Approche. Systali, nouveau mode de calcul de la ration conçu par l’Inra, permettra de prédire de façon plus fiable l’efficacité des apports alimentaires et la réponse des animaux, par une meilleure évaluation des interactions digestives.
Avec le programme Inra Systali, le calcul de la ration s’affine. La valeur des aliments qui la compose n’est plus additive. Elle varie en fonction de sa composition, des animaux qui la consomme et de leur niveau d’ingestion, ce qui expliquerait les écarts parfois constatés sur le terrain entre le calcul théorique et la production du troupeau. Cette approche permet d’évaluer de façon plus précise la réponse aux apports en intégrant ces interactions digestives.
« La notion d’interactions était déjà intégrée dans Inra 2007, indique Philippe Faverdin, directeur de recherche à l’Inra. La principale réforme introduite par Systali est une prise en compte plus précise de ces interactions. Ainsi, il est possible de prévoir plus finement les flux de nutriments et ce qu’ils deviendront. » Ce nouveau système ne calculera plus une ration équilibrée en énergie et protéines, mais la réponse de l’animal à une ration donnée, même la plus extrême ou la plus déséquilibrée.
Simuler une multitude de réponses aux apports, pour bâtir le bon système
Le programme de recherche a permis de quantifier les différentes réponses des animaux : reconstitution des réserves, production de lait, de TP, rejet d’azote urinaire et fécal, de CH4, risque d’acidose, composition en acides gras du lait et du muscle. « La recherche doit encore travailler sur les flux de matières grasses dans la mamelle pour aller jusqu’à la prédiction du TB dans une version à venir, précise le chercheur. Ce lien plus précis entre apports et réponses permet d’envisager des schémas d’optimisation en fonction des objectifs et des contraintes de l’éleveur. » Grâce à une boucle de calcul, Systali offrira en effet la possibilité de simuler une multitude de rations pour définir une stratégie adaptée. Par exemple : comment faire 30 kg de lait/VL sans perdre de poids ou en maintenant la marge ? Et si des acides aminés sont intégrés à la ration, le TP répondra-t-il ?
Ce qui va changer :trois nouveaux critères
Trois nouveaux critères sont pris en compte pour évaluer les interactions digestives, c’est-à-dire comment le tube digestif transforme les aliments en nutriments et quelle part de la matière organique ingérée est réellement valorisée par le ruminant.
Balproru (bilan protéique du rumen) : avec Systali, les PDIN et PDIE disparaissent. Ils sont remplacés par les valeurs PDI, c’est-à-dire la somme des protéines disponibles pour le ruminant, et Balproru, l’azote ammoniacal disponible pour synthétiser des protéines microbiennes. Ce dernier correspond au rapport actuellement utilisé PDIN-PDIE/UFL. Chaque aliment disposera d’une valeur Balproru. Il ne faudra donc plus équilibrer PDIN et PDIE, mais la valeur Balproru de la ration : « Une valeur élevée traduisant un excès d’azote devant être éliminé par les urines, ce qui présente un surcoût énergétique pour l’animal et un risque de gaspillage », explique Philippe Faverdin. Une valeur négative traduira, bien sûr, un déficit d’azote, limitant pour les performances.
Le pourcentage de concentré (PCO) agit sur la digestibilité : plus le PCO augmente, moins bonne est la digestibilité de la matière organique. Au-delà de 40 %, le rendement d’utilisation de la ration est plus faible. L’intérêt de pouvoir quantifier la réponse via Systali permettra d’optimiser les apports.
Le niveau d’ingestion (NI) détermine la vitesse de transit : lorsque le NI augmente, le transit s’accélère et une part plus importante de la matière organique est mal valorisée. « La prévision des quantités ingérées par Systali est unique. Quelle que soit la situation, le calculateur peut prédire le NI en fonction de l’âge des animaux, du stade ou de la composition de la ration, de façon individualisée ou non. »
Dans les tables 2007, l’Inra retenait une vitesse de transit constante de 6 % par heure. Or, si le transit s’accélère, les aliments passent moins de temps dans le rumen, les microbes valorisent moins bien les protéines, ce qui entraîne une baisse de digestibilité des fibres, et donc de l’énergie ingérée par kg de MS. « Globalement, les valeurs PDI de la ration seront peu modifiées, voire supérieures, par rapport à la valeur des aliments dans les tables, car la moindre dégradation des protéines dans le rumen est favorable aux PDIA (by-pass). Les valeurs UF auront tendance à être légèrement plus basses au-delà de 20 kg de matière sèche ingérée, ce qui est presque toujours le cas pour une vache laitière. » Pour résumer, la ration ne se fera plus à la calculette ou sur un tableur Excel, même si ce mode de calcul continuera de donner un ordre d’idée de la production permise.
Mise en pratique en fin d’année avec les conseillers d’élevage
La valeur nutritionnelle des aliments dans les prochaines tables Inra sera d’ailleurs toujours disponible à titre indicatif avec, au final, des changements de faible ampleur. En plus des valeurs UFL et PDI des aliments, il y aura les valeurs NI, PCO et Balproru correspondantes. Mais tant que l’on n’aura pas simulé la ration, on ne connaîtra pas la réponse des animaux.
La publication en français du nouveau Livre rouge Inra de l’alimentation des ruminants est prévue à l’automne et la mise en pratique de Systali sur le terrain par les conseillers d’élevage dès la fin d’année. « Les éleveurs ne se l’approprieront pas seuls, mais fixeront les objectifs avec leur conseiller. »
Pour un même niveau de lait, davantage d’UF et de PDI Cas concret pour une ration composée de 14 kg de MS de maïs, 4 kg de MS d’ensilage d’herbe, 4,5 kg de MS d’un concentré à 40 % de MAT, soit une ingestion de 22,5 kg de MSI et 20 % de concentré | ||
Inra 2007 | Systali | |
Interactions | 0,5 UFL | 1,6 UF 0,3 (% de concentré) 1,3 (niveau d’ingestion) |
Valeur des aliments dans la ration | 20,6 UFL | 21,3 UFL |
Besoins d’entretien | 5,8 UFL 420 PDI | 7,6 UFL 570 PDI |
Lait permis | 35,5 kg de lait avec les UFL 38,6 kg avec les PDI | 32,5 kg de lait avec les UFL 35,6 avec les PDI |
Comparé à Inra 2007, au-delà de 20 kg de matière sèche ingérée, il faudra plus d’UF et de PDI pour un même niveau de production. Jusqu’à présent, les besoins d’entretien étaient évalués à 400 g de PDi, quel que soit le niveau de production. Avec Systali, ils suivent la courbe de production. Ainsi, les VHP auront besoin de plus de PDI pour atteindre les objectifs de production. L’impact sera beaucoup moins important pour les autres animaux. (source : groupe nutrition de la Fidocl) |
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
Le marché du lait Spot s’agite avec la rentrée
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
L’agriculture biologique, marginalisée d’ici 2040 ?