Ensilage. Le maïs Shredlage arrive en France

Technique. Un éclatement parfait des grains et des brins longs, sur le papier, les nutritionnistes se frottent les mains. Reste à voir ce qu’en pensent nos vaches.

Les premiers ensilages Shredlage se sont déroulés dans l’ouest de la France cette année, sous le contrôle du constructeur Claas. Ce mode de récolte arrive précédé d’une excellente réputation, présenté sur le papier comme une petite révolution pour la valorisation du fourrage. Les éleveurs nord-américains l’auraient massivement adopté. Outre-Atlantique, on annonce même 1 kg/jour de lait en plus par rapport à un ensilage traditionnel.

De quoi s’agit-il ?

Shredlage est au départ un constructeur américain qui a mis au point un éclateur de grains permettant des coupes d’ensilage maïs très longues, jusqu’à 30 mm. Au printemps 2016, le constructeur Claas a racheté l’entreprise Shredlage s’offrant ainsi l’exclusivité de cette technologie sur ses ensileuses. L’éclateur Shredlage est composé de deux rouleaux dotés d’un profil en dent de scie et rainuré en forme de croix. Ils tournent avec un différentiel de vitesse de 50 % ce qui accroît l’effet de friction. To shred en anglais signifie déchiqueter. Ainsi,  le maïs fourrage qui passe dans cet éclateur Shredlage se trouve broyé et donc « déchiqueté » dans sa longueur par les rainures en croix. La partie tige/feuilles/rafles est conditionnée de façon très intense tout en restant sous forme de brins longs alors que les grains sont parfaitement éclatés. C’est en tout cas l’argument du constructeur.

Pourquoi cela plaît-il aux nutritionnistes ?

La promesse d’une attaque complète de tous les grains est une attente forte. Nombreux sont les nutritionnistes qui pointent un défaut d’éclatement des grains dans les ensilages de maïs français. Conséquence moins d’amidon disponible pour les bactéries du rumen et un gaspillage d’UFL très important avec de l’amidon qui se retrouve dans les bouses (une perte moyenne évaluée à plus de 0,05 UFL par kg de MS). L’assurance d’une attaque complète de tous les grains pourrait permettre des récoltes plus tardives quand la proportion d’amidon vitreux augmente. Un autre avantage du Shredlage est de pouvoir couper long avec un pourcentage de particules supérieures à 19 mm beaucoup plus important (31,5 %) que sur un ensilage conventionnel (5,6 %) (Source américaine : université du Wisconsin). Une structure de fourrage qui stimule la rumination permettant de réduire des apports de fibres à faible valeur UFL (paille, foin, etc.) et ainsi de densifier la ration en énergie. Autre argument : la partie tige/feuilles ainsi conditionnée par l’éclateur offrirait une surface de contact plus importante aux micro-organismes du rumen pour une meilleure digestibilité.

Cerise sur le gâteau, le tassement de ces fibres longues dans le silo serait aussi facilité. Conditionnées dans le sens de la longueur, elles se compacteraient beaucoup mieux qu’un ensilage classique qui se présente sous forme de petits cubes.

Ce qu’il reste à valider sur le terrain

Nos rations et nos maïs français sont-ils adaptés à cette technique de récolte qui a tant de succès aux USA ? Ce sont les vaches qui seront le juge de paix cet hiver. D’après les premières observations au champ, l’éclatement des grains est très satisfaisant, même sur des maïs secs présentant une part d’amidon vitreux importante. À condition que le chauffeur adapte un réglage précis de l’éclateur et de la longueur de coupe en fonction de la matière sèche (MS) de la plante et du type de maïs (cornée/cornée-dentée/dentée). Rappelons que cette exigence vaut également pour les éclateurs conventionnels. Concernant la longueur des brins, elle doit aussi s’adapter à la MS du maïs récolté : les 30 mm ne sont accessibles qu’à des maïs ne dépassant pas 30 % de MS. Pour des maïs très secs (supérieurs à 35 % de MS), il faut rester dans la fourchette des 21/24 mm voir moins. Mais le conseil est de toujours viser une récolte à moins de 35 % de MS. Les premiers tamisages montrent effectivement une proportion de brins longs plus importante : de 15 à 30 %. Le tassement de ces brins longs n’aurait pas posé de problème aux premiers utilisateurs, mais il faudra valider cette observation par des mesures de densité. Class insiste sur la nécessité d’avoir 2 t par rang pour tasser le silo : soit deux gros tracteurs lestés de 10 t chacun pour une ensileuse de 10 rangs. Le conseil est aussi de couper plus court pour charger les 15 derniers centimètres du silo. Afin de garantir la conservation le constructeur préconise aussi 90 jours de fermentation avant d’ouvrir le silo. Tous ces éléments restent à être validés de façon plus précise cet hiver.

Dominique Grémy
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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