Aberrant

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Les incohérences et les injustices volent en escadrille, mes inquiétudes aussi.

Ton lait est acheté au même prix qu’il y a trente ans. Même si, en 2022, les prix flambent face à la demande mondiale et à la guerre en Ukraine, te souviens-tu qu’en 2014 nous avions aussi connu une envolée à 385 € de moyenne annuelle avant de redescendre très vite ? Ce qui compte, ce n’est pas le prix de vente, mais bien le différentiel entre le coût de production et le prix de vente car c’est ce qui détermine le bénéfice. Dans la presse, on noie le poisson en communiquant sur des moyennes de marges brutes ou de revenu avant cotisations sociales et impôts. Les industriels n’expriment ces résultats que par un pourcentage de bénéfice rapporté au chiffre d’affaires ; donné en euros, c’est bien toutes charges déduites et après rémunération de tous les salariés, PDG compris.

Noyer le poisson, c’est un art que maîtrise à la perfection Lactalis, qui communique son prix de base à 42 MG et 33 MP. Idem pour Leclerc, qui se vante d’un contrat tripartite mais pour un volume ne représentant que 10 % de ses achats totaux. Merci Savencia, qui annonce un contrat à 401€ tout en restant discret sur un volume, somme toute marginal. Pour eux, des coups de pub à pas cher mais se traduisant de manière insignifiante sur ta facture de lait. Avant, la solution, c’était de produire plus pour augmenter ton revenu. Puis on nous a présenté la méthanisation, ensuite le solaire, maintenant le stockage du carbone comme complément de revenu. Quel que soit leur intérêt, cela ne peut pas masquer le fait que nos produits doivent d’abord être rémunérés au juste prix. Cela ne doit pas exonérer nos coopératives, nos industriels, les GMS et les consommateurs d’acheter un aliment de qualité qui paie le travail des producteurs.

Alors arrive Égalim 2. De l’avis des négociateurs, les discussions furent âpres. Nous devons ouvrir nos livres de comptes, quand industriels et GMS masquent leurs profits derrière des sociétés-écrans. Ces mêmes acheteurs se disent OK pour tenir compte des coûts des denrées agricoles mais les intermédiaires doivent rogner sur leurs charges, pour qu’au final, le prix soit sensiblement le même. Puis arrivent les pénalités logistiques, les remises pour promo et autres artifices sur les MDD. Le chantre de la défense du consommateur introduit dans les contrats une clause qui prévoit qu’en dessous d’un certain pourcentage d’augmentation de la matière première, il n’y ait pas de révision de contrat. Exemple : si la limite haute est à 15 %, jusqu’à 14,99, il n’a pas l’obligation de répercuter la hausse sur le prix d’achat.

On sait que la dépense des ménages va encore baisser avec les prix de l’énergie ; on est mal barré. Dans un caddie alimentaire de 100 €, seuls 7 € vont à l’agriculteur. Le blé rentre pour 5-7 centimes dans le prix de la baguette. Après une embellie durant la crise Covid, le chiffre d’affaires des magasins fermiers bio se contracte fortement. Les épiceries de vrac ferment. Dans la région de Rennes, le marché du bio est saturé. Ceux qui le peuvent vont vendre plus loin, vers Laval, où il reste encore des clients potentiels. On s’interroge face au nombre de jeunes souhaitant s’installer en maraîchage et permaculture. Définitivement trop d’interrogations et peu de réponses, en ces périodes troublées.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

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