Congrès. Les éleveurs du réseau EDF ont le sourire face à leurs résultats. Mais la montée des demandes sociétales inquiète.
L’Espagne a accueilli le congrès European Dairy Farmers 2018 en juin. Avec un profit moyen de 14 €/t de lait, primes Pac incluses, et après rémunération de la main-d’œuvre familiale, les éleveurs du réseau qualifient leurs résultats 2017 de très bons. « Cela s’explique en partie par un bon prix du lait à 330 €/t en moyenne, même si on voit l’influence de la date de l’exercice sur ce poste », précise Steffi Wille-Sonk, chez EDF.
La hausse de productivité laitière dilue les charges
Trois pays se distinguent par des prix plus faibles et plus de variations entre les éleveurs. C’est le cas de la France (320 €), de l’Allemagne (300 €) et du Royaume-Uni (280 €). Mais le prix ne fait pas tout. La mesure de la corrélation entre le prix et le bénéfice le montre bien. La productivité laitière a progressé, en moyenne, de 200 kg/vache en 2017 (500 kg depuis 2015), ce qui contribue à diluer les charges. De plus, de nombreux éleveurs avaient investi en prévision de la fin des quotas. Le poids de ces charges commence à s’alléger, ce qui améliore la rentabilité.
« Globalement, les éleveurs enregistrent une légère hausse des charges, compensée par le gain de productivité laitière », analyse Steffi. Au final, le prix d’équilibre moyen, qui permet de couvrir toutes les charges, s’oriente à la baisse : 344 €/t hors primes Pac pour les éleveurs conventionnels de l’UE, contre 377 € en 2015. Les Français sont à 360 €. Comme toujours, les Irlandais et les Tchèques caracolent en tête (290 et 280 €), les Néerlandais ferment la marche à 420 €. Ces résultats surprendront les Français. Rares sont ceux qui affichent l’impression d’avoir fait une bonne année 2017. Il est vrai que les résultats du réseau EDF ne sont pas représentatifs d’un pays. Mais les gros écarts constatés dans ce groupe se retrouvent sans doute aussi à l’échelle nationale.
Pour l’avenir, les éleveurs EDF se préoccupent des attentes sociétales qui explosent dans le monde. Avec des impacts variés selon les pays. Certaines entreprises (Arla, Friesland Campina, Müller) se sont empressées de les répercuter aux producteurs. Ailleurs (Royaume-Uni, Suisse, Suède), c’est la réglementation qui évolue pour prendre en compte ces demandes. La France se trouve dans une position intermédiaire. Mais les éleveurs doivent savoir que pour la société, l’accès au pâturage est majeur. L’absence de souffrance (sensibilité à l’écornage des veaux) pèse lourd aussi, de même que la réduction de l’usage des antibiotiques. D’une manière ou d’une autre, cela aura des répercussions sur la façon de produire.
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