Prairies. Grâce à un suivi hebdomadaire de la pousse de l’herbe, Gautier Brabant a amélioré les rendements de ses prairies, jusqu’à valoriser 12 tonnes de matière sèche par hectare en 2016. Pâturées ou fauchées, ses prairies représentent près de la moitié de la ration hivernale des vaches laitières et 100 % pendant l’été.
De la fin mars jusqu’à septembre, le vendredi est synonyme de mesures de l’herbe chez Gautier Brabant. Ce n’est pas lui qui les réalise, mais un agent d’Avenir Conseil Élevage. L’éleveur profite gratuitement de ce service dans le cadre d’un réseau herbe. « Si je devais les faire moi-même, entre les relevés et les calculs, cela me prendrait une demi-journée chaque semaine », lance Gautier. Ces mesures permettent d’évaluer les stocks sur pied et de conseiller l’éleveur pour l’alimentation et la gestion du pâturage pour la semaine suivante. En début d’année, un planning est établi. « Nous calculons les besoins des génisses et des vaches afin d’évaluer le nombre d’hectares nécessaires pour le pâturage, détaille Gautier. Cela permet de déterminer les excédents et les surfaces consacrées à la fauche et à la pâture. Selon la météo et les mesures de la pousse de l’herbe, des ajustements seront effectués au cours de l’année. Établir un planning prévisionnel en début d’année permet de gérer la culture de l’herbe différemment. Cela aide à être plus serein car avec l’herbe, c’est tous les jours différent. Le planning et les mesures aident à savoir où j’en suis, à préparer la semaine et à anticiper. »
« Il faut vraiment aller dans les parcelles »
La ferme de Gautier se situe en zone vulnérable. Quand il l’a achetée en 2004, il n’a pas pu retourner les 40 ha déjà en prairie. « Ils étaient figés. Il fallait les valoriser. Si on ne fait rien, on obtient quand même quelque chose, mais ce n’est pas optimisé. J’ai donc suivi des formations et j’ai cherché un conseiller pour m’aider à comprendre cette culture. L’herbe réclame du temps pour être maîtrisée, d’autant plus que je suis parti de rien, car il n’y a pas eu de relais avec l’ancien agriculteur de la ferme. » L’ensilage d’herbe a été mis en place quasiment dès l’installation de Gautier pour tirer un maximum de ses prairies, mais les rendements valorisés ont mis du temps à décoller. En 2010, 5 tonnes de matière sèche étaient valorisées par le troupeau, contre 12 t en 2016. Pour atteindre ces niveaux, Gautier s’est formé et s’est fait conseiller. Ces meilleurs rendements lui permettent de constituer plus de stocks d’herbe sous forme d’ensilage ou d’enrubannage.
Au-delà de 15 centimètres de hauteur d’herbe, une parcelle est fauchée. Pour la sortie des vaches d’une parcelle, Gautier vise 5,5 à 6 cm d’herbe. « Si c’est plus haut, on gaspille. Si le plateau de tallage est haut, les vaches ne mangeront que la nouvelle herbe. Si c’est plus bas, on défavorise la repousse. On a tous tendance à sortir trop tôt les vaches d’une parcelle pour conserver la production laitière. S’il reste 7 cm, je laisse mes vaches au pré mais le soir, il n’y aura pas beaucoup de lait lors de la traite. Si j’ai un doute, j’utilise l’herbomètre. Cela permet aussi de réétalonner mon œil régulièrement. Il faut vraiment aller dans les parcelles pour se rendre compte de la hauteur de l’herbe. »
Les 20 hectares destinés aux vaches sur les 40 ha de prairies sont répartis sur douze parcelles de 0,8 à 3 hectares chacune. Toutes les parcelles sont délimitées par des haies. « On ne peut pas trop les changer, résume Gautier. J’ai essayé de couper la grande parcelle de 3 ha au fil, mais ce n’est pas pratique pour avoir de l’ombre, des couloirs, des abreuvoirs… Cela demande trop de travail par rapport à la configuration des parcelles. » Une parcelle est pâturée pendant deux à sept jours selon sa taille. Un repos de trois semaines au minimum est laissé aux prairies entre deux cycles de pâturage, sauf l’été où ce délai est allongé à quarante jours.
« L’herbe doit être de qualité pour que les vaches la mangent »
Pour conserver sa prime oméga 3 de 15 €/1 000 litres, Gautier doit faire ingérer de l’herbe à ses vaches (hormis en hiver pendant lequel un concentré spécifique est distribué). « Pour qu’elles mangent de l’herbe, celle-ci doit être de qualité. » Pour lui conserver son appétence, Gautier apporte un soin particulier au rythme des fauches et des pâtures. « Quand je fauche, je fais comme si c’était une vache qui pâturait. Je n’attends pas que l’herbe soit haute. Quand il y a un excès d’herbe, je fauche quelle que soit la hauteur d’herbe en respectant le délai de trois semaines minimum après le dernier pâturage. Ainsi, je garde l’herbe jeune. » Les refus sont gérés par un passage de faucheuse tous les deux ou trois cycles de pâturage en laissant sur place. « Cela évite la montée en graines tout en nettoyant, explique-t-il. J’ai revendu mon broyeur qui ne coupait pas aussi nettement. »
Gautier applique une rotation des parcelles débrayées afin que chacune soit nettoyée de temps en temps. « En ne fauchant pas tout le temps au même endroit, cela aide la flore à se maintenir. » En 2016, Gautier a réalisé quatre coupes. « Parfois, j’ensile un peu tôt, mais c’est pour avoir une meilleure qualité d’herbe pour la coupe suivante. Je ne regarde pas les volumes, mais la qualité. Il faut un bon ensilage d’herbe pour faire du lait. » Selon le nombre de jours d’avance de stocks sur pied, les petites surfaces peuvent être enrubannées pour ne pas avoir à attendre ou éviter que l’herbe ait trop poussé.
« J’ajuste mes apports en fonction de la météo »
Lorsque les 200°C cumulés sont atteints, un apport d’ammonitrate est effectué : 40 unités pour les parcelles destinées au pâturage, 80 unités pour celles qui seront ensilées. Le fumier est également apporté à raison de 25 t/ha. Après chaque rotation de pâturage printanier (soit environ une fois par mois), un complément de 40 unités d’ammonitrate est fait. « Pendant l’été, j’ajuste en fonction de la météo. Si c’est sec, je n’en mets pas car cela ne sert à rien s’il n’y a pas d’eau. Si le temps est favorable à la pousse, je fais un dernier apport. » La herse est passée sur toutes les prairies au 15 mars. Les vaches intégreront les prairies fin mars ou début avril, selon la portance des sols. « Cette année, elles sont sorties le 25 mars, signale Gautier. Il y avait peu d’herbe mais, en une semaine, elle a poussé. » Le silo d’ensilage de maïs est fermé du début du mois de mai jusqu’à la fin août.
Avec le recul, Gautier s’aperçoit qu’il a gagné en autonomie alimentaire au fil des années. « Auparavant, j’achetais beaucoup de blé aplati et de maïs concassé, que je distribuais au pâturage. J’en avais besoin pour atteindre mon quota. Je continue de prévoir des stocks d’enrubanné pour pallier les manques d’herbe qui pourraient survenir du fait de la météo. »
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