
C’en est fini du litige qui opposait l’appellation d’origine camembert de Normandie et les opérateurs du camembert « fabriqué en Normandie ». La première accusait les seconds d’usurper le mot « Normandie ».
Deux niveaux
Le 21 février, sous l’égide de l’Inao, les deux parties ont fait un deal : en échange de la fin de la mention « fabriqué en », ce camembert sera intégré dans l’AOP par la création de deux sections.
Une section pour l’AOP actuelle qui maintient, bien sûr, le lait cru et s’engage à renforcer son cahier des charges sur l’herbe, la race normande (deux vaches sur trois dans le troupeau contre une sur deux actuellement) et la biodiversité (haies).
Une section qui met fin au « fabriqué en » : pour les producteurs, au moins 30 % de vaches normandes dans les troupeaux et 25 ares de pâturage accessible par vache avec un minimum pâturé à définir ; pour les fromagers, standardisation encadrée de la matière protéique du lait et transformation d’un lait cru, thermisé, ou… pasteurisé.
Les deux ont en commun le non-OGM et l’extension de l’AOP au territoire normand. « L’indication géographique protégée convenait davantage aux industriels car il n’y a pas l’obligation d’un cahier des charges à la fois sur la production et la transformation », analyse Patrick Mercier, président de l’ODG camembert. Seulement, il fallait qu’ils renoncent à la mention « Normandie ».
« Ce n’était pas envisageable », répond Bruno Lefèvre, le représentant des « fabriqué en ».
Cet accord est le début du processus de révision. L’AOP va suivre la procédure habituelle qui dure deux à trois ans. Il ne fait pas que des heureux. L’entrée du pasteurisé fait hurler les défenseurs du lait cru. Les producteurs laitiers « historiques », eux, craignent d’être phagocytés par le niveau 2 de la future version.
À bien y regarder, l’accord repose sur les mêmes fondements que celui sur la normande il y a quinze ans (au moins 50 % de vaches).
L’espoir de 900 Ml mieux payés
Plutôt qu’exclure, l’accord veut rassembler et tirer tout le monde vers le haut. Cette stratégie a fait ses preuves, pourquoi pas encore cette fois-ci, à condition d’un étiquetage qui différencie clairement les deux types de camembert. L’évolution pour l’AOP actuelle de la mention « camembert de Normandie » vers la mention « véritable camembert de Normandie » veut répondre à cet objectif.
Faisons aussi le pari que les livreurs du « fabriqué » verront leur lait mieux payé. Ils pourront bénéficier du long travail de leurs collègues AOP sur ce sujet. Le dernier accord date du 5 février (lire p. 18).
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