Hormis les fromages à pâte pressée cuite, le lait cru et les fromages au lait cru sont déconseillés pour les enfants de moins de 5 ans. La Direction générale de l’alimentation (DGAL) et l’Anses les ont inscrits dans la liste des aliments à éviter pour cette classe d’âge. Dans une instruction technique du 2 mai 2019, la DGAL indiquait un sur-risque réel d’infection bactérienne. « Les enfants de moins de 5 ans ne doivent en aucun cas consommer ces produits », écrit-elle. Le 12 juin, l’Agence de sécurité sanitaire enfonçait le clou dans son avis sur les repères alimentaires pour les 0-3 ans.
Des risques d’infection grave avant cinq ans
Ces deux publications tirent les conséquences des cas de près de 30 enfants atteints, en 2018 et 2019, d’infections rénales aiguës (SHU, syndrome hémolytique et urémique). Ils avaient consommé du reblochon, du saint-félicien ou du saint-marcellin contaminés par une souche pathogène d’E. coli. « Les enfants de 5 ans et moins sont les plus touchés par ces E. coli entérohémorragiques car ils ne disposent pas d’un effet barrière fort. Cela peut aller jusqu’à leur décès », expliquait en janvier, dans un colloque sur les fromages au lait, Éric Oswald, du comité d’experts spécialisé, Biorisk, de l’Anses. Cette liste ébranle le monde des fromages AOP qui redoute la mauvaise publicité, alors que la naturalité de ses produits est plébiscitée par les consommateurs (+1 % de croissance par an). Il craint aussi que les enfants passent à côté des bénéfices pour la santé qu’apportent, à long terme, les fromages au lait cru. Porteurs de microbiotes, ils contribuent à la diversité microbienne de notre alimentation… qui est en recul avec les pratiques hygiénistes des dernières décennies.
Un effet protecteur à long terme
« Cette érosion favorise l’émergence de maladies de la modernité, tels le diabète, l’obésité, les allergies, etc. », affirme Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d’histoire naturelle. Or, plusieurs études sur un grand nombre d’enfants montrent que la consommation de lait cru ou d’une grande diversité de fromages durant les 18 premiers mois protège d’allergies et de la dermatite atopique. En fixant le repère à 5 ans pour les fromages au lait cru « hors pâtes pressées cuites », insiste Éric Oswald, les pouvoirs publics tentent de trouver le bon équilibre entre risques à court terme et bénéfices à long terme pour la santé.
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