
Travail collectif. Depuis 2017, Fabien Cellier fait partie d’un groupe Dephy. Son objectif : diminuer le nombre de traitements sur ses cultures.
Après plusieurs années passées comme vacher de remplacement dans la Loire, Fabien Cellier s’installe en 2015 sur une exploitation laitière, implantée à Saint-Martin-la-Sauveté dans le même département. Dès son arrivée à la ferme, le jeune homme, non originaire du milieu agricole, souhaite casser l’image de l’agriculteur pollueur et recherche des solutions pour limiter le recours aux produits phytosanitaires.
C’est justement l’objectif du réseau des fermes Dephy auquel il décide d’adhérer en 2017. « Nous sommes une douzaine d’inscrits, uniquement des éleveurs, à nous retrouver régulièrement, explique-t-il. Certains sont installés comme moi en zone de basse montagne, d’autres travaillent dans la plaine. Les profils et les âges sont assez variés ce qui enrichit nos discussions. »
Animé par un salarié du négoce Maison François Cholat (lire encadré), ce groupe se réunit généralement une ou deux fois par an pour suivre des formations. Les thématiques abordées parlent de la gestion des effluents organiques, du non-labour ou de la conduite des prairies. Les rencontres ont souvent lieu au champ chez l’un des membres du groupe. L’occasion pour chaque participant de tirer un bilan des actions en cours sur son exploitation en séparant chaque catégorie de produits : herbicide, fongicide, insecticide et traitement de semences.
Au début de l’opération, les éleveurs ont calculé un point zéro correspondant à leur consommation moyenne de produits phytosanitaires sur les années 2014 à 2016. Ils ont ainsi tous établi leur IFT (1), une valeur qui mesure le nombre moyen de doses de produits phytosanitaires employées par hectare. Les surfaces en prairies permanentes ne sont pas prises en compte dans le calcul. Dans ce groupe, l’IFT initial était de 2,27, trois ans plus tard, la valeur de l’indice est tombée à 1,75. Une réduction obtenue le plus souvent grâce à des mesures simples.
Davantage de prairies dans la rotation
« Mon prédécesseur suivait un schéma assez classique, alternant maïs et céréales sur les mêmes parcelles, se souvient Fabien Cellier. Avec l’animateur du groupe Dephy, nous nous sommes dit qu’un allongement de la rotation serait bénéfique, notamment pour faire baisser la pression des adventices et des parasites. J’ai donc inséré des prairies temporaires dans l’assolement et je les conserve environ quatre ans. Le choix des espèces et des variétés utilisées est important pour assurer suffisammentde ressources fourragères. Après la moisson, j’implante aussi systématiquement un couvert végétal. J’emploie un mélange d’espèces gélives qui seront détruites pendant l’hiver, libérant la parcelle avant de ressemer un maïs. Ce couvert coupe également le cycle des adventices et améliore la fertilité des sols. »
Fabien Cellier ne pratique pas de désherbage mécanique sur son maïs ensilage, car ses parcelles, en zones de coteaux, ne s’y prêtent pas. Il a cependant renoncé depuis deux ans aux traitements avant semis pour privilégier le désherbage en post-levée. Ainsi, il n’intervient que si nécessaire, réussissant parfois à faire l’impasse sans incidence sur la récolte. Il cherche comme d’autres éleveurs de son groupe à réduire le travail du sol sans augmenter l’utilisation de phytos. Depuis plusieurs années, il évite le labour et utilise plutôt le déchaumeur Vogel et Noot à pattes d’oie de sa Cuma. Pour l’implantation des couverts, il a aussi recours à un semoir direct appartenant à l’inter-Cuma de son secteur.
« Le programme Dephy correspond à ma vision de l’agriculture, explique-t-il. Nous avons déjà obtenu des premiers résultats satisfaisants, ce qui est encourageant. Se remettre en question est important, mais c’est plus simple avec un accompagnement et le retour d’expériences du groupe. »
(1) IFT : Indicateur de fréquence de traitement phytosanitaire.
« J’ai opté pour un système très simple car c’est rentable »
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