Avec la suppression du monopole de zones dont ont bénéficié les coopératives d'insémination artificielle pendant plusieurs décennies, les entreprises de sélection sont entrées de plain-pied dans l'ère de la concurrence. Cette évolution modifie aussi la relation que les éleveurs ont avec elles. Pourquoi ne seraient-ils pas à l'initiative de la concurrence en confrontant les prix d'achat de doses qu'elles proposent ? Des éleveurs de race normande de la Manche et du Calvados ont franchi le pas. En 2010, quinze producteurs - surtout des sélectionneurs - créent l'association Normande IPE (insémination par l'éleveur). Ils lancent leur premier appel d'offres en juin auprès des ES de l'Ouest pour 3 000 doses. Ils le renouvellent en juin 2011 pour 3 800 doses et cette année pour 4 000. L'association s'est agrandie et compte aujourd'hui trente éleveurs adhérents.
Un gain de 6 à 7 € par dose
« Nous ne sommes pas qu'un simple groupement d'achat, souligne David Cahorel, le président. Nous sommes des éleveurs-inséminateurs motivés par le suivi de notre troupeau, du choix des taureaux à l'insémination elle-même. Cela passe logiquement par la maîtrise de l'achat des doses. » « Notre initiative est aussi une réaction à la fin du GNA (NDLR : schéma de sélection normand collectif démantelé en 2011) et aux contrats désormais proposés par chaque ES pour alimenter leur propre sélection normande », ajoute Pascal Orvain, l'un des membres fondateurs. Les appels d'offres ont permis d'économiser 6 à 7 € sur le prix de la dose. Les paillettes sont remises quatre fois par an en deux points de livraisons. « Nous nous engageons à acheter 80 % de nos besoins auprès de la même entreprise », complète David Cahorel. Jusque-là, Normande IPE a retenu Urcecof, ce qui permet à cette dernière de faire une percée en Basse-Normandie et avoir accès à de nouvelles mères à taureaux. En effet, en contrepartie, les éleveurs proposent en priorité au fournisseur retenu les veaux et les génisses de moins d'un an qui leur semblent intéressants à génotyper. Si la génisse fait l'objet d'un contrat, celui-ci porte sur l'animal, le produit de sa gestation ou les produits issus de la transplantation embryonnaire. Pas plus. Plusieurs mâles contractualisés figurent dans le catalogue 2012- 2013 d'Urcecof. Ce système pourra-t-il perdurer une fois unies Créavia et Amélis, qui rassembleront les deux tiers du marché de l'insémination dans l'Ouest ? Normande IPE n'a pas la réponse. « C'est la limite de notre démarche », reconnaît-elle.
C. HUE
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