Pourquoi Bongrain défend-il la mise en place d'un indicateur d'écart de prix avec l'Allemagne ?
Daniel Chevreul : Le groupe exporte 45 % de ses volumes de lait transformés en France, essentiellement vers l'Allemagne. Être compétitif par rapport à ce pays est donc un souci majeur. Si nous y sommes présents avec des produits à valeur ajoutée grâce à nos spécialités fromagères, nous ne pouvons pas être déconnectés des prix de revient locaux.
Qu'est-ce qui garantit son maintien si le prix allemand est supérieur, comme ce fut le cas en 2007 ?
D. C. : Les premières fluctuations du prix du lait sont arrivées brutalement début 2007, mettant à mal le mécanisme français de lissage du prix du lait qui était opérationnel dans un marché peu fluctuant. L'expérience de ces trois dernières années nous montre que la filière n'a pas intérêt à être déconnectée du marché. Avec 35 % de ses volumes exportés, son avenir dépend plus de l'export. Les prix des lait français et allemand se rapprochent. Il faut continuer. Et si le prix allemand s'enflamme, les industriels maintiendront l'application de l'indicateur. Au-delà du prix du lait, la filière française rencontre un problème de compétitivité, dont des coûts de production trop élevés pour une partie des producteurs.
Les producteurs français peuvent aussi faire le reproche de manque de compétitivité aux industriels.
D. C. : La transformation française fait des efforts de restructuration, comme en témoignent les fusions récentes Sodiaal-Entremont ou Eurial-Glac. Le groupe Bongrain fait sa part. Sa plus importante contribution est la création de la Compagnie des Fromages et RicheMonts avec Sodiaal en 2007. Elle lui a permis de peser 115 000 t sur le marché des pâtes molles en 2009, dont 34 000 t à l'exportation. Bongrain a aussi fermé son site de lait UHT (80 Ml) ) pour doubler la capacité de la coopérative Coralis (Ille-et-Vilaine), etc. Cela n'a pas bougé autant chez les producteurs.
Comment Bongrain envisage-t-il sa relation avec les producteurs après 2015 ?
D. C. : Nous achetons 2,4 milliards de litres de lait en France. La moitié est contractualisée avec des coopératives. L'autre est directement collectée auprès de producteurs. Nous n'avons pas l'intention de nous séparer de cette partie pour la confier à des structures de collecte, au risque de perdre le lien avec la production. Notre relation évoluera à la fin des quotas puisque nous négocierons les volumes à produire. Avec les producteurs que nous collectons, ces discussions seront facilitées s'ils sont en groupements. Cela supposera un contrat tripartite entre le groupement de producteurs et Bongrain, et entre le producteur et son groupement, sans d'ailleurs que cela oblige à un transfert de propriété commerciale de la part de l'éleveur vers le groupement. Une telle démarche exposerait ce dernier à davantage de responsabilités en termes de régularité de la production, des laits de week-end, etc. Le contrat formalisera le volume avec des engagements réciproques. Il faut accepter les contraintes de chacun.
Comment les producteurs accéderont-ils au même niveau d'information que vous pour négocier prix et volumes ?
D. C. : La France a la chance de disposer d'une interprofession qui fournit des données de marché à tous les acteurs de la filière. À partir d'une analyse de l'offre et de la demande, elle pourrait publier une recommandation d'évolution de volumes. Les entreprises engageront alors des discussions pour la combiner à des indicateurs de prix relatifs à leurs mix-produits. Ne cherchons pas à compliquer le système par un mécanisme de prix et volumes différenciés qui sera difficile à mettre en place. Les transformateurs feront leur péréquation pour un prix moyen
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