Les Britanniques privilégient la main-d’œuvre salariale

Pâturage.Les troupeaux pâturent entre 6 et 9 mois par an, voire toute l’année pour certains lots de génisses. Jocelyn Fagon
Pâturage.Les troupeaux pâturent entre 6 et 9 mois par an, voire toute l’année pour certains lots de génisses. Jocelyn Fagon (© Jocelyn Fagon )

En Angleterre, la taille moyenne des élevages laitiers s’élève à près de 125 vaches, soit deux fois plus qu’en France. Un gros troupeau se définit à partir de 400 laitières. Les grands collectifs de main-d’œuvre avec des salariés sont courants.

Des méthodes et des outils ont été développés pour gérer au mieux les grandes exploitations anglaises. « La simplification des pratiques d’élevage est ainsi le mot d’ordre des dix structures où nous avons enquêté dans le cadre du projet Casdar Orgue (1), souligne Jocelyn Fagon, de l’Institut de l’élevage. Les troupeaux pâturent entre six et neuf mois par an, voire toute l’année pour certains lots de génisses. À certaines périodes, le pâturage peut représenter 100 % de l’alimentation. » Des conditions climatiques favorables et des parcellaires groupés autour des bâtiments, bien conçus, rendent possible cette pratique qui réduit considérablement le temps de distribution de l’alimentation.

Des salariés travaillant de 42 à 75 heures par semaine

Dans ces grands élevages, la conduite en lots est fréquente, et le groupage des vêlages sur une ou deux périodes (printemps, automne) est courant. Il permet de se concentrer sur les naissances et les soins aux veaux, et donc de réaliser un meilleur travail rapidement.

Outre-Manche, l’organisation et l’aménagement des bâtiments, « plus en longueur, plus droits, tous dans le même sens » sont évoqués par les éleveurs comme des facteurs très importants pour gagner du temps. « Aucune des stabulations visitées ne disposait de robot ou de repousse-fourrage automatisé, note Jocelyn Fagon. Seuls le Dac et la mélangeuse sont parfois présents. »

Plutôt que d’investir dans des technologies coûteuses, les farmers britanniques misent sur la main-d’œuvre salariée présente dans la moitié de leurs exploitations contre 15 % chez nous. La réglementation, plus souple et plus flexible, facilite la gestion de la main-d’œuvre et l’adaptation aux besoins des exploitations. Ainsi, dans les élevages étudiés, les cinquante-trois salariés travaillent en moyenne 55 heures par semaine (de 42 à 75 heures). Deux d’entre eux font même 80 heures. Dans l’un des ateliers laitiers, géré par deux responsables avec trois trayeurs, un fonctionnement en binôme permet la réalisation de quatre traites quotidiennes (deux lots traient deux fois par jour) dans une salle de traite fonctionnant onze heures par jour avec une amplitude de travail de 5 heures du matin à 22 heures le soir.

Le nombre de jours de repos hebdomadaire s’élève à un ou deux jours, avec une forte variabilité et des organisations différentes d’un élevage à l’autre : un week-end sur deux, une alternance sur deux mois de huit jours de travail et de trois jours libres… Il en est de même pour la durée des congés qui varie de trois à six semaines par an (sept semaines pour l’employé à 80 heures).

Des difficultés pour recruter

Solution privilégiée, le salariat reste toutefois compliqué. Selon une étude de la Royal Association of British Dairy Farmers réalisée auprès de 160 exploitations laitières, un éleveur sur deux déclare avoir eu des difficultés à recruter ces cinq dernières années et plus de la moitié a employé de la main-d’œuvre étrangère. Pour gérer le travail le week-end et pendant les vacances, certains chefs d’exploitation font appel à des salariés indépendants (auto-entrepreneurs). Un très grand collectif (vingt-six employés) a internalisé un service de remplacement avec des salariés « tournants » sur les sites de l’entreprise.

Communiquer avec WhatsApp

Quel que soit leur mode d’organisation, les exploitants interviewés par Eléonore Pommier, en stage à l’Institut de l’élevage, sont unanimes : la communication au sein du groupe est essentielle. Elle peut être quotidienne et orale ou bien formalisée avec des réunions. Dans les grands collectifs de travail, certains utilisent des outils innovants tels que le groupe de discussion téléphonique WhatsApp. Rapide, collectif et efficace, cette application permet de garder une trace écrite des échanges.

Dans un pays où une partie des salariés sont étrangers et maîtrisent mal la langue anglaise, des éleveurs formalisent, rédigent et affichent des protocoles pour certaines tâches comme la traite. Pouvant être illustrés de photos ou de schémas, ils sont plus compréhensibles. « Les farmers anglais et anglo-saxonsont une culture du formalisme bien plus développée qu’en France où l’on va rarement au-delà des tableaux pour les consignes », observe Jocelyn Fagon.

© Jocelyn Fagon - Bar à lait pour petits veaux dans un élevage de 250 vaches.Jocelyn Fagon

© Jocelyn Fagon - Rotolactor.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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