« Une hausse du prix du lait largement insuffisante »

La hausse du prix du lait en ce début d’année arrive bien tard, après un an d’augmentation de charges que nous subissons sur tous les postes. Ce décalage a mis à mal la trésorerie. Mais surtout, cette hausse est largement insuffisante. Chez Sodiaal, il n’est pas normal que le prix A soit si bas comparé au prix B. Pourtant, lors de la création des OP il y a dix ans, nous savions tous que pour peser dans la filière, les producteurs devaient se regrouper dans des structures transversales. Les coopératives, Sodiaal en tête, auraient dû être à l’initiative de ce mouvement. Encore aujourd’hui, la nécessité de se regrouper semble couler de source pour réussir à faire passer ces fameuses hausses de tarifs qui devraient profiter à tous. Mais nos coopératives ont préféré­ empêcher les producteurs d’y aller. Sodiaal, dont les performances contribuent à tirer le prix français vers le bas, a une lourde responsabilité dans cette situation. Résultat : il y a chaque année de moins en moins de producteurs. Faut-il s’étonner du manque d’attractivité du métier ? Nous avons investi, réalisé des gains de productivité et accru la charge de travail, juste pour pouvoir espérer maintenir les revenus. Pendant ce temps-là, tout augmente, non seulement nos charges, la main-d’œuvre, mais aussi le coût de la vie. J’ai parfois le sentiment que l’élevage laitier est bradé, alors que la France avait toutes­ les cartes en main pour réussir. Aujourd’hui, un prix de base de 430 € apparaît comme un minimum pour dégager un revenu à la hauteur du travail et des capitaux mis en œuvre par les producteurs laitiers.