Distribuer le maïs le matin ne pénalise pas le pâturage

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Ration mixte. Au pâturage, il est classiquement conseillé d’amener les vaches le matin à la parcelle, sans distribuer le complément fourrager pour booster l’ingestion en journée. « Faux », dit aujourd’hui la ferme expérimentale de la Blanche Maison.

Le maïs-ensilage apporte l’énergie, l’herbe pâturée l’azote. C’est cette complémentarité qu’utilisent les producteurs français au printemps et en été, et qui fait leur force. Dans la Manche, la ferme expérimentale de la Blanche Maison précise les clés de réussite de ce choix d’alimentation. Elle tire des enseignements de la comparaison, pendant six ans, de ce système avec un rationnement 100 % herbe toute l’année. « Les deux se veulent économes, autonomes et productifs », indique Benoît Rouillé, de l’Institut de l’élevage, qui a animé la comparaison.

Les vaches s’adaptent

Le premier enseignement porte sur la distribution à l’auge de la ration en complément du pâturage. Pour qu’elles consomment le maximum d’herbe dans la journée, le conseil donné classiquement est d’amener les vaches dans la parcelle le matin sans leur apporter au préalable la ration complémentaire.

La Blanche Maison a voulu le vérifier. Dans son système maïs, elle a testé :

- durant trois semaines au printemps la distribution après la traite du matin de 8 kg de MS de maïs-ensilage et de 1,5 kg de tourteau de colza ;

- durant trois autres semaines, cette distribution après la traite du soir.

« Dix vaches ont porté un collier d’activité pour mesurer leur temps de pâturage », explique Lucie Morin, responsable de la conduite de la ferme. « Les 8 kg de maïs-ensilage sont calés sur 15 ares pâturés par vache. Pour descendre à 5 kg de MS et zéro correcteur azoté en pleine pousse de l’herbe, il aurait fallu plus de surface par vache, ce dont ne disposait pas la Blanche Maison », ajoute-t-elle.

Dernière précision : les vaches pâturent jour et nuit sur la même parcelle. Le choix est fait d’un temps de présence assez long : sept jours.

Que ressort-il de cette comparaison ?

Premier constat : l’heure d’apport de la ration n’influence pas le temps d’ingestion de l’herbe pâturée. Dans les deux cas, les vaches consacrent autant de temps à pâturer : en moyenne 363 min/VL/j lorsque la complémentation à l’auge est le matin, 365 min quand c’est le soir.

Second constat : leur temps d’ingestion diminue, et de façon identique dans les deux cas, avec la baisse de l’offre d’herbe dans la parcelle : plus de 420 min d’ingestion en début de parcelle, moins de 320 min au septième jour. « Si l’on veut bien valoriser l’herbe disponible, il ne faut pas se focaliser sur le moment de distribution à l’auge, mais sur la gestion de l’offre et de la qualité de l’herbe », en conclut Benoît Rouillé. C’est le deuxième enseignement de l’expérimentation.

Apporter réellement les quantités décidées

À la Blanche Maison, cela passe par un ajustement de la quantité de maïs à la surface pâturée par vache (voir précédemment), un calendrier de pâturage, le suivi de la pousse (tour des parcelles une fois par semaine avec un herbomètre) et une analyse physico-chimique par un laboratoire à chaque entrée de parcelle. « Des analyses régulières de l’ensilage de maïs sont effectuées pendant l’hiver. Pourquoi ne le ferait-on pas sur l’herbe pâturée ? Connaître sa qualité permet d’affiner la correction azotée du complément fourrager, par exemple avec 500 g/vache en plus ou en moins. » Cela suppose de savoir précisément les quantités de concentrés données par la pesée des seaux (ce que fait la Blanche Maison) ou du godet à vide et plein, ou par l’étalonnage régulier du Dac.

Ajuster le maïs à l’avancement du paddock

Nous venons de le voir : le temps de pâturage et donc la quantité d’herbe ingérée diminuent au fur et à mesure de l’avancement de la parcelle. Ne peut-on pas aller plus loin en ajustant la quantité de maïs à l’herbe disponible ? « En entrée de parcelle, on peut envisager, au printemps, 4 à 5 kg de MS et 9 à 10 kg à la fin, mais en respectant trois conditions. La principale est de bien connaître la quantité de maïs distribuée à cette période et, d’une façon générale, toute l’année. Il faut réellement distribuer ce que l’on a décidé. »

Dans ce but, la ferme expérimentale utilise une mélangeuse-peseuse. La deuxième condition : un temps de présence dans la prairie de cinq à sept jours. « En dessous, cela complique trop le travail. » La troisième : un silo d’été avec un avancement calculé pour cette conduite. « Malgré tout, par souci de simplification du travail et de rigueur expérimentale, nous n’avons pas ajusté le maïs à l’avancement de la parcelle. »

Claire Hue
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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