Lors de l'assemblée générale de la FNPL ce 17 mars dans le Rhône, des initiatives belge, espagnole et britannique ont illustré des pistes pour que l'amont récupère une partie de la valeur ajoutée du lait.
crise, les éleveurs de la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait), réunis en assemblée générale les 16 et 17 mars 2016 à Saint-Didier-sur-Beaujeu (Rhône) ont débattu des pistes pour recréer de la valeur ajoutée.
En introduction aux débats, André Bonnard, le secrétaire général du syndicat, a souligné qu'il s'agissait de « donner de la valeur au lait en amont, et de garder cette valeur ». Pour cela, il propose de réfléchir à une segmentation supplémentaire à celle qui existe déjà, en s'appuyant sur la charte des bonnes pratiques d'élevage éventuellement rénovée. Il s'agirait par exemple de développer des laits « de vaches nourries à l'herbe » ou au maïs, des laits sans antibiotiques, ou de vaches pâturant…
Pour illustrer cette valeur ajoutée qui échappe aux producteurs, il cite le camembert Président, fabriqué et commercialisé en Australie « selon les méthodes normandes traditionnelles », le brie « inspiré de la fameuse région de Meaux », ou encore le camembert Savencia de marque Île-de-France, fabriqué en France et vendu aux États-Unis. Les industriels véhiculent cette image de terroir, de produit attaché à l'origine, sans partager la valeur ajoutée avec le maillon « production ».
Des expériences étrangères
Lors de la table-ronde qui a suivi, sur le thème de « la chaîne alimentaire, chaîne de valeurs », différents intervenants ont présenté les initiatives de leurs pays pour s'entendre sur la répartition de la valeur ajoutée :
- Horacio Aleman, qui a dirigé la Fédération espagnole des industries agroalimentaires, décrit le « modèle mixte » choisi par l'Espagne : un encadrement législatif oblige tous les opérateurs à la transparence, et un code de conduite a été rédigé. Son application est contrôlée par une agence publique et les éventuels manquements sanctionnés par une amende.
- Daniel Coulonval, de la Fédération wallonne de l'agriculture et président d'une coopérative laitière belge, décrit la « plateforme informelle » mise place par la Belgique réunissant producteurs, transformateurs, distributeurs et fournisseurs d'intrants. « C'est un lieu de dialogue qui fonctionne uniquement en situation de crise ». Il évoque également le fonds d'aide aux éleveurs mis en place pour six mois, de 3 centimes par litre pour les producteurs, alimenté par un prélèvement de 14 centimes par litre sur le lait de consommation.
- Rosie Maltby, britannique, évoque un contrat tripartite producteurs-transformateurs-distributeurs sur le lait de consommation. Ces contrats de long terme prennent en compte le coût de production et lissent le prix du lait, en contrepartie du respect d'un cahier des charges.
- Damien Lacombe, président de Sodiaal, souligne « l'importance à créer de la valeur et une différenciation sur le marché international. Il faut capitaliser sur le savoir-faire de nos éleveurs » pour le vendre sur les débouchés à l'exportation. À l'aval, le marché est déjà « hypersegmenté », rappelle-t-il.
De son côté, Marie-Thérèse Bonneau, la première vice-présidente de la FNPL, rappelle que jusqu'à présent, « le risque est supporté par le maillon le plus faible, les producteurs. […] La maison brûle et on regarde ailleurs, mais le plus grave est que les producteurs sont à l'intérieur ! »
Marylou Bressand et Elsa Casalegno
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