Pourquoi la Confédération paysanne a-t-elle adhéré à France Milk Board ?
Gérard Durand : Notre syndicat n'a ni les moyens ni l'envie de créer des OP. Nous avons préféré définir nos priorités et voir comment les projets sur la table les intégraient. Nous pensons que demain, toute organisation qui contribuera à structurer la production laitière doit répondre à trois conditions. D'abord, agir dans le but de maîtriser les volumes pour adapter l'offre à la demande. Les quotas ont plus ou moins bien répondu à cet objectif, mais avec un manque de souplesse évident. Deuxième point, la vision franco-française n'a plus de sens puisque la politique laitière se décide à vingt-sept. D'ailleurs, il aurait été plus logique de définir la politique européenne de l'après-quotas avant de se lancer dans les contrats, mais le ministre en a décidé autrement. Enfin, le pluralisme syndical est une nécessité. Le temps où un syndicat unique pouvait prétendre représenter tout le monde est révolu.
Sur la base de ces convictions, nous avons regardé les deux projets existants, à savoir celui de la FNPL et celui de l'Apli. Il nous est apparu clairement que nos priorités étaient beaucoup mieux prises en compte dans le second. C'est une évidence en ce qui concerne le pluralisme syndical. Sur le terrain, les OP sont présentées comme asyndicales. Mais les porteurs des projets sont adhérents FNSEA et les discussions précises sur les contrats se passent à la FNPL. Par ailleurs, ce projet d'OP par laiterie revient à créer une nouvelle spécificité française déconnectée de l'environnement européen. Et puis, la FNPL ne parle pas de la nécessité d'adapter l'offre à la demande. Le projet de l'Apli et de l'OPL est bien plus proche de nos idées avec une OP nationale négociant un contrat type, et des déclinaisons par bassin et par laiterie. C'est ce qui nous a conduits à adhérer à France Milk Board. Nous pensons pouvoir construire avec eux.
Concrètement, où en êtes-vous dans la proposition de nouveaux contrats ?
G. D. : Notre but est d'écrire un contrat type à partir de nos exigences et non de reprendre les contrats des laiteries afin de tenter une renégociation. Notre contrat type a vocation à constituer une base commune pour tous, indépendamment des laiteries. Quand il sera rédigé, nous organiserons des réunions avec tous les éleveurs pour le discuter avec eux. C'est à ce moment-là, pendant l'été, que nous espérons une vraie adhésion des éleveurs. Tout l'enjeu est là. Le fonctionnement démocratique est essentiel pour nous. Nous allons créer une OP qui sera chargée de négocier avec les laiteries. Nous pensons qu'une négociation collective est indispensable pour protéger le plus faible vis-à-vis du plus fort.
Que trouvera-t-on dans ce contrat ?
G. D. : Les propositions envoyées par les laiteries sont pour la plupart inacceptables parce qu'elles répercutent tous les aléas de la mise en marché sur les éleveurs. Les industriels ne cherchent qu'à sécuriser leur approvisionnement et nient les aléas climatiques et sanitaires inhérents à l'élevage. C'est pourquoi nous insistons sur plusieurs points dans notre contrat. Le prix de base doit être le même pour tous. Il doit être établi en référence à un prix d'équilibre incluant une rémunération normale pour l'éleveur d'une part, et en tenant compte de la valorisation des produits laitiers d'autre part. Sur la gestion des volumes, nous estimons que les éleveurs doivent pouvoir être en sous-réalisation de 25 % sur deux ans, sans pénalités. Ces éventuelles pénalités ne doivent en aucun cas entrer dans la poche des laiteries. Nous insistons aussi sur la liberté des éleveurs qui doivent pouvoir conduire leur exploitation, s'impliquer syndicalement, ou encore transmettre leur outil, sans en référer à la laiterie. Quant au mandat de facturation, il doit être limité au lait. Tout prélèvement de créance pour un tiers doit faire l'objet d'un mandat spécifique.
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