L’année laitière avait bien commencé aux États-Unis. Au premier trimestre, la collecte a progressé de 2,9 % par rapport à la même période l’an dernier. Le cheptel comptait 26000 têtes de plus. Le prix du lait moyen s’établissait à 358 €/t en janvier, 345 en février.
C’était avant l’arrivée du Covid-19. Mi-avril, la filière estime l’excédent de lait à 10 %, alors que le pic de collecte du printemps n’est pas encore atteint. Comme en Europe, la fermeture de nombreux restaurants et la mise à l’arrêt d’une part importante de la RHF ont fortement réduit les débouchés et désorganisé les marchés.
Des entreprises ont allégé la collecte et partout dans le pays, des éleveurs ont été contraints de jeter des millions de litres de lait. Très vite, les conseils techniques ont afflué pour expliquer aux éleveurs comment intégrer les épandages de lait dans la fertilisation ou encore, comment valoriser le lait dans un méthaniseur.
Cette crise survient après cinq ans de prix du lait très bas. À l’évidence, la capacité de résistance des éleveurs est très faible. Et le système de protection des marges ne suffira pas pour couvrir les pertes. Des économistes ont calculé qu’il apporterait un complément de l’ordre de 82 €/t en mai et juin. Mais uniquement pour les éleveurs qui ont souscrit au programme. L’adhésion est annuelle et seulement 63 % des exploitations éligibles ont signé pour 2020.
Des besoins énormes en aide alimentaire
La filière (syndicalisme majoritaire et industriels) a réagi en proposant un plan commun au ministère dès le 6 avril. Pour eux, l’urgence est de rééquilibrer le marché en évitant de créer des répercussions à moyen ou long terme. L’enjeu est de permettre à la filière de tenir pour qu’elle se retrouve intacte et prête à rebondir dès que la crise sera terminée. Ils demandent notamment une indemnisation des éleveurs pour le lait jeté et une incitation à réduire les volumes de 10 % pendant six mois. Mieux vaut limiter la production pour ne pas créer de stocks qui pèseraient forcément sur les marchés.
La réponse de l’État n’a pas tardé mais il n’a pas repris l’intégralité du plan. 19 Md $ sont sur la table pour soutenir l’agriculture. 16 Md seront versés directement aux agriculteurs pour compenser les baisses de prix, probablement en une fois, fin mai ou début juin. 3 Md $ seront consacrés à des achats de produits au profit des banques alimentaires. Une aide bienvenue pour elles. Car avec plus de vingt millions de chômeurs supplémentaires en un mois, les files d’attente devant ces établissements prennent des dimensions jamais vues.
Pascale Le Cann
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