Les couverts végétaux hivernaux sont imposés réglementairement pour piéger les nitrates. Mais ceux qui les utilisent depuis longtemps apprécient aussi leurs effets sur l'érosion et la structure du sol.
BON GRÉ MALGRÉ, LES CULTURES INTERMÉDIAIRES DEVIENNENT OBLIGATOIRES sur des surfaces de plus en plus importantes. Au-delà de la contrainte réglementaire, des agriculteurs les adoptent parce qu'ils y trouvent divers avantages. En Bretagne, les couverts végétaux font des émules en dehors des zones où la directive nitrates les impose. « On observe une réduction de l'érosion dans les zones sensibles, constate Jean Grall, à la chambre d'agriculture d'Illeet- Vilaine. De plus, l'effet positif sur la structure du sol est net. » D'ailleurs, des essais ont montré l'impact bénéfique de cette meilleure structure du sol sur les rendements. Toutes choses égales par ailleurs, un maïs implanté derrière un couvert végétal peut produire 1,5 à 2 t de MS/ha en plus.
Ces avantages ne sont pas négligeables. Mais pour réussir une culture intermédiaire, il faut choisir l'espèce adaptée et l'implanter dans de bonnes conditions. Ensuite, l'itinéraire cultural doit répondre à des impératifs d'économie et de simplicité, les agriculteurs voulant limiter le temps et ruissellement pendant l'hiver, l'investissement. Les éleveurs peuvent rechercher en priorité des inter-cultures pouvant être valorisées par les animaux.
Pour piéger efficacement l'azote, le couvert doit se développe rapidement avant l'hiver. Ceci permet aussi d'accroître la prévention contre l'érosion et l'action structurante des racines dans le sol. En réduisant le ruissellement pendant l'hiver, l'inter-culture limite aussi les fuites de produits phytosanitaires. Il faut viser une forte densité d'implantation afin d'augmenter la concurrence avec les adventices. Dans tous les cas, les agriculteurs recherchent des itinéraires simples pour consacrer le moins de temps possible aux couverts. Il faut donc penser au mode de destruction dès le choix de l'espèce.
LE CHOIX DES ESPÈCES : UNE LARGE GAMME
On distingue deux catégories principales d'espèces utilisables en couvert végétal. Il y a celles qui sont sensibles au gel (plantes gélives) : moutarde, phacélie, avoine diploïde. Avec elles, la question de la destruction du couvert ne se pose pas. Elles doivent être semées tôt, car elles résistent mieux au froid quand elles sont peu développées. La moutarde est la plus efficace pour piéger les nitrates et la plus économique (15 à 25 €/ha).
L'autre catégorie regroupe des espèces consommables par les animaux. La destruction est aisée après pâturage, sans recours à la chimie. Avec un mélange associant ray-grass italien, RGH et, éventuellement, du trèfle (25 à 50 €/ha), on produit un fourrage de qualité, efficace pour piéger l'azote. Le RGI seul présente l'inconvénient de s'installer doucement après une céréale. Il ne pousse plus au-delà de 25° C et cette culture se révèle sensible à la sécheresse. Après l'hiver, le RGI peut connaître un fort développement. S'il n'est pas exploité, seul un traitement chimique permettra de le détruire.
On peut aussi semer toutes sortes de mélanges. La difficulté réside dans l'obtention d'un semis régulier avec des graines de différentes tailles. Et on manque de références sur beaucoup de mélanges. En outre, le prix des semences peut vite grimper.
D'autres espèces plus originales sont aussi utilisées. On peut citer le niger, une plante à croissance très rapide qui sera réservée aux régions au climat très doux. En effet, elle disparaît dès les premières gelées, et même avec des températures légèrement positives. Le radis chinois est intéressant pour améliorer la structure du sol du fait d'une racine pivot qui s'enfonce en profondeur.
Le choix d'espèces est plus limité derrière un maïs. On peut semer un ray-grass italien ou un ray-grass hybride, sachant que son développement, réduit avant l'hiver, limite l'action sur le pompage de l'azote comme sur la prévention de l'érosion.
Après un maïs, l'avoine ou le seigle peuvent également convenir. Un semis sous couvert de maïs se développera plus vite après la récolte. Seul le ray-grass a été testé avec cette conduite. Cela donne des résultats intéressants. Ceci implique de raisonner les traitements herbicides du maïs en fonction du couvert implanté.
Il faut tenir compte de la rotation pour choisir l'inter-culture. La moutarde ne convient pas si le cycle prévoit une autre crucifère, du colza par exemple.
Réussir le semis. Favoriser la levée
La préparation du sol doit être aussi simple que possible, tout en permettant d'obtenir une terre suffisamment fine pour avoir une bonne levée. Un passage de canadien équipé d'un semoir centrifuge permet de déchaumer et de semer à la volée en un passage. Cette technique fonctionne bien pour la moutarde semée après des céréales. Avec des mélanges, on devra utiliser un semoir, et donc faire un passage supplémentaire.
L'objectif étant d'avoir un développement maximum avant l'hiver, il faut semer le plus tôt possible. Mieux vaut laisser les graines attendre la pluie plutôt que l'inverse. Après un maïs, le canadien n'est pas suffisant. On ne fera pas l'économie d'un passage de herse rotative, suivie d'un semoir.
Il faut savoir aussi que la phacélie et le trèfle sont sensibles aux limaces.
Détruire les vivaces. Sans traiter si possible
En principe, l'inter-culture n'intervient pas dans la lutte contre les vivaces. Celle-ci doit être gérée par les autres cultures. La densité du couvert doit être suffisante pour occuper rapidement le sol au détriment des vivaces. Néanmoins, si la parcelle est sale, mieux vaut laisser les adventices lever après la moisson. Il faudra ensuite traiter pour les détruire, avant de semer le couvert.
Piéger l'azote. Des restitutions variables
Un couvert végétal prélève 20 à 30 kg d'N/t de MS produite. Un RG sous couvert de maïs n'atteint pas ce niveau. La moutarde reste le couvert le plus efficace sur ce plan. D'après des essais, des légumineuses absorbent en priorité l'azote du sol quand il y en a. Pour la culture suivante, on peut compter, en moyenne, sur la restitution de 30 UN pour un couvert semé après céréales et qui en a prélevé 80 à 100. Mais ce résultat est variable. Les couverts récoltés ou pâturés ne restituent presque rien. Pour les plantes gélives, tout dépend de la date de leur destruction.
Détruire le couvert. Eviter le chimique
La réglementation autorise la destruction du couvert à partir du 15 février. Une destruction précoce maintient la réserve en eau du sol pour la culture suivante. En outre, elle favorise la minéralisation d'azote qui sera plus vite disponible. Enfin, on obtient une meilleure dégradation des résidus. Pour des raisons environnementales et économiques, l'idéal est de détruire sans traitement phytosanitaire. La réglementation peut d'ailleurs l'interdire dans certains cas.
Les couverts peu développés seront faciles à détruire mécaniquement. Si un épandage de fumier est prévu, mieux vaut le réaliser avant de retourner le couvert. Les plantes gélives ont normalement disparu avant la fin de l'hiver. On peut aussi détruire les couverts en passant un rouleau sur la culture gelée. Un rouleau cannelé est l'idéal mais un cultipaker donne aussi de bons résultats. Cette technique permet de casser les tiges et les plantes ne repartent pas ensuite. Dans le cas où la destruction se fait chimiquement, on utilisera une dose plus ou moins importante en fonction de la présence de vivaces. Il faut enfouir le couvert dès qu'il a jauni.
PASCALE LE CANN
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
Le marché du lait Spot s’agite avec la rentrée
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
L’agriculture biologique, marginalisée d’ici 2040 ?