Des éleveurs avec leurs brebis manifestent à Gap

Deux cortèges partis des deux extrémités de cette ville de 40.000 habitants ont convergé vers 10h30 devant la préfecture des Hautes-Alpes. Les brebis, en tête du cortège, étaient pour certaines vêtues des maillots des différents classements du Tour de France : jaune, vert, à pois rouge et blanc. Les coureurs du Tour observaient un jour de repos mardi à Gap, après l'étape Bourg-de-Péage/Gap la veille. Les éleveurs arboraient eux des tee-shirts noirs « en mémoire des 9.000 victimes du loup de l'année dernière ». Sur ces tee-shirts, on pouvait lire "Laissez-nous vivre dignement de notre métier".

« Même si le loup ne m'a mangé qu'une brebis en octobre dernier, cela a suffit pour que je ne dorme plus la nuit », racontait Hugo Serres, éleveur de 26 ans, installé depuis 2013 à Dévoluy (Hautes-Alpes). Une délégation d'éleveurs a été reçue en préfecture, où elle a pu s'entretenir au téléphone avec la ministre de l'Écologie Ségolène Royal.

Cette dernière « s'attaque sérieusement à la problématique du loup. Elle a confirmé qu'elle avait écrit lundi aux responsables de la convention de Berne, afin que le loup ne soit plus considéré comme une espèce strictement protégée », a déclaré à l'issue de l'entretien Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des exploitants agricoles (Fnsea). « On a besoin d'actions et non plus de belles paroles. Il faut des résultats », a lancé Guillaume Cognat, secrétaire général adjoint des Jeunes Agriculteurs (JA). « Il faut aller au-delà des mesures inefficaces prises jusqu'à présent. Il faut prélever du loup pour faire baisser la pression de la prédation », a déclaré Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (Fno).

Mercredi, des « actions de communication destinées au grand public » sont aussi prévues à l'occasion de l'étape Digne-les-Bains/Pra Loup, ont annoncé les syndicats dans un communiqué. Certaines de ces actions seront « retransmises en direct par les caméras du Tour de France », ont indiqué les éleveurs qui « remercient les organisateurs du Tour de France pour leur soutien à ces opérations sans précédent ».

Le nombre des loups tués en France s'est élevé à 19 en 2014-2015, un chiffre en augmentation. En 2014, 8.560 brebis ont de leur côté été déclarées mortes à cause du loup et ont donné droit à des indemnisations aux agriculteurs. Dans un arrêté du 30 juin 2015, le gouvernement fixe à 36 le nombre des loups qui pourront être abattus cette année dans le cadre de la protection des troupeaux, contre 24 auparavant. La ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, a par ailleurs annoncé la création d'une « brigade d'appui » pour soutenir les éleveurs confrontés aux attaques.