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« Les abattoirs ferment, un retour de boomerang » selon vous

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Les fermetures d’abattoirs s’enchaînent car il n’y a plus assez d’animaux à abattre : une situation prévisible d’après les lecteurs de Web-agri. Cette production n’est pas rentable, vu les capitaux mobilisés face aux prix payés aux producteurs entre autres. Faut-il que « les entreprises d’abattage ferment pour voir le malaise ? », s’étonnent-ils.

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Avec la décapitalisation bovine, et la baisse des effectifs de vaches allaitantes en découlant, les abatteurs manquent de viande pour faire tourner les unités d’abattage à plein temps et les fermetures d’abattoirs se multiplient : une par mois en moyenne. « Ça vous surprend ?? », s’étonne Philippe. Lui n’est pas surpris : « À force de laisser les éleveurs dans la misère… » Autrement dit par steph72 : « Pas étonnant ! Le résultat du prix bas de la viande depuis de trop nombreuses années. »

N’ont-ils pas creusé leurs propres tombes ?

« Ils croyaient que les producteurs continueraient par passion ? », s’interroge-t-il, déplorant « la vision court termiste » des entreprises d’abattage et plus globalement de la filière. « Si la passion n’était pas là justement, on aurait sûrement changé de métier depuis bien longtemps », fait remarquer Jean-Christophe.

« N’ont-elles pas creusé leurs propres tombes ?, questionne Noël 12. « Si elles avaient augmenté les prix payés aux éleveurs de quelques centimes par an ces 10 dernières années, nous ne serions pas aujourd’hui dans une telle situation », juge-t-il. steph72 poursuit : « Elles en ont bien profité de la viande bon marché, jouant sur les importations pour casser les prix. Maintenant, elles ont le retour de boomerang. Sans parler des accords du Mercosur, du Ceta… »

Bientôt pareil pour les laiteries

« Ce sera pareil très bientôt pour le lait », prédit Philippe. « On pourra lire le même article sur les laiteries dans les prochains mois », appuie Grégoire. « Les grands groupes comme Bigard se sont foutus de la g... des producteurs durant des décennies ! Et maintenant, ils viennent pleurer qu’ils n’ont plus assez de viande ? ! Beaucoup ont bâti leur fortune sur le dos et parfois la vie des éleveurs… », s’énerve Pollux. « Ils n’en ont rien à faire de nous ! Il n' y a que leurs profits qui comptent !! », renchérit Tutut.

« Avec les derniers centimes d’euros qu’il nous reste, on pourrait monter une cagnotte Leetchi et leur offrir un paquet de mouchoirs », ironise Aubrac cow, dressant la liste des innombrables difficultés de la filière bovin viande : « Diminution des aides Pac, hausse des charges, sécheresses à répétition, prix trop faibles, épizooties diverses et, comble du comble, ils osent pleurer !! » Avec la FCO justement, « l’année prochaine sera pire », anticipe Nicolas. Ils pourront les chasser, les bêtes ! », ajoute-t-il avec ironie.

Une cagnotte Leetchi pour leur offrir des mouchoirs ?

Jacques revient sur certaines problématiques auxquelles l’élevage allaitant est confronté. « La valorisation du 5e quartier n’est pas suffisante pour payer les frais d’abattage. Il faut se rattraper sur la carcasse, le stock vivant coûte cher et la vente directe n’a d’intérêt que si tu découpes toi-même. » Avant de résumer : « Le manque de rentabilité en bovins viande a eu raison de la passion. Cette production n’attire plus les jeunes. »

« On n’a fait que pousser les producteurs à grossir. Trop gros, trop de boulot, trop cher pour être repris… nous sommes arrivés au bout de cette logique », constate Gilles. « Les broutards à 4 €, les jeunes bovins à 5,45 € », cite Frédéric. « Quelle rentabilité pour l’agriculteur ??, se demande ce lecteur. Quelques abattoirs seront peut-être épargnés pendant un certain temps. Mais les naissances sont encore en net recul… Faut sauver les abattoirs, et les éleveurs ? »

Manque de rentabilité de la filière

Benat partage son avis : « Les abattoirs ferment… et les milliers de producteurs qui ont arrêté faute de prix ? Pour les industriels, nous sommes juste bons à produire des animaux pour faire tourner leurs outils de travail. Le reste, ils s’en foutent. » « La roue est en train de tourner, prévient-il. Après les éleveurs, à vous de vous casser la g... »

« On s’est toujours plus inquiété de l’industrie agro-alimentaire et de ses emplois, déplore Terminé. Par contre, on a complètement délaissé la base : qui fait l’élevage, et avec quel revenu ? Une quantité astronomique de travail, sans rentabilité… Faut fermer des abattoirs pour se rendre compte du malaise ?? Le fruit de la politique menée par nos dirigeants, y compris agricoles… »

Des fermetures d’abattoirs, et les éleveurs ?

« La rentabilité en berne, sans oublier un rapport capital/revenu désastreux et le manque de main-d’œuvre, précise Noël 12. Les exploitations représentent trop de capital pour une installation, hors cadre familial en particulier, et même en famille. Certaines fermes ne trouveront plus preneur, d’autres réduiront leur troupeau. »

« Les économistes n’ont que le mot « compétitivité » à la bouche alors que, même avec le prix actuel, meilleur, la marge nette est de 40-50 cts du kilo de carcasse. Il faut avoir 100 vaches pour se prélever un smic !, calcule steph72. L’une des raisons de la frilosité des banques pour installer des jeunes en bovins allaitants : beaucoup de capitaux et peu de rémunération. Comme dans toutes les filières, les industriels prennent la grosse part du gâteau, les éleveurs ont les miettes. »

« Vous voulez de la viande, mettez le prix ! »

« Y a plus de viande dans notre pays, allez hop misons tout sur l’engraissement en France !, suggère Momo. Ah mince, encore loupé… Alors retournons en arrière et regardons comment ça fonctionnait ! Eh oui, à l’époque, la PMTVA à 200 € était la carotte qui nous faisait conserver le cheptel. Aujourd’hui, je touche 5 000 balles pour 150 bestioles, même pas le prix de trois bêtes ! Vous voulez de la viande, mettez le prix ou fermez les abattoirs, à vous de choisir. »

Benjamin propose « d’amener de la lisibilité au niveau prix grâce à la contractualisation. La seule voix possible, selon lui, au grand regret des industriels. » Cowboy, quant à lui, se « marre » quand il « lit que le marché est suffisant alors que les mêmes pleurent que le prix des bovins est trop élevé. » « De toute façon, le marché bovin viande ne fonctionne pas, assène-t-il. Il baisse tout de suite de beaucoup, mais pour monter… Une tortue avec le frein à main bloqué est plus rapide ! »

« Là où ils n’ont pas tort : nous devons produire davantage ce que veulent les consommateurs », reprend ce lecteur. « Répondre à leurs besoins, avec des pratiques plus vertueuses, d’autant que les ressources en viande existent », acquiesce Newbif. « Le jeune bovin ne correspond pas aux consommateurs français, illustre Noël 12. Par contre, nous, éleveurs, sommes capables de fournir la restauration collective, c’est elle qui ne veut pas mettre le prix, elle préfère « marger » un max ! »

Mieux coller à la demande ?

Raslebol est dubitatif : « Si les produits n’étaient pas adaptés, les cours n’auraient pas explosé sur nos broutards, génisses et vaches finies. De plus, on ne change pas une orientation génétique et structurelle au gré des desiderata des marchands et des prétendues attentes du consommateur. » La Ferme des Blottières complète : « Nous produisons ce que « l’agro business » nous demande de produire pour alimenter tout ce business à l’export : broutards, taurillons, etc. Et nous importons des vaches de réforme irlandaises, polonaises… »

« Castrons nos mâles et produisons des bœufs de 30-36 mois pour commencer par être autonomes sur notre marché intérieur !!, lance ce lecteur. Oui, mais du coup, on ne fait plus vivre tout cet aéropage de commerciaux/négociants, etc. « Pourquoi ne pas garder les bovins mâles en France et remettre au goût du jour la production de bœufs avec un système basé sur l’herbe ?, préconise également Raslebol. Il faut explorer des pistes innovantes qui rémunèrent tous les maillons de la filière et qui proposent aux consommateurs des produits de qualité sans chercher à en importer de douteux de l’étranger. »

« Sans rémunération supérieure, les productions animales sont vouées à disparaître au profit des importations », rétorque Bouboule. « Moins d’offre : les prix vont grimper, espère au contraire Dan, répliquant de suite : « Mais les abatteurs sont tellement malins et roublards qu’ils vont encore une fois nous entuber. » Et Fabien de conclure : « Il fallait se soucier de tout ça bien avant ! » « La peur va peut-être changer de camp… », met-il en garde.

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