Ô rage, ô désespoir !

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De la grève du lait à la loi Égalim, peu de fruits récoltés pour combien de semences jetées.

Dix ans déjà que la grève du lait agita nos campagnes et que les images de l’épandage dans la baie du Mont-Saint-Michel firent le tour du monde. Les prix abusivement bas nous avaient mis en rage et, en désespoir de cause, nous avions ouvert les vannes. Pendant ces quinze jours, et longtemps après, nous avons participé à des réunions rassemblant plusieurs centaines de producteurs. De ces échanges naquit l’espoir qu’enfin nous pourrions inverser la tendance. Malheureusement, la majorité des producteurs ne prirent pas le relais, par manque de message syndical fort. Face au travail de sape et de désinformation des collecteurs, le mouvement s’éteignit, faute de combattants. Une belle aventure.

Dix ans après, qu’en reste-t-il ? Le mouvement « apliste », à l’origine de la grève, connut un gros trou d’air après cette période, mais aujourd’hui, il est toujours actif et fait entendre sa voix à Bruxelles à travers l’European Milk Board. Le message d’un lait à 400 €, qui paraissait utopique il y a dix ans, n’est plus si farfelu. La régulation de la production, prônée par l’Apli, revient sur le tapis à chaque crise. Elle est aussi vite oubliée par les décideurs quand le marché se redresse. Nous martelions à l’époque que nous devions nous rassembler en organisation de producteurs pour massifier l’offre, mais Bruno Lemaire (et ses contrats) est passé et les OP verticales par laiteries ont montré leurs limites. Il fallut attendre plusieurs années pour enfin faire reconnaître la nécessité des OP transversales, comme France Milk Board. Et puis, belle réussite, le premier lait équitable FaireFrance est aujourd’hui copié. Alors le verre à moitié vide ou à moitié plein ? Dix ans après, on commence à récolter les fruits et en agriculture, on sait qu’il faut attendre entre le semis et la récolte.

Puis arrivent les États généraux de l’alimentation. Là encore avec les collègues, nous avons l’espoir d’un jour nouveau. Nous participons aux consultations, rencontrons Olivier Allain, le rapporteur, puis de nombreux députés et responsables professionnels. Nous leur expliquons la mainmise des transformateurs, la difficulté d’organiser de nouvelles filières face au blocage et à l’intimidation de Lactalis, mais aussi à l’inertie (et c’est peu dire) des coops. Nous proposons des idées nouvelles. Arrive la loi Égalim, avec l’inversion de la construction des prix et la suite. Quand le gouvernement décide de diminuer la vitesse sur nos routes de 90 à 80 km/h, en six mois, il fait changer les panneaux et le lendemain, les radars flashent. Là, les transformateurs rechignent. Les GMS se font de la pub en payant 400 € quelques trop rares producteurs engagés dans des filières, tout en se rattrapant sur les produits MDD exclus des négociations.

Alors, c’est une loi ou pas ? Faudra-t-il attendre dix ans pour en récolter les fruits ? Beaucoup ne seront plus là !

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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