« Nous n'en pouvions plus d'abattre nos animaux »

Gilles Laffage relevait les collets tous les matins. Les blaireaux (jusqu'à 20 par jour) étaient ensuite récupérés par les lieutenants de louveterie.
Gilles Laffage relevait les collets tous les matins. Les blaireaux (jusqu'à 20 par jour) étaient ensuite récupérés par les lieutenants de louveterie. (©)

Convaincu du rôle de la faune sauvage dans la recontamination des élevages, Gilles Laffage a passé son diplôme de piégeur.

R éapparue dans notre zone en 2001, la tuberculose a fait de nous des pestiférés, se désole Gilles Laffage, éleveur à Hauteroche, dans l'Auxois. Les animaux reproducteurs et les génisses pleines ne peuvent pas être placés. Les cartes vertes sont inutiles. » En contaminant une partie du département, la tuberculose a plongé dans le désarroi des élevages déjà fragilisés par la conjoncture économique. Plusieurs dizaines d'exploitations de la Côte-d'Or ont été touchées, dont certaines très durement. Une grosse structure laitière a ainsi dû abattre deux fois son troupeau, en 2006 puis en 2008. Elle est aujourd'hui toujours en abattage partiel.

Associé avec son beau-frère sur 215 ha de SAU, dont 115 ha de céréales, 300 000 l de lait et 25 limousines, Gilles Laffage n'a pas été épargné. « En avril 2007, nos 153 bêtes ont été abattues à cause d'un animal qui a réagi positivement », déplore ce dernier. Un souvenir douloureux pour ce passionné de génétique. « Parmi les laitières abattues, figurait une montbéliarde en deuxième lactation à 8 500 kg de lait et 33 de TP », précise-t-il. Épreuve supplémentaire : « Lors de la reconstitution de notre cheptel, ce dernier a attrapé la FCO. » Alors qu'aujourd'hui, les premières génisses nées du nouveau troupeau redémarrent, Gilles Laffage s'inquiète : quels seront les résultats de la prophylaxie ? Malgré les mesures mises en oeuvre par les autorités sanitaires, le risque de maladie est toujours présent. Encore en zone rouge, l'élevage est « surveillé ». Toutes ces incertitudes constituent une source de stress terrible pour les éleveurs qui s'interrogent sur certains cas de recontamination. « Dans une exploitation, deux veaux femelles, nés en octobre dernier et dont les mères sont indemnes, ont réagi positivement », observe-t-il.

Pour faire bouger les choses et briser l'isolement des éleveurs, une association a été créée par trois agriculteurs en janvier dernier. Elle regroupe aujourd'hui une trentaine d'exploitations qui n'en pouvaient plus de laisser abattre leurs animaux.

Des blaireaux et des sangliers positifs

L'un des objectifs de l'association était également de faire reconnaître le rôle de la faune sauvage comme réservoir d'infestation

Des analyses réalisées sur des blaireaux et des sangliers à la demande des éleveurs s'étaient en effet révélées positives. En mars dernier, un arrêté départemental autorisant la capture des blaireaux a été pris. Gilles Laffage, qui avait trouvé des blaireaux près de son silo de maïs, a suivi une formation de seize heures pour passer son diplôme de piégeur. En juillet dernier, le préfet a mis fin au plan de piégeage généralisé des blaireaux mais l'éleveur reste mobilisé. La capture des mammifères dans un périmètre d'un kilomètre autour des élevages qui ont été contaminés reste en effet autorisée.

ANNE BRÉHIER

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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