Les modifications du cahier des charges que l’interprofession du comté vient de valider visent à couper court aux dérives d’intensification dans lesquelles certains commençaient à plonger… Au risque de casser l’image du comté auprès du consommateur et, avec elle, sa réussite économique insolente. C’est le développement de l’affouragement en vert et le débat autour du robot de traite qui avaient mis en branle cette mécanique. Elle débouche sur bien plus qu’un simple toilettage du cahier des charges. Comme annoncé, l’affouragement en vert sera plus restrictif (interdit avant le 1er juin, limité à 75 jours). Sont confirmés aussi les 50 ares pâturables par vache dans un rayon de 1 à 1,5 km autour du point de traite (la distance reste à préciser), le passage à 1,3 ha d’herbe par VL ou encore la limitation de la productivité du troupeau à 8500 litres/VL (lait livré).
Pas plus de 1,2 Ml par exploitation
D’autres mesures sont tout un symbole : ainsi, la limitation de la taille des exploitations à 1,2 Ml. En 2007, le comté avait renoncé à limiter la taille de ses fromageries, redoutant le veto bruxellois pour cause de frein à la liberté d’entreprise. L’AOC abondance ayant, sur cette même mesure grâce à son argumentaire, réussi à obtenir le sésame de Bruxelles, le comté fait le pari qu’il pourra le décrocher pour la taille des fermes. L’argumentation de cette décision politique reste à construire. Mais elle semble tomber sous le sens si le comté veut maintenir des zones rurales vivantes. Avec ce seuil, seules une dizaine d’exploitations sur les 2 474 de l’AOC ne seraient pas dans les clous.
Autre mesure symbolique à faire avaler à l’UE, celle de producteurs à comté, personnes physiques, agriculteurs professionnels décisionnaires sur leur ferme, majoritaires donc dans le capital de l’exploitation. Exit ainsi toute velléité de capitaux extérieurs qui piloteraient les fermes, s’appuyant sur une main-d’œuvre 100 % salariée. Car le risque est bien là (lire p. 24).
Applicable au mieux en 2020
Ce cahier des charges resserré pourrait être présenté cet automne à l’Inao, qui devrait nommer une commission d’enquête. Ce n’est qu’au terme de son rapport que ces mesures seront validées au niveau national, avant d’être transmises à l’UE. Conclusion : elles ne seront pleinement actives au mieux qu’en 2020, 2021.
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