Les États-Unis ont enfin trouvé un accord sur leur loi agricole (Farm Bill) pour les cinq prochaines années. La contrainte budgétaire comme l'adaptation à la volatilité des prix ont compliqué les débats. La politique laitière effectue un virage historique. En effet, le soutien des prix, un axe traditionnellement très fort, disparaît.
Jusque-là, les éleveurs recevaient des compensations sous forme de versements directs lorsque les prix intérieurs descendaient au-dessous d'un certain seuil (Milk Income Loss Contract, MILC). C'est terminé. Le programme de soutien à l'export disparaît également. En revanche, l'aide alimentaire perdure. L'État intervient pour acheter des produits laitiers en période de surproduction afin de contenir la chute des prix. Les produits sont distribués aux plus démunis.
Dans un contexte de volatilité des prix, les États-Unis ont décidé de soutenir la marge sur le coût alimentaire, le prix du lait n'ayant plus de sens s'il n'est pas comparé à celui des intrants. Ce nouveau programme est accessible à tous les producteurs sur la base d'un volume de production défini. Cette référence correspond au niveau le plus élevé des livraisons réalisées en 2011, 2012 ou 2013.
Ce volume sera ajusté tous les ans sur la base de la croissance moyenne observée aux États-Unis, et non sur l'évolution réelle de chaque exploitation. L'assurance pourra couvrir entre 25 et 90 % du volume de référence, pour une marge allant de 4 à 8 $/100 livres, au choix de l'éleveur. Pour le niveau minimal de 4 $, le coût de la prime d'assurance est pris en charge par l'État. Les éleveurs qui veulent aller au-delà devront payer une partie de la prime qui sera d'autant plus élevée que le niveau de couverture s'approche du plafond. Le montant de ces primes varie aussi selon la taille de l'exploitation, avec un prix plus élevé au-delà de 4 Mlivres.Les indemnités seront versées lorsque la marge sur coût alimentaire tombera en dessous du seuil de couverture pendant deux mois consécutifs. Il faut savoir que le seuil de 4 $ est celui qui permet aux éleveurs les plus performants de survivre, guère plus. Il correspond à 68 €/1 000 l.
Une idée à reprendre en UE
Soulignons que l'idée de conditionner cette assurance à un engagement de réduction de la production n'a pas été retenue. Défendue par le syndicalisme et la coopération, cette option visait à favoriser un retour à l'équilibre des marchés via une réduction de la collecte. Mais au pays de l'oncle Sam, beaucoup y ont vu une restriction insupportable de la liberté d'entreprendre.Ce mode de soutien par une garantie sur la marge est à l'étude aussi en Europe, et notamment à FranceAgriMer. Mais il n'a pas été intégré dans la Pac 2015 et c'est sans doute regrettable. Les États-Unis, qui reprennent l'offensive sur les marchés laitiers internationaux, donnent un avantage important à leurs farmers.
Pascale Le Cann
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