotisée ne leur convient pas. Mais cet argument est moins vrai avec la conduite de grands troupeaux, où la traite est de plus en plus confiée à un salarié.

Le robot de traite, même s'il a fait ses preuves, fait encore peur à certains agriculteurs car il contient beaucoup d'électronique. Le roto peut leur paraître un équipement plus sûr, il fonctionne davantage de manière mécanique. Investir dans un robot a une incidence sur le travail de l'éleveur. Non seulement l'équipement devient l'outil de traite, mais c'est également un instrument de conduite du troupeau. On recommande donc à l'agriculteur de se faire accompagner pour acquérir de nouveaux repères. « En salle de traite, l'éleveur gère son troupeau à partir de l'observation physique des animaux. L'arrivée du robot l'oblige à interpréter des chiffres dans son bureau, déconnecté du vivant. Ce changement est pour certains un véritable choc culturel », analyse Catherine Journel, vétérinaire indépendante dans les Côtes-d'Armor, spécialisée en traite robotisée.

LA MAIN-D'OeUVRE : ÉVALUER LE DISPONIBLE

Avec le robot, fini l'astreinte de la traite tout au long de l'année et les contraintes horaires.

Le gain de temps permet de se consacrer davantage à la surveillance des animaux et à l'analyse des données fournies par la machine. Cet équipement peut être une solution face au manque de main-d'oeuvre salariale. En revanche, au moment de partir en vacances, il est nécessaire de trouver une personne qui sache piloter le robot. Face à la multiplication de ces machines, certains groupes d'éleveurs s'entraident lorsque l'un d'eux s'absente. Par ailleurs, de nombreuses sociétés de services de remplacement ont formé une partie de leurs agents à cette nouvelle technologie. L'avantage du robot est de pouvoir consulter les données du troupeau à distance grâce à un pocket PC ou même de commander l'outil à distance. Attention à ne pas vivre avec le stress du « bip ».

Le roto fonctionne sur le même principe qu'une salle de traite classique, mais il est davantage conçu pour fonctionner avec un seul trayeur. On considère qu'une personne peut traire un troupeau de 100 à 120 vaches en 1 h 15 avec un équipement de 24 postes en traite intérieure. À cela, il faut ajouter le temps de nettoyage. Ces installations imposent un rythme de travail soutenu et offrent peu de temps mort pour souffler et surveiller l'état des animaux. Elles doivent être équipées de décrochages automatiques et les aires d'attente doivent être munies d'un système d'aide à l'entrée des vaches quand il n'y a qu'un seul trayeur.

LE COÛT: QUASI ÉQUIVALENT À L'ACHAT

D'après une étude réalisée par les GIE de Bretagne et des Pays de la Loire, les chambres d'agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire, ainsi que l'Institut de l'élevage, le coût d'investissement (équipement et bâtiment compris) d'un roto ou d'un robot est sensiblement le même. À première vue, le robot paraît plus cher. Mais à équipement égal, lorsqu'on installe sur le roto des compteurs à lait, des outils de mesure de la conductivité du lait et un Dac dans le bâtiment, cette installation revient légèrement plus cher (voir article pages 30 et 31). Le robot est moins coûteux lorsque l'éleveur souhaite le faire évoluer après l'achat en lui rajoutant des équipements d'aide à la conduite du troupeau.

L'HYGIÈNE : DES ANIMAUX TOUJOURS PROPRES

Même s'il est possible de ralentir la vitesse de rotation de la plate-forme avec un roto intérieur pour que le trayeur réalise une hygiène complète de la mamelle, cette pratique n'est pas recommandée. « On perd le principal avantage de cet équipement, qui est de travailler avec une cadence de traite élevée. Comme le robot de traite, le roto impose une propreté absolue des animaux afin d'adopter une hygiène de traite simplifiée. Cette pratique devient obligatoire avec un roto extérieur lorsqu'une seule personne assure la traite », explique Andrew Ritchie, responsable marketing chez Delaval.

Avec un robot, il est souhaitable que le niveau sanitaire du troupeau soit bon avant son installation. Plus la situation est dégradée au départ et moins il y a de chances qu'elle s'améliore avec l'arrivée du robot. « Malgré tout, poursuit Catherine Journel, on observe parfois des élevages équipés d'une salle de traite vieillissante qui rencontrent des problèmes de qualité du lait et qui améliorent leurs résultats avec la mise en place d'un robot. »

L'ALIMENTATION : LE ROBOT INFLUE SUR LA RATION

L'arrivée d'un robot a généralement une incidence sur l'alimentation. Lorsque les troupeaux sont alimentés en ration complète, le passage à une ration semi-complète s'impose avec la distribution de concentré au robot pour attirer les vaches. « Potentiellement, il est possible d'améliorer la production laitière car les vaches sont alimentées individuellement, mais ce n'est pas systématique », explique Vincent Corbet, de l'Institut de l'élevage. Lorsque la ration de base est complémentée sur le niveau de production des vaches les plus basses, il y a lieu de distribuer des quantités importantes d'aliment au robot et certaines vaches n'ont pas le temps de l'ingérer pendant leur passage dans la machine. Dans ce cas, on recommande d'installer un Dac dans le bâtiment.

Par ailleurs, on déconseille de constituer des lots d'animaux en fonction du stade de lactation car les vaches en fin de lactation risquent de ne pas se stimuler entre elles pour se faire traire. On dit que « le mouvement crée le mouvement ». Il est donc difficile de constituer une ration de base en fonction du niveau de production.

Le choix de l'équipement de traite a aussi une influence sur le pâturage. Avec un roto, les vaches n'étant bloquées que deux fois par jour, il est plus facile de les faire pâturer. Il est également possible de concilier robot et pâturage moyennant quelques contraintes. Même si les avis divergent sur cette question, on parle de ne pas dépasser une distance de pâturage supérieur à 400 à 600 m. Ce chiffre dépend de plusieurs facteurs : chemins d'accès, météo, stade de lactation, qualité de l'herbe. Ensuite, on conseille de ne pas mettre de points d'abreuvement à la pâture pour encourager les vaches à revenir au bâtiment. À l'intérieur, il convient de placer un système de barrières anti-retour ou de portes de tri intelligente pour obliger la vache à passer dans le robot si elle souhaite ressortir.

ENCOMBREMENT : LE ROTO PREND PLUS DE PLACE

Grâce à son faible encombrement, le robot peut s'intégrer dans la plupart des bâtiments déjà existants. Un robot se loge dans un carré 5 m de côté. Compter le double pour deux stalles. Ce dimensionnement comprend la stalle, les dégagements pour les portes d'accès et de sortie des vaches ainsi que la place pour circuler et nettoyer. Il est conseillé d'avoir un local technique bien fermé pour mettre le robot à l'abri de la poussière et de l'humidité.

Le roto demande une surface beaucoup plus importante. Par exemple, une installation de 24 postes en traite intérieure mesure 15 m de long et 14 m de large, soit une surface de 210 m2. Lorsque le bâtiment est existant, il y a donc souvent lieu de l'agrandir. Ceci impose de gérer les effluents, c'est-à-dire les bouses et les eaux blanches. Le roto nécessite également une aire d'attente, estimée à 1,20 m2 par vache. Sa réalisation complète ou partielle dans l'aire d'exercice ou les couloirs entre les logettes limite l'investissement et le temps de lavage.

AUGMENTATION DU TROUPEAU : LE ROTO MIEUX ADAPTÉ

Le roto semble mieux adapté à une augmentation de l'effectif des vaches. « Il suffit de prolonger le temps de traite pour absorber un accroissement du troupeau. Mais au-delà d'un certain temps de traite, l'astreinte peut devenir pénible pour le trayeur », remarque Andrew Ritchie. Avec un robot, il n'est pas possible d'accroître l'effectif quand la capacité maximale de la machine est atteinte, sauf à acheter une autre station.

Le seuil de passage de deux à trois stalles correspond à un effectif d'environ 120 vaches. Cependant, il existe une grande disparité entre les élevages, due aux caractéristiques des animaux. En cas de présence de plusieurs robots pour un même lot, la capacité de la seconde stalle diminue d'environ 10 %.

N. L.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
journée technique sur la tuberculose bovine

La tuberculose bovine fait frémir les éleveurs bas-normands

Maladies
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe

Tapez un ou plusieurs mots-clés...