Terroir. Le gros mot « décroissance » est lancé pour se recaler sur le potentiel du terroir.
Les filières AOP du massif du Jura vont devoir apprendre à vivre avec une année 2018 appelée à se répéter. « Car le réchauffement climatique est là et les trente prochaines années déjà écrites. Sur la zone comté, cela veut dire, à l’horizon 2050, le même climat que la Toscane aujourd’hui », a résumé Frédéric Levrault, expert du changement climatique pour l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), lors d’une journée FDGeda du Doubs.
Le propos met à mal la dynamique d’élevage et de production laitière sur la zone boostée par du lait à un prix à plus de 500 €/1000 litres. Il invite ceux qui ont poussé le bouchon trop loin au risque d’aller dans le mur à changer de logique .
Saturer les systèmes oui, mais à 80 %
De 2010 à 2015, on a produit ici plus de lait en s’agrandissant et en travaillant plus. Cette croissance s’est faite aussi par une intensification des systèmes. Plus de lait par vache, plus de vache par troupeau, plus d’UGB à l’hectare… « Cette logique qui pousse à flirter avec les limites du cahier des charges des AOC fait prendre des risques à l’image du produit. Elle est aussi préjudiciable pour la résilience des exploitations. Les systèmes des plus productivistes sont saturés à 100 % alors qu’ils devraient l’être à 80 % pourencaisser des coups durs climatiques », résume Mathieu Cassez, du réseau Inosys Franche-Comté. La sécheresse 2018 ne fait que rappeler à ce bon sens.
« Pour retrouver l’équilibre fourrager souhaitable, soit 3 t/MS stockées par UGB, jouer sur l’offre n’apportera que des solutions à la marge. Il faut réduire le nombre d’animaux », explique le conseiller. Le gros mot est lancé : « décroissance », pour se recaler sur le potentiel du terroir.
Une logique inéluctable
Il y a donc urgence à revoir à la baisse la politique d’élevage. Le fait est que dans cette région d’éleveurs, l’IA sexée a permis à un grand nombre de réaliser un rêve : élever le maximum de génisses pour mieux les sélectionner ensuite. Reste à savoir si agir sur ce levier sera suffisant. À défaut, il faudra entrer dans le dur : réduirele cheptel de laitières… et de fait, le produit lait. « Les AOP franc-comtoises pourraient bien devoir franchir ce pas, si elles veulent faire mieux en matière de réduction des gaz à effet de serre. Elle passe par encore moins d’engrais de synthèse, moins de prairies retournées et de tourteaux de soja importés, obligeant à revoir à la baisse des objectifs de productivité animale élevée. »
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