
Si la production ovine a longtemps été considérée comme le pilier de l’agriculture néo-zélandaise, elle semble aujourd’hui remplacée par la production laitière devenue le secteur phare de l’économie agricole.
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Cela n’a pas toujours été le cas. Jusqu’en 1984, la filière restait confidentielle. Mais le choc de la suppression des aides publiques à l’agriculture absorbé, et la forte restructuration du secteur laitier réalisée, la filière laitière n’a eu de cesse de se développer. Aujourd’hui, plus de 90 % du lait produit est exporté soit 37 % dans le marché mondial des produits laitiers. Cette progression est d’ailleurs régulière, puisque les données analysées par l’Institut de l’élevage montrent que depuis la forte restructuration du secteur, la production laitière s’appuie sur une rythme annuel de +5 %/an en moyenne. « Au final, en 30 ans, la production laitière néo-zélandaise a triplé. Cela a permis le développement des exportations de beurre et de poudre sur le marché mondial », résumait Anne Mottet.
Au nord, l’azote, au sud, l’irrigation
La filière laitière est bien développée sur les deux îles de la Nouvelle-Zélande.
Dans l’île du nord, l’intensification a été permise « par une utilisation croissante de l’azote minéral sur les prairies au détriment du trèfle blanc ». Preuve en est, la quantité d’azote minéral utilisé dans les fermes laitières, passée de 40 kg/ha en 1990 à environ 150 kg/ha estimés aujourd’hui. « Dans ces systèmes basés sur le pâturage avec une production par vache limitée mais une production à l’hectare très élevée, on observe également un recours accru à l’ensilage de maïs (autour de 500 kg MS par vache dans l’île du Nord) ainsi qu’à certain concentrés, comme le tourteau de palme. »
Le saviez-vous ?La Nouvelle-Zélande exporte 96 % de sa production laitière majoritairement sous la forme de produits industriels, poudres grasses pour 38 % du total exporté, poudres maigres pour 27 %, et beurre pour 28 %. |
Une super fusion de coopératives en 2000
Pour soutenir ce développement important, les éleveurs ont pu s’appuyer sur leurs coopératives laitières, « la transformation laitière ayant en effet toujours été aux mains des coopératives ». À la fin des années 1970, le pays en comptait une centaine. Après 1984 et l’arrêt des aides publiques, la filière s’est fortement restructurée dans le but de « rationaliser l’outil de transformation ». Cette restructuration s’est poursuivie, avec, en 2000, « la "super fusion" entre les leaders historiques du lait, encouragée par les pouvoirs publics et destinée à mieux positionner la filière néo-zélandaise sur le marché mondial ». Le résultat est la création du géant Fonterra qui représente aujourd’hui 92 % de la collecte nationale, loin devant Open Country Dairy, (4 à 5%).
En 30 ans, on a donc assisté à un effet ciseau : le cheptel de brebis et de vaches allaitants s’épuisait, tandis que les effectifs de vaches laitières doublaient et que les surfaces dédiées à la production de lait progressaient de 58 % (2,1 millions d’hectares en 2010).
Le prix des terres s’envole
Le premier à pâtir de cette augmentation a été la filière viande qui a perdu 3 millions d’hectares qui sont allés vers la filière laitière et la forêt. En effet, d’après les statistiques nationales, les surfaces de forêt plantée ont progressé de 1,3 millions d’hectares en dix ans et atteignent en 2010 quasiment 2 millions d’hectares. « Ces forêts sont destinées à la production de bois, mais le reboisement trouve également en partie son origine dans un objectif de compensation carbone. »
Conséquence économique de ces évolutions : « la valeur des terres agricoles s’est envolée ! », et le prix d’un hectare de prairies pour la viande a été multiplié par 8 en 20 ans... sans pour autant que le revenu des éleveurs suive la même pente ! « Aujourd’hui, l’acquisition de terres est devenu presque impossible pour les allaitants et l’incitation à vendre de plus en plus forte » concluait Anne Mottet.
Pour aller plus loinInstitut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr. |
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