« Grâce à la fauche précoce avant épiaison, je récolte un ensilage d’herbe de bonne valeur énergétique, mais je ne parviens jamais à obtenir plus de douze ou treize points de matière azotée totale. Pourquoi ? »
Réponse de l’expertstrong
Si malgré la fertilisation azotée de la prairie, la MAT de l’ensilage ne monte pas au-dessus de 15 %, il faut s’interroger sur la disponibilité des autres éléments nutritifs du sol. En particulier le phosphore, la potasse et le magnésium, mais pas seulement. En situation de carence, les apports d’azote seront mal valorisés par les plantes. Il faut donc garder à l’esprit que l’herbe est une culture comme les autres et adapter la fertilisation en fonction des analyses de sol, à renouveler au moins tous les quatre à cinq ans. Je privilégie l’analyse de sol à l’analyse de feuilles. Cette dernière offre un bon repère, mais n’est que le refleta posteriori de l’état du sol.
Fractionner les apports de lisier
L’azote contribue à la pousse de l’herbe et à sa valeur en MAT.
Avec l’objectif d’une première coupe de ray-grass à 3,5 t de MS et 16 à 18 % de MAT, il faut viser un premier apport d’environ 120 UN, fractionné en deux fois.
D’abord 50 UN à une somme de températures de 200°C (dès le 15 février dans les Flandres), soit 20 à 35 t de lisier juste avant le démarrage de l’herbe. L’azote du lisier présente moins de risques de pertes à cette période. Il va se libérer progressivement : pour une valeur théorique du lisier de 4,4 UN/tonne, on considère que 1,37 UN sera disponible pour la première coupe et 0,44 UN pour la deuxième (0,22 pour la troisième…), c’est-à-dire 50 UN, puis 15 UN/ha… avec un épandage de 35 tonnes/ha.
Un deuxième apport de 70 UN, chimique cette fois, intervient au moins trois semaines avant la fauche, dès la mi-mars.
L’herbe a besoin de soufre pour fabriquer des acides aminés
Après la première coupe, un nouvel apport d’azote chimique sera réalisé en tenant compte du lisier épandu en sortie d’hiver : de 15 UN pour les parcelles destinées au pâturage jusqu’à 65 UN pour les parcelles de fauche exclusive. Puis, après la deuxième coupe, fin mai dans les systèmes d’exploitation intensive de l’herbe, on pourra de nouveau miser sur le lisier : de 15 à 20 t pour respecter les 170 UN/ha. Avec un sol normalement pourvu, cette fertilisation organique régulière suffit à entretenir le sol en phosphore et potasse. L’intérêt d’épandre le lisier en deux fois est d’éviter la surconsommation de potasse par les plantes (surtout le ray-grass) pouvant entraîner des risques sanitaires pour le troupeau. Ainsi, les deux premières coupes bénéficient du premier épandage et les suivantes du second, qui permettra aussi à la prairie de mieux résister à l’hiver.
Comme la potasse, le phosphore est nécessaire aux plantes pour aller puiser les éléments nutritifs du sol. Mais il est sensible à l’acidité. L’entretien du pH via le chaulage est donc essentiel à son assimilation. Surtout en sols argileux qui exigent un pH plus élevé que les sols légers.
Si P, K et Mg sont déterminants pour l’assimilation de l’azote, et donc la MAT de l’herbe, le soufre contribue à la qualité de la protéine : les plantes en ont besoin pour fabriquer des acides aminés, notamment des acides aminés limitants comme la méthionine. En cas de carence, une fois par an au printemps, on pourra remplacer l’ammonitrate (27 % d’azote) par du sulfate d’ammonium (21 %).
Toujours se référer à l’analyse
Dans les sols également carencés en Mg, une seconde forme d’apport est possible avec 100 à 200 kg de kiesérite, un sulfate de magnésium (50 % S, 25 % Mg) assez cher. Mais il ne faut apporter du soufre qu’en cas de carence confirmée par l’analyse de sol, car le sulfate d’ammonium a tendance à faire baisser le pH et surtout, en excès, il y a un risque de blocage du cuivre et du sélénium.
Lorsque tous les éléments sont disponibles dans le sol, on pourra alors adapter ses pratiques de fertilisation azotée : à la baisse, ou à la hausse si la MAT ne dépasse pas 15 %.
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