« Il existe des outils pour couvrir les risques de fluctuation de prix  »

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Face à la volatilité des prix, les acteurs de la filière laitière cherchent à sécuriser leurs recettes. Les marchés à terme mais aussi les marchés des « futures  » peuvent les aider à gagner en visibilité, y compris pour les éleveurs.

Comment les marchés à terme laitiers peuvent-ils fonctionner concrètement ?

Brigitte Misonne : Il faut distinguer le marché à terme et le marché des futures. Tous deux visent à se couvrir contre le risque de fluctuation des prix. Le contrat à terme débouche sur la vente physique des produits, à un prix défini à l’avance pour une date de livraison fixée. Le marché des futures est un instrument financier qui ne donne pas lieu à un échange physique. L’acheteur est un opérateur financier qui accepte de garantir le prix demandé par le vendeur sur une certaine durée fixée dans le contrat. Le vendeur dispose ainsi d’une sécurité sur son prix pendant la période. Si les prix réels baissent, le vendeur est gagnant.

Le marché des futures ne se substitue pas à la vente physique des produits qui s’opère sur le marché réel. Il constitue un instrument distinct que les opérateurs peuvent utiliser pour contrebalancer les éventuelles fluctuations de prix à venir. En deux mots, les opérateurs couvrent une transaction réelle par une transaction opposée sur le marché des futures afin que la compensation des deux soit neutre (une perte sur la transaction physique sera compensée par un gain équivalent sur le marché des futures, et vice-versa).

Le maniement du marché des futures requiert de bonnes connaissances. Si l’on ne maîtrise pas son fonctionnement, on peut prendre des positions qui augmentent le risque au lieu de le réduire.

En quoi ces mécanismes peuvent-ils réduire les effets de la volatilité des prix ?

B. M. : Le marché des futures donne une stabilité dans le temps, indépendamment de l’évolution des prix réels. Son utilité apparaît plus clairement pour les produits laitiers échangés sur le marché mondial, où la volatilité des cours est la plus forte. À cet égard, il est utile de rappeler que la plus grande partie de la production laitière de l’Union est transformée en produits à haute valeur ajoutée (fromages, yaourts, etc.) consommés au sein de l’Union. De ce fait, le marché des futures n’apparaît pas nécessairement comme la panacée pour le secteur laitier. En revanche, les ­contrats à terme peuvent être utilisés par les opérateurs (et le sont d’ailleurs) pour gagner en ­visibilité sur le prix.

Ces instruments peuvent-ils être utilisés par les producteurs de lait ?

B. M. : Pour qu’un produit puisse faire l’objet d’un marché des futures, il doit être standardisé, non différencié et stockable. Ces caractéristiques rendent le lait cru impropre au fonctionnement d’un tel marché, contrairement aux produits laitiers transformés. En théorie, les producteurs de lait peuvent utiliser le marché des futures existant pour le beurre et la poudre de lait afin de couvrir leurs risques. Mais, en l’absence d’une bonne connaissance de son fonctionnement, une telle opération s’avère risquée.

En revanche, les éleveurs peuvent négocier des contrats à terme avec leur acheteur pour sécuriser leur prix dans le temps. Cela existe dans l’Union européenne chez quelques coopératives. Elles garantissent un prix aux producteurs sur une durée qui va, dans ­certains cas, jusqu’à trois ans. Elles ne s’engagent que sur une partie de la production et prévoient parfois une fourchette pour tenir compte d’éventuelles évolutions majeures, à la hausse ou à la baisse.

En parallèle, elles se couvrent elles-mêmes par des contrats à terme sur leurs autres achats pour conserver une bonne visibilité. Les éleveurs sont gagnants si le prix réel versé durant la période est inférieur à celui auquel ils ont contractualisé.

Euronext a créé un marché de ce type en 2015, avec un succès très mitigé ; qu’en est-il exactement ?

B. M. : Dans l’Union, il existe actuellement deux marchés des futures pour les produits laitiers (beurre, lait écrémé en poudre et lactosérum en poudre) : Euronext et EEX. Dans chacun d’eux, la liquidité (élément crucial pour le fonctionnement d’un tel marché) reste limitée pour l’instant. En clair, le nombre d’opérateurs intéressés est trop faible pour que l’activité se développe.

Propos recueillis par Pascale Le Cann
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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