Ensilage maïs Le conservateur rentable dans de nombreuses situations

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Fourrage. Pour l’ensilage maïs, l’usage d’un conservateur contribue essentiellement à préserver la stabilité aérobie après ouverture du silo. Avec des fronts d’attaque qui n’avancent pas assez vite ou un manque de densité, cela permet de se prémunir de pertes importantes.

Le maïs plante entière a la réputation d’être un fourrage très facile à conserver sous forme d’ensilage. Il n’aurait donc pas besoin d’un quelconque conservateur, contrairement aux ensilages d’herbe. En effet, récoltée à la bonne teneur en matière sèche, entre 32 et 35 % de MS, la plante contient suffisamment de sucres solubles pour conduire ensuite les bonnes fermentations au silo. En outre, la faible teneur en protéines, entre 6,5 % et 8,5 % de MAT, présente moins de résistance à l’acidification (pouvoir tampon) que l’herbe.

Rappelons que le maïs offre deux sources d’énergie différentes. L’amidon, les sucres solubles et la matière grasse, qui apportent une énergie rapidement disponible. Ensuite, la cellulose, l’hémicellulose et la pectine, essentiellement issues de la partie tige/feuilles, qui présentent une énergie plus lente. Autrement dit, 65 % de l’énergie de la plante vient du grain et du contenu des cellules, 25 % vient des parois végétales.

Le choix de la teneur en matière sèche à la récolte est un compromis entre la quantité d’amidon disponible (elle augmente de plus de 5 points entre 30 et 35 % de MS) et la digestibilité des fibres qui décroît avec la maturité. « À 30 % de MS, on dispose potentiellement de 12 t de lait par ha, à 35 % on progresse à 14 t de lait/ha », affirme Luis Queiros, chef de produit ensilage chez Lallemand.

Porosité et échauffement

L’éleveur a donc intérêt à aller chercher une certaine teneur en matière sèche. Mais cela comporte quelques risques : le tassement est plus difficile à réaliser et la porosité, donc la présence d’air dans la masse du silo, est plus importante. Cela aura un impact sur la stabilité du silo après son ouverture. Il peut chauffer avec, pour conséquence, d’importantes pertes de matière. Une récolte plus tardive qui impose plus de temps au champ conduit aussi à davantage de contaminations par des moisissures, levures et autres micro-organismes indésirables, qui favorisent l’échauffement du fourrage en phase aérobie. Cette hausse de la température, c’est autant d’énergie perdue, mais aussi davantage de refus à l’auge, une baisse de la qualité sanitaire et un risque accru de développement des mycotoxines.

Peu de silos suffisamment tassés

« En France, seulement 30 % des silos de maïs sont suffisamment tassés et 6 sur 10 chauffent lors de leur ouverture », affirme Lallemand. Pour un ensilage de maïs qui approche 35 % de MS, il faudrait atteindre une densité de 240 kg de MS/m3. « Les silos taupinières sont en moyenne à 162 kg/m3 et les silos couloirs à 210 kg/m3 et parfois beaucoup moins. Même à la densité optimale, une partie des pertes de matière sèche est incompressible. 15 % de pertes sur un ensilage de maïs capable de produire 15 tonnes de lait par ha ce sont 800 €/ha qui s’envolent », insiste Luis Queiros. Selon lui, il est très difficile de maintenir la stabilité d’un silo de maïs après l’ouverture.

L’oxygène s’infiltre à un mètre de profondeur en à peine cinq jours et réactive les micro-organismes vecteurs de l’échauffement et des pertes de matière. Il faudrait donc avancer le front d’attaque au minimum de 20 cm par jour. Pour Lallemand, l’évidence est d’utiliser un inoculant, notamment les bactéries hétérofermentaires. Elles produisent des acides aux fortes propriétés antifongiques, comme l’acide acétique et l’acide propionique, et contribuent ainsi à réduire les risques d’altération aérobie après ouverture du silo. Ainsi, l’association d’une souche de référence Lactobacillus buchneri et d’une autre de Lactobacillus hilgardii réduit les concentrations de levures et de moisissures après seulement quinze jours de fermentation.

« Un conservateur d’ensilage de maïs revient à 2,30 € la tonne traitée, soit 100 €/ha. Le retour sur investissement lié à l’économie des pertes en MS est évident », insiste Lallemand.

Dominique Grémy
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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