
Original. En hiver, les vaches de Baptiste Coënt consomment du fourrage conservé et du pâturage. Une technique efficace pour gagner du temps et régénérer les prairies.
Éleveurs bio à Cléden-Poher (Finistère), Baptiste Coënt et son père Jean-Luc conduisent leur troupeau en vêlages groupés de février à avril. Le tarissement commence en novembre et la salle de traite est fermée en hiver. Baptiste cherche à simplifier le travail. En système tout herbe, il veut aussi valoriser au mieux ce fourrage, de préférence par le pâturage.
Avec le bale grazing, il a trouvé une technique qui permet de nourrir son troupeau en hiver sans démarrer un tracteur. « Les vaches restent dehors. Elles pâturent et mangent de l’enrubanné. Je les soigne en une heure chaque jour », raconte le jeune éleveur. La réussite nécessite une grande technicité. Baptiste choisit dès l’été les parcelles sur lesquelles les animaux passeront l’hiver. Il privilégie les prairies bien installées et n’y touche plus afin de constituer un bon stock sur pied. Il mesure à l’herbomètre, et évalue le volume valorisable à 2,5 t de MS/ha. Il calcule ensuite le nombre de balles enrubannées nécessaires.
60 balles par hectare pour 45 vaches pendant un mois
« J’estime les besoins à 17 kg de MS/vache/jour. Je répartis les rounds sur les parcelles de manière à ce que, en conduisant au fil avant, le troupeau dispose chaque jour de suffisamment de fourrage. » En moyenne, il dispose 60 balles d’enrubanné par hectare et nourrit 45 vaches durant un mois sur cette surface. Avant de débuter, il vérifie les clôtures et s’assure que les oiseaux n’ont pas attaqué les balles.
L’enrubannage est issu d’une deuxième coupe préfanée de RGA, trèfles et fétuque. D’autres éleveurs utilisent du foin. Les balles sont alignées sur les prairies en août. En novembre, une fois taries, les laitières entrent dans ces paddocks. Chaque jour, Baptiste coupe les bâches au ras du sol et les emporte. Il avance le fil et dans les 24 heures, les vaches ont tout consommé. Il ne juge pas utile de dérouler les balles. Le lendemain, il récupère les ronds de bâches laissés au sol et prépare la nouvelle ration. Tout doit être consommé au jour le jour pour favoriser la repousse. Si le pâturage n’est pas assez ras, ou si des paquets de fourrages restent au sol, la prairie repart moins bien. Il estime le niveau de perte de fourrage à 5 %, comme en bâtiment.
Certains éleveurs ayant adopté cette pratique utilisent aussi un fil arrière, afin d’éviter que les vaches n’abîment trop la prairie. Baptiste préfère laisser l’accès aux bêtes. « Dans les parcelles les plus humides, elles aiment se coucher à l’emplacement des rounds car le sol y est plus sec », précise-t-il. Les génisses sont conduites de la même manière. Mais en cas de mauvais temps, l’éleveur préfère parfois les rentrer.
« Les vaches sont disciplinées. Elles m’attendent le matin pour manger. » Avec son père, il plante des haies tous les ans pour que les animaux disposent d’abris naturels. Les vaches ne manifestent pas l’envie de rentrer et elles se portent bien.
Il est vrai que dans la région, si les hivers peuvent être très humides, le froid s’installe rarement. Baptiste met d’abord les vaches dans les parcelles les moins portantes. Lorsque la saison avance, il les conduit sur celles qui portent mieux.
Les prairies explosent l’année suivante
En février, les vaches prêtes à vêler rentrent à l’étable ; les suivantes vêleront au champ. Après le passage des animaux, le sol est noir, comme si l’herbe avait disparu, mais il ne faut pas se laisser impressionner. Baptiste ressème à la volée sur les bandes où se trouvaient les balles. Il choisit un mélange d’espèces agressives, plantain, RGH, trèfle violet, afin de concurrencer les adventices. La végétation repart dès le printemps, car les vaches enrichissent le sol en matière organique.
La consommation du fourrage au champ permet aussi de ressemer naturellement. « Je fauche au début de l’épiaison. Je retrouve dans mes parcelles des espèces que je n’y ai jamais semées. » Cette année, Baptiste a récolté 8 tMS/ha sur les parcelles en bale grazing l’hiver dernier. La régénération de la prairie devient encore plus visible la deuxième année. Il évite cependant de conduire ainsi deux ans de suite sur la même parcelle.
Le bilan est appréciable aussi sur le plan économique. Les consommations de paille et de carburant sont nettement réduites. L’épandage d’effluent est restreint. Et surtout, la productivité des prairies se trouve relancée à bon compte.
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