Le « coup de gueule » du comté

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Rivière emblématique du Doubs, la Loue n’est plus que l’ombre d’elle-même. Fini les années 1970-1980 où l’on venait de toute l’Europe pêcher à la mouche truites et ombles chevaliers. Ces poissons ont vu leur population lourdement chuter. Depuis la première augmentation massive de la mortalité, en 2009, on le soupçonne : l’agriculture et l’élevage dédié aux AOC franc-comtoises – comté, morbier, mont-d’or – y ont leur part de responsabilité.

Des travaux de l’université de Besançon, publiés l’an dernier, l’ont démontré, en les pointant du doigt comme la principale source de pollution excès d’azote, accroissement des teneurs en bicarbonate. Mais pas la seule. L’activité humaine et la filière bois sont aussi en cause.

D’autres études montrent par ailleurs que le réchauffement climatique, avec ses périodes de sécheresse et de fortes précipitations, joue sur le processus de nitrification, augmentant le relarguage de l’azote du sol.

Les quatre syndicats agricoles à l’unisson

Si la filière comté ne nie pas la situation alarmante de la Loue et le diagnostic posé, elle dénonce l’acharnement dont elle fait l’objet depuis un an de la part de SOS Loue, une association environnementaliste.

Les FDSEA, JA, Confédération paysanne et CR du massif du Jura ont cosigné un communiqué en ce sens. Il transpire, dans cet acte fort, un sentiment partagé d’injustice alors que le comté a amendé son cahier des charges de façon à mieux protéger et préserver ses milieux naturels, avec des mesures loin d’être cosmétiques. Elles touchent en effet aux structures des acteurs économiques, dépassant le concept originel des AOP. Il faudra d’ailleurs à Paris beaucoup d’énergie pour les faire accepter à Bruxelles puisqu’elles écornent sa sacro-sainte liberté d’entreprise. Le comté veut ainsi limiter la taille des élevages, le nombre de vache par actif, la productivité animale, encadrer la croissance des fromageries. Prévus aussi : l’obligation d’un plan d’épandage et de fumure individuel avec gestion à la parcelle, la réduction de 20 % du plafond pour l’épandage de lisier, à 100 unités d’azote par hectare, l’interdiction de fertiliser avant le seuil des 200°, l’accroissement de 1 à 1,3 ha de la surface disponible par vache.

Jean-Michel Vocoret
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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