La Région Bretagne veut prendre la main sur le premier pilier

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Nouveau. Alors que la gestion des MAEC doit être renationalisée, la Bretagne souhaite gérer l’intégralité des crédits de la Pac. Une position qui laisse la FRSEA dubitative.

La régionalisation des Feader depuis 2014 se solde par un bilan positif pour le Conseil régional de Bretagne, qui ne demande qu’à maintenir voire amplifier son rôle. La décision d’Édouard Philippe de renationaliser les MAEC en 2023 ne lui convient guère. « Les MAEC systèmes constituent un très bon outil pour avancer dans la transition écologique », argumente Olivier Allain, vice-président du Conseil régional, chargé de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Avec un budget annuel d’un demi-milliard d’euros, « la Pac est un levier majeur d’accompagnement de l’évolution de l’agriculture ». Mais entre 2013 et 2019, la région a perdu près de 100 M€ sur les aides du premier pilier. Quasiment exclue du dispositif des ICHN, elle a peu profité du transfert vers le second. Or, dans une Pac régionalisée, les transferts se feraient sans perte financière. Pour convaincre les organisations agricoles, la Région insiste sur sa volonté de co-construire­ la nouvelle politique avec elles. Elle a néanmoins dévoilé les grandes lignes de son projet. Elle estime que les mesures relevant de l’organisation des marchés et de la gestion des risques doivent rester sous la responsabilité de l’État.

Renforcer l’agroécologie et les fermes familiales

La future politique agricole bretonne pourrait s’articuler autour de trois axes, dont le renforcement du modèle d’agriculture familiale. Dans ce but, les aides directes seraient plafonnées par actif et les petites exploitations recevraient un minimum forfaitaire­. Des paiements couplés pourraient être alloués aux filières les plus fragiles dont fait partie le secteur laitier.

Le deuxième objectif concerne le développement de l’agroécologie afin de doubler le nombre d’agriculteurs engagés (un sur cinq aujourd’hui). Des contrats pourraient encourager les exploitations pour aller vers le bio, les systèmes herbagers ou encore les productions labellisées. Enfin, pour main­tenir le potentiel de production agricole et agroalimentaire, des aides spécifiques viendraient renforcer la compétitivité des exploitations. Il s’agirait par exemple de soutenir l’investissement dans le cadre des contrats de transition agroécologiques.

L’État n’a pas encore donné sa réponse, mais Olivier Allain s’affirme confiant. Le Premier ministre, Jean Castex, se présente en effet comme « l’homme des territoires ». De plus, aucune des organisations agricoles auditionnées à ce sujet ne s’est franchement opposée à la régionalisation de la Pac. Cependant, le président de la FRSEA, Thierry Coué, a fait part de ses inquiétudes au président de la Région. « Nous voulons une agriculture moderne, qui investit, qui mise sur la recherche, et qui dégage des revenus. » S’il n’est pas opposé à l’agroécologie et reconnaît que depuis 2014, la Région, l’État et les filières ont bien travaillé ensemble, il se montre dubitatif : il craint que la transformation bretonne­ n’aille plus vite que celle de la demande des marchés. Il redoute aussi l’émergence d’une nouvelle forme de distorsions de concurrence entre les régions.

Pascale Le Cann
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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