Épineuse épigénétique

Article réservé aux abonnés.

(©)

On lègue toujours plus à ses enfants qu’on ne pense. En bien ou en mal, donc méfiance  !

Sais-tu que tu as dans tes chromosomes environ 2 % de gènes de Néandertal ? Pour certains, ça se devine à l’air hirsute et au caractère bourru, mais pour la grande majorité des Homo sapiens, cela ne se voit pas. Mon port altier et ma mine avenante, par exemple, ne disent rien de ma propension à laisser, parfois, mon instinct de chasseur prendre le dessus. Mais il y a bien longtemps que je ne traîne plus ma femme par les cheveux – depuis l’avènement du mouvement #MeToo –, je prends des cachets pour ça. La génétique est ainsi faite qu’à chaque génération, de petites modifications aléatoires agissent comme un filtre qui sélectionne des individus plutôt mieux adaptés à leur environnement. Ces favorisés engendrent une descendance nombreuse, au détriment des autres. C’est ainsi que Darwin expliquait l’évolution des espèces.

Quid de l’inné et de l’acquis ? Le premier serait issu de notre capital génétique, et le second de la somme de nos expériences. Mais à la fin du xxe siècle, l’épigénétique est venue proposer une autre approche : tenter de comprendre comment l’environnement influence l’expression des caractères de manière réversible, transmissible et adaptative. Comment, en gros, une expérience, un stress, une situation, allume ou éteint des récepteurs dans nos gènes. Des expériences ont ainsi montré qu’un rat soumis à un régime alimentaire très gras engendrera des petits sensibles à l’obésité. Et qu’un régime très pauvre en protéines altère le fonctionnement du foie et la production de cholestérols chez ses descendants. Toutefois, l’empreinte de l’expérience vécue par les parents se dilue au fur et à mesure des générations, si elle n’est pas réactivée régulièrement.

Tout ça, c’est bien beau, me diras-tu, mais en quoi ça me concerne ? Loin de moi l’idée d’extrapoler ces études au genre humain – quoique, cela ouvre des perspectives insoupçonnées. En revanche, nos centres­ d’inséminations, eux, s’en préoccupent. Deux lignées de géniteurs, l’une calme et l’autre nerveuse, auront des taux d’hormones glucocorticoïdes (associées au stress) très différentes. Quand on confie un nouveau-né de la lignée calme à une mère adoptive de la lignée nerveuse, le petit développera un comportement stressé et le transmettra à ses descendants­. Et ce n’est pas seulement dû au mimétisme avec sa mère – l’acquis. Une modification des récepteurs de la production d’hormone du stress a également lieu dans son cerveau. Ses descendants auront donc un patrimoine génétique teinté par celui de leur grand-mère d’adoption. Nous sommes dans un cas d’hérédité des caractères acquis.

On peut en déduire qu’une vache pleine subissant un coup de chaleur, exposée à des courants vagabonds, à une alimentation déséquilibrée… ne transmettra pas les mêmes caractères à son veau qu’aux frères et sœurs précédents ou à venir. Une mère porteuse n’est donc pas neutre, elle pourrait influencer le patrimoine génétique du veau. De là, Gènes Diffusion envisage de peaufiner les accouplements en fonction des caractéristiques individuelles… du microbiote intestinal d’une vache et d’un taureau donné. On n’arrête pas le progrès !

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...