
Jeffrey M. Masson est un essayiste américain connu pour ses travaux sur Freud. Ce psychologue se dit spécialiste du comportement animal. Dans son dernier livre, La Vie émotionnelle des animaux de la ferme, il s’évertue à démontrer que les animaux d’élevage ressentent les mêmes émotions que les hommes. De ce fait, il ne serait plus admissible de les tuer pour les manger.
On y apprend que les veaux d’élevage passent leur vie dans une « caisse à peine plus grande qu’eux » et sont maintenus en état d’anémie afin d’obtenir une viande blanche. Des pratiques interdites en Europe depuis belle lurette. Le traducteur aurait pu le préciser ! Même chose pour l’engraissement de bovins, présenté comme dépendant des hormones.
Une ignorance stupéfiante
Mais le plus croustillant – ou désolant – concerne les vaches laitières. Sachez que les races les plus courantes sont la holstein et… la guernesey ! « Dans le pire des cas, les vaches sont traites de façon intensive, la plus grande partie du jour et de la nuit, par des machines automatiques » […] « Dans les fermes familiales, de plus en plus rares, une vache n’est traite que deux fois par jour. » Une telle ignorance laisse pantois. Bien sûr, l’auteur insiste sur la séparation des veaux de leurs mères et sur le « chagrin » qui en résulte, sur l’« amour » brisé. On nage dans l’anthropomorphisme. Les éleveurs sont bien placés pour savoir ce que les bovins ressentent. C’est d’ailleurs ce qui les pousse à aimer leur métier, et à bien soigner leurs animaux.
Ce livre n’est qu’un exemple de diabolisation de l’élevage et de la consommation des produits animaux. Pour un initié, les erreurs manifestes qu’il contient décrédibilisent le discours. Hélas, elles passent inaperçues pour un néophyte. Jouer sur les sentiments et répéter les mensonges pour écorner, voire remplacer, la vérité est une technique de persuasion connue. La multiplication des livres ou documentaires de ce genre risque de faire douter les consommateurs, dont une partie renoncera aux produits animaux. Il est impératif que les éleveurs et les filières rétablissent la vérité.
Albin Michel, 265 pages, 21,5 €.
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