
La réforme de la Pac, telle qu'elle est proposée, aura un impact financier important.
Yves Bazy est inquiet : « Nous risquons de perdre 12 000 € dès 2014 et près du double en 2019. C'est une catastrophe. » Il est installé à Plouasne (Côtes-d'Armor), en Gaec avec ses deux frères Guillaume et Emmanuel, sur 102 ha pour un quota de 639 000 l et un atelier de taurillons. « Les aides représentent une grosse part de notre revenu », confie l'éleveur.
L'Europe prévoit pour la Pac post-2013, une harmonisation au niveau national (ou régional) du montant unitaire à l'hectare de la future aide de base qui remplacera les droits à paiements uniques (DPU), avec une structure de paiements à plusieurs niveaux : une aide de base, une aide verte, une aide pour les zones à handicap naturel et des aides couplées. En 2014, il est prévu que l'aide de base (78,50 €/ha) et l'aide verte (55,30 €/ha)(1) Les aides représentent une grosse part de notre revenu soient identiques pour tous. S'y ajoutera une aide proportionnelle à hauteur de 38 % des DPU historiques. La deuxième étape, en 2019, c'est une convergence des aides au niveau européen, cette fois-ci.
« D'après les premières simulations de la chambre régionale d'agriculture, un élevage breton spécialisé de 70 ha de SAU, qui perçoit 360 €/ ha, verrait ses aides réduites de 22 % à environ 280 €/ha en 2014. La baisse va se poursuivre en 2019 avec une projection du DPU national à 217 €/ha, soit une baisse de 40 % », explique Yves, vice-président de la section laitière de la FDSEA des Côtes-d'Armor.
Mort de l'élevage
Chez Yves Bazy, les aides représentent 42 000 €/an, soit un DPU moyen de 412 €/ha. « En Bretagne, la valeur des DPU est supérieure à la moyenne nationale car les aides animales, comme l'aide directe laitière (ADL), ou la prime à l'abattage, ou celle spéciale aux bovins mâles (PSBM) ont été réintégrées dans les DPU, justifie-t-il. Selon la projection, nous devrions descendre à 290 €/ha dès 2014 puis à 217 €, soit une perte totale de près de 20 000 € pour l'exploitation. » « Ce n'est pas tenable, même en période de conjoncture laitière favorable. Que dire si le prix du lait retombe à 215 €/1 000 l comme en 2009, alors que le coût de production frisait les 290 € ? Dans ces conditions, comment motiver des éleveurs à traire deux fois par jour, 365 jours par an ? J'ai déjà des collègues qui se posent la question d'arrêter la production laitière pour ne plus faire que des céréales. À terme, c'est la mort de l'élevage dans notre territoire. Encore une fois, on met la charrue avant les boeufs, s'exclame l'éleveur. Avant de demander la convergence des aides au niveau de l'Europe, ne faudrait-il pas avoir une uniformisation des règles sociales et environnementales dans tous les pays pour éviter les distorsions de concurrence ? »
ISABELLE LEJAS
(1) Soumises au respect d'un focus écologique.
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