En cette période de crise sur le prix du lait, s'orienter vers la production bio peut apparaître comme un havre sécurisant, non soumis à la tourmente de la volatilité. C'est ce qu'observe la Loire-Atlantique, premier département producteur de lait bio (la tendance vaut aussi pour d'autres). D'ici au 15 mai, une quarantaine de fermes pourraient s'y convertir. Une hausse de 20 % par rapport à 2015. Et la dynamique se poursuit : le Gab 44 (Groupement d'agriculteurs biologiques) a enregistré plus d'une quinzaine de demandes d'études depuis juin (aucune en 2013 et deux en 2014). Cet engouement pour le bio lié à la crise n'est pas nouveau. Un mouvement semblable avait été observé en 2009-2010. En Loire-Atlantique, en un an, le nombre d'élevages laitiers bio ou en conversion était passé de 150 à 186. Ils sont aujourd'hui 210. Ces candidats ont-ils un profil particulier ? « Tous n'ont pas un système fourrager autonome ou orienté sur l'herbe et le pâturage. Certains ont des difficultés financières ou sont chargés en annuités. Le prix du lait bio est alors attrayant. Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont pas de convictions pour s'engager. Souvent, la crise sert de déclic », explique Elsa Naël, du Gab 44.
Il y a ces jeunes éleveurs qui s'interrogent entre un investissement lourd dans un bâtiment pour faire du volume, et un autre système orienté sur l'autonomie et la recherche de plus-value.
De l'intérêt d'une simulation technico-économique
Étonnant aussi ceux en fin de carrière, sans successeur, mais ayant l'espoir que leur exploitation sera plus facilement transmissible à un jeune, et non pas destinée à l'agrandissement. Autour de cela, l'attrait du prix du lait est évident : +120 €/1 000 l par rapport au lait conventionnel en 2015. S'ajoutent les aides Pac à la conversion sur cinq ans, qui peuvent représenter 15 000 à 20 000 € supplémentaires. En face, il faut pouvoir encaisser une baisse de la production par vache et un surcoût important des aliments concentrés. « L'objectif est de créer une autonomie fourragère. Cela sera plus ou moins facile. Un système très intensif à l'animal, construit sur l'ensilage maïs, n'est pas en position pour envisager une conversion immédiate », avertit Elsa Naël. D'où l'importance d'une simulation technico-économique, l'un des services du Gab 44 qui suit 30 fermes depuis plus de dix ans. « Nous avons des références sur plusieurs systèmes, allant du plus herbager à des assolements intégrant une part plus importante de maïs ensilage. Nous étudions aussi différentes trajectoires de conversions. Nos simulations à cinq ans sont assez prudentes avec des prix du lait variant de 360 à 450€/1 000 l. »
Mais les deux ans de conversion avec un prix du lait conventionnel restent un cap à passer, même si certaines laiteries offrent des primes (15 à 30 €/1 000 l).
DOMINIQUE GRÉMY
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