
Maîtrisée sur maïs, la technique de couverture végétale des silos reste à améliorer sur l'herbe. C'est ce qui ressort des premières observations réalisées en Saône-et-Loire.
EN SAÔNE-ET-LOIRE, LA TECHNIQUE DES SILOS D'ENSILAGE NON BÂCHÉS séduit par le gain de temps et la réduction de pénibilité. Sans bâche ni pneus, les conditions de fin de chantier et de reprise sont en effet considérablement simplifiées. Rapportée du Québec par un éleveur du département en 1999, la technique consiste à semer à la volée, après le tassage du silo, une céréale de couverture (0,5 à 1,5 kg/m2 d'orge ou autre espèce germant facilement). Celle-ci meurt en fin d'hiver. Lors de la reprise du silo, le débâchage est remplacé par un simple décroûtage : les 10 à 15 cm d'ensilage dégradé, de chevelu racinaire et de résidus d'orge s'enlèvent aisément par plaques au godet ou à la main.
EN TEST DEPUIS TROIS ANS
« Bien que délavée, la partie haute du silo (20 à 40 cm) ne présente ni odeur ni texture particulière, souligne Denis Chapuis, l'animateur du pôle laitier de Bourgogne, à l'initiative de plusieurs études sur le sujet. Sa moindre valeur qualitative n'impacte ni l'ingestion ni la production globale de l'élevage. Au plan qualitatif, la présence plus importante de spores butyriques dans la couche supérieure n'a pas eu d'effet sur le lait de tank des exploitations suivies en 2009 et 2010. Ces élevages présentaient une bonne technicité et une hygiène de traite correcte. »
Utilisée aujourd'hui en routine sur du maïs dans six grosses exploitations laitières du département (105 vaches pour une référence moyenne de 740 000 l) et à la ferme de Jalogny (chambre d'agriculture-Institut de l'élevage), la technique des silos non bâchés est testée sur l'herbe depuis trois ans.
À la ferme du lycée de Fontaines, l'expérience est jugée positive, bien que l'ensilage (25 ha de trèfle blanc-ray-grass anglais-dactyle) réalisé à l'aide d'une autochargeuse pourdébrins longs (une bonne dizaine de centimètres) soit plus difficile à tasser et à réaliser. « Les pertes de fourrages se situent entre 5 et 15 cm en plus du tissu racinaire, estiment Marc Bernus et Raphaël Lejeune, responsable de l'exploitation et vacher du troupeau. Elles sont inférieures à celles d'un silo avec bâche. L'ensilage respire mieux. L'été, il s'échauffe moins. On n'a plus aucun problème de condensation et de moisissure. Les performances des 70 montbéliardes ne sont pas dégradées. »
Cet hiver, comme les années précédentes, le troupeau a bien répondu. Avec une ration composée de 4,5 kg de MS d'ensilage d'herbe, 9,5 kg de MS de maïs, 2,5 kg de foin brut, 4,5 kg de tourteau de colza 1,5 kg de blé et minéraux, il a dépassé, pour la première fois, les 500 000 kg de lait avec des taux intéressants (33,8 de TP et 40 de TB) et sans souci de cellules (moyenne annuelle de 100 000 leucocytes).
La ration avait été établie sur la base d'une valeur d'ensilage d'herbe titrant 20 % de MS, 0,80 UFL/kg de MS, 88 g de PDIN et 67 g de PDIE. Les cas de mammites rencontrés sur le troupeau sont reliés aux conditions d'ambiance du bâtiment.
À RÉSERVER AUX SILOS COULOIRS DE PLUS DE 2,20 M
L'expérience de la ferme du lycée de Fontaines correspond aux observations de Denis Chapuis, dans le cadre du suivi des silos d'herbe sans couverture. « En termes de conservation, de pertes et d'évolution de la valeur alimentaire, on observe la même logique sur l'herbe que sur le maïs. Dans les cinquante premiers centimètres du silo d'herbe, une perte de 1 à 2 points de MS est observée. L'évolution de la valeur alimentaire est plus difficile à chiffrer, faute d'analyses en nombre suffisant. Sur les prélèvements effectués en 2008, aucun écart dans les UFL, PDIN et PDIE n'a été constaté. En dessous, le silo est normal. Avec de gros silos (supérieurs à 2,20 -2,50 m), il n'y a pas d'impact sur la ration du troupeau. Essentielles sur maïs, les conditions de confection du silo doivent être scrupuleusement respectées sur l'herbe : utilisation de silo couloir (pas de silo taupe), réalisation d'un bon tassage, utilisation d'un conservateur pour sécuriser la technique. »
Un point noir toutefois reste à améliorer. « Le couvert végétal ne prend pas au printemps, déplore Raphaël Lejeune. Il faut dire qu'à part en 2010, il a toujours plu à la récolte.
L'année passée, nous avons donc ressemé de l'orge à l'automne. Elle a levé. Néanmoins, visuellement, le couvert est beaucoup moins joli que sur le maïs. Cet hiver en particulier, avec les pluies abondantes de début d'hiver, le silo était peu appétissant extérieurement. »
Une situation qui a amené le Gaec la Roche des Baumes, à Charrecey (180 vaches laitières), à mettre fin aux trois années de non-bâchage sur leur silo d'herbe. « Cet hiver, le silo n'a pas arrêté de couler, explique Emmanuel Donet, l'un des associés. Les jus dégradent le béton du silo et collent aux roues du tracteur. Ça sent mauvais. À la reprise, le décroûtage est aussi plus difficile à cause des brins longs. À la fourche, ça s'arrache moins bien que le maïs. »
Pourtant, la confection du silo avait été réussie. L'herbe, riche en luzerne et trèfle, avait été ensilée à l'autochargeuse. « On avait fini à l'ensileuse avec une couche d'herbe très verte et très courte. Le tassement était impeccable. Avec 34 % de MS, la qualité du silo était bonne. Les analyses faites à l'ouverture du silo avaient montré que le fourrage était de bonne qualité, avec une matière sèche qui n'avait pas bougé et une valeur alimentaire de 0,80 UFL/kg de matière sèche. Il y a certainement eu un lessivage d'éléments et une perte de valeur nutritive, mais cela ne s'est pas ressenti sur le troupeau mené en système maïs-herbe. Installées dans un tout nouveau bâtiment l'hiver 2009-2010, les vaches ont gagné 1 000 kg/tête. » L'ensilage « sans bâche » reste donc à améliorer sur l'herbe. Pour faciliter l'installation et l'efficacité du couvert végétal, différentes espèces devaient être testées ce printemps (avoine, ray-grass et fétuque, jachère fleurie). Les conditions exceptionnellement sèches et le taux de matière sèche très élevé de l'ensilage (50 %) ont reporté ces essais. Faute de pouvoir réaliser un tassage de qualité suffisante, le silo d'herbe a dû être bâché par sécurité.
ANNE BRÉHIER
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