
Ce Rebrousse-poil n’a jamais aussi bien porté son nom, avec le raisonnement qui suit…
Mon ami Bernard m’annonce : « Ça y est, j’ai la retraite. » Puis, désabusé : « 731€ nets pour une carrière complète. » Merci, la nation reconnaissante ! Le débat sur la réforme des retraites bat son plein et nous serions tentés de dire que la refonte totale dans le système général ne peut être que bénéfique. Avec un niveau de pension aussi bas, nous ne pouvons que progresser ! Mais à quel prix ? Combien nous coûtera un point acquis ? Car si nous pestons quand il faut faire le chèque à notre caisse, qu’en est-il du montant des autres catégories socio-professionnelles ? Et puis le prélèvement de CSG RDS couplé à notre cotisation contribue à noyer le poisson. Bref, le sport national est de payer le moins possible de cotisations au motif que nous ne toucherons rien à la retraite, ou si peu…
Il y a ceux qui dégagent si peu de revenu (moins de 6 000 €) qu’ils versent la somme forfaitaire. Puis il y a la fameuse tranche (7000 € à 15000 €) où tu ne capitalises que 30 points, ce qui n’incite pas à être en haut de l’échelle. Ensuite, c’est progressif, quel que soit ton revenu. Bref, moins on verse, mieux on se porte. Ce raisonnement à court terme est simpliste. Et ne vous méprenez pas sur ce qui va suivre. J’ai assez taclé ici l’institution pour ne pas être accusé de collusion.
Prends un retraité de base à 750 € et un autre qui a cotisé sans trop chercher à minorer ses revenus. Il a engrangé de 30 à 45 points les vingt-cinq premières années puis progressivement 60, 80 pour finir à 100 (si, il y en a !), avec l’espoir d’une pension autour de 1 150 €, soit 400 € de plus par mois. Avec une espérance de vie moyenne, pour un homme, de 80 ans, il peut espérer toucher sa retraite pendant vingt ans soit 400 € x 12 mois x 20 ans = 100 000 € de plus que le premier. Je t’entends hurler que c’est théorique, et que tout le monde n’a pas ce niveau de revenu, et que… Que le premier qui n’a pas investi pour effacer une DPI me jette la première pierre.
Collectivement, nous avons contribué à appauvrir notre caisse, et je m’explique : quand ton comptable te présente tes résultats, il y a les trois colonnes avec les prélèvements sociaux et fiscaux sans DPI puis avec DPI mini, moyenne et maxi. Forcément, tu es tenté de choisir la DPI médium ou maxi et ce, tous les ans. Au bout de cinq ans, il faut la réintégrer, et le piège se referme. Tu achètes un tracteur ou un lot de taurillons, à cheval sur deux exercices pour jouer sur les stocks. Nos banques et nos comptables nous ont aussi incités à souscrire des placements de type Madelin, dont les versements sont défiscalisés. Sais-tu que pour toucher sous forme de rente la somme placée, tu dois vivre au moins 90 ans afin de récupérer le capital, et 100 ans pour les intérêts ? Bien sûr, c’est fiscalisé à la sortie, donc ce que tu as économisé à l’entrée, l’État te le reprend. Là aussi, nous avons pénalisé notre caisse de retraite et les grands gagnants sont ta banque et sa filiale d’assurance. J’ai toujours dit que ce que tu ne donnes pas à la MSA, tu le donnes au para-agricole. La MSA ne te donnera peut-être pas grand-chose, mais ton marchand de tracteurs, de robots, ton charpentier, ton banquier, le contrôle laitier, l’inséminateur, le négociant… eux ne te donneront rien du tout.
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