On nous demande de vendre au prix mondial et d’acheter au prix français.
Quel que soit le produit , le prix mondial est déterminé par la loi de l’offre et de la demande . Mais ce mécanisme serait trop simple si n’intervenait pas un autre paramètre : la loi du moins-disant économique, qualitatif, environnemental, social. Il faut aussi intégrer dans l’équation les manœuvres bassement mercantiles de traders sans foi ni loi. Le lait est une matière première affectée, entre autres, par les fluctuations du pétrole (ne parle-t-on pas d’or blanc et noir ?) Le marché mondial permet de brader à vil prix les excédents. Seuls 7 % de la production mondiale sont échangés. C’est ce prix qui sert d’indicateur pour les 93 % produits et consommés à l’échelle d’un pays ou d’une grande région. Le lait Spot en France peut varier en quelques mois de 60 à 600 €/t, mais a peu d’impact sur le prix payé au producteur.
Alors nos laiteries , nos organismes comptables, nos OPA, nous tancent : « Nous ne savons pas produire à bas coûts. » Nous devrions livrer à nos transformateurs du lait au prix mondial et acheter à nos fournisseurs au prix français. Je propose donc de prendre les mesures idoines : je vais acheter des tracteurs chinois, des médicaments espagnols, embaucher un vétérinaire roumain, sous-traiter ma compta au Pakistan, exiger que DeLaval me fournisse du matériel de traite au prix argentin… Je ne respecterai plus les normes sociales et environnementales. Comble du cynisme, ou pour me donner bonne conscience, je vais aller à Calais proposer à un migrant de traire les vaches 7j/7 contre le gîte et le couvert. Mais tous nos donneurs de leçons mettent-ils tout en œuvre pour réduire leurs coûts et partager la plus-value ?
Ma question est sans fondement ? Tiens, à propos de fondement, un qui mériterait d’être sévèrement botté, c’est celui de nos coops et industriels. Sais-tu que le prix moyen de la crème sur les trois dernières années s’établit autour de 3 600 €, mais que depuis quelques semaines, il avoisine les 6 000 €/t en Spot. Quand tu livres ton lait à 38 g de MG et que tu retrouves 15 g dans un pack demi-écrémé, ta laiterie récupère entre 0,14 € par litre (6 000 €/1 000 x 0,023g). L’UHT serait un marché de dégagement qui ne rapporte rien ? Alors pourquoi LSDH, laiterie qui ne vend que du lait UHT, a payé ses producteurs 320 € de moyenne sur l’année 2016. Le beurre manque en France. Les pâtissiers pensent que le prix arrivée boulangerie pourrait atteindre 15 000 €/t. Qui encaisse la différence ?
« Xavier Beulin encourageait les filières, en particulier l’élevage, à constituer des fonds interprofessionnels pour l’utilisation des marchés à terme (donc la bourse) pour une gestion collective du risque par les coopératives et les négociants. » (France agricole.fr) Mondialisation, te dis-je ! L’une des caractéristiques des matières premières est que le transformateur se moque bien du coût de production. Des producteurs cessent le métier, des régions se désertifient et quand on manquera de lait en France, les transformateurs iront voir ailleurs. La mondialisation…
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