Bien démarrer en désherbage mécanique

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Herse étrille. Elle nécessite relativement peu de puissance, pour des passages de grandes largeurs.
Herse étrille. Elle nécessite relativement peu de puissance, pour des passages de grandes largeurs. (©Denis Lehé)

Matériels. Herse étrille, houe rotative, roto-étrille et bineuse sont quatre outils de désherbage mécanique complémentaires et adaptés à la culture du maïs. Chacun s’emploie à différents stades pour réduire ou supprimer les produits phytosanitaires.

En juin dernier, la fédération des Cuma de l’Ouest organisait Désherbinov, une demi-journée de présentation des différents outils de désherbage mécanique utilisables sur maïs. L’occasion pour les éleveurs bio et conventionnels de découvrir, ou d’approfondir, leurs connaissances sur les solutions existantes.

Ces outils se répartissent en quatre grandes familles de matériels : herse étrille, houe rotative, roto-étrille et bineuse. Chacune s’utilise dans des conditions différentes et à des stades précis de la culture. Un seul matériel ne permet pas d’assurer un contrôle total des adventices, mais peut suffire pour économiser un passage d’herbicide chimique. En revanche, pour les agriculteurs qui disposent de deux ou trois outils complémentaires et qui maîtrisent bien leur fonctionnement, un désherbage 100 % mécanique se révèle généralement très efficace.

Anticiper avant le semis

Première règle à connaître : le désherbage mécanique du maïs s’anticipe bien avant le semis. La rotation a notamment son importance et un précédent de céréale ou de prairie est bien plus favorable qu’une répétition de maïs sur maïs. L’idéal est de labourer tôt, puis de réaliser un ou deux faux semis afin de baisser la pression des adventices. Il est préférable de retarder l’implantation de deux à trois semaines par rapport aux dates habituelles afin de favoriser un départ rapide de la culture. Un semis profond, à environ 5 cm, et un rappuyage de la ligne sont recommandés, car le jeune plant de maïs est ainsi mieux ancré pour résister au risque de déchaussement par les outils.

Herse étrille : rapide et peu énergivore

Un passage à l’aveuglette de herse étrille avant la levée du maïs réduit de 50 à parfois 80 % la présence de dicotylédones sur la parcelle. Un second passage est envisageable entre les stades une à deux feuilles et quatre à six feuilles. Grâce au réglage de l’agressivité, les modèles à ressorts offrent plus de souplesse d’intervention que les herses étrilles à plateau.

Pour le tracteur, une puissance de 7 chevaux par mètre de largeur suffit, à condition que le relevage soit adapté au poids total de l’outil. Les passages sont rapides et peu énergivores. Attention aux conditions de portance, afin d’éviter de créer des ornières ou des zones de tassement, favorables aux relevées. En effet, ces traces ne seront pas faciles à atteindre avec un équipement mécanique lors des passages ultérieurs. Deux solutions permettent d’éviter cela : utiliser des pneus basse pression, ou travailler en diagonale du semis.

Houe rotative : pour des interventions précoces

Également appelée écroûteuse, la houe rotative est un matériel très recherché les années où des pluies abondantes viennent battre le sol après le semis. Mais son usage en désherbage est également reconnu. Cet outil s’utilise en plein pour des interventions précoces avec une très bonne efficacité sur de jeunes adventices : 95 à 100 % au stade cotylédons, 65 % au stade deux feuilles et seulement 35 % quand elles atteignent quatre feuilles. C’est la vitesse de travail qui conditionne le résultat : de 12 à 16 km/h selon les modèles. Ce matériel relativement lourd nécessite 20 ch/m de largeur. Du côté de la culture, une implantation à 5 cm de profondeur est recommandée. Les passages s’effectuent jusqu’au stade quatre à six feuilles du maïs.

Roto-étrille : arrache et recouvre

Également conçue pour des passages en plein, la roto-étrille est composée de roues étoilées montées sur des bras indépendants et généralement inclinées de trente degrés par rapport au sens d’avancement. L’usage est possible avant la levée du maïs, ainsi qu’entre les stades une à six feuilles maximum. Cet outil est un peu plus agressif que les précédents et nécessite des réglages précis. Il travaille par arrachement et recouvrement des mauvaises herbes, avec une efficacité intéressante sur des adventices plus développées (six feuilles maximum). Une puissance de 10 ch/m est généralement requise.

Bineuse : incontournable

En complément d’un passage chimique ou en stratégie 100 % mécanique, la bineuse se révèle souvent incontournable. Un binage efficace au plus près du maïs nécessite le même nombre de rangs sur le semoir et la bineuse, et surtout des écartements fixes et identiques sur les deux outils. Un sol bien préparé et parfaitement nivelé est également un gage de réussite. L’objectif est de scalper la surface sur 3 à 5 cm au maximum pour détruire les adventices sans bouleverser tout l’horizon de surface. Descendre trop profondément augmente aussi la consommation de GNR et l’usure des éléments.

Les constructeurs proposent de larges gammes de dents et d’accessoires adaptables selon le type de sol et le stade de la culture. Les solutions de réglages rapides sont souvent intéressantes à prendre en compte, car en cours de campagne, les conditions changent vite et le chauffeur doit s’adapter. « Dans le cas d’une bineuse partagée sur plusieurs exploitations, je recommande d’utiliser un seul et même tracteur, souligne un conseiller machinisme. Cela facilite l’organisation avec un seul jeu de roues étroites à installer. Cela dispense aussi de régler l’attelage à chaque changement d’utilisateur. »

Quel que soit l’outil, une utilisation mutualisée est également un bon moyen de débuter en désherbage mécanique, le tout en limitant les investissements (lire encadré page précédente). En effet, les prix s’envolent parfois rapidement avec l’ajout d’options complémentaires. C’est le cas sur les bineuses notamment, où les constructeurs proposent de nombreuses solutions technologiques : interfaces de recentrage et guidage par caméra ou relevage individuel des éléments couplés à un dispositif RTK. À l’usage, ces options se révèlent souvent utiles pour gagner en temps et en confort de travail. Mieux vaut donc prendre le temps de réfléchir et de tester plusieurs outils avant d’investir.

Denis Lehé

© Denis Lehé - Houe rotative.Au-delà de son intérêt pour le désherbage, elle est très utile pour écroûter un sol battu par un orage après le semis.Denis Lehé

© Denis Lehé - Roto-étrille. Elle peut se révéler efficace sur des adventices développées jusqu’à six feuilles.Denis Lehé

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,23 €/kg net +0,09
Vaches, charolaises, R= France 7,06 €/kg net +0,07
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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